SPASM : bien au-delà de l'horreur
Cinéma

SPASM : bien au-delà de l’horreur

Du 20 au 29 octobre, SPASM célèbre son quinzième anniversaire. Le cofondateur Jarrett Mann réitère : son festival de cinéma s’abreuve d’insolite, d’étrange, d’histoires décalées, et non exclusivement d’horreur comme à ses tout débuts.

L’ambiance était palpable au Club Soda le 1er novembre 2002. Pour l’occasion, la toute première édition du festival SPASM présentait sa Grande soirée horreur.

«J’organisais un party d’Halloween depuis plusieurs années, alors j’ai eu l’idée de merger ça à une projection de courts métrages», se souvient Jarrett Mann qui, à l’époque, venait tout juste de terminer sa majeure en études cinématographiques à l’Université de Montréal. «J’étais pas particulièrement un fan de cinéma d’horreur, mais je voyais ça comme un statement. Pour moi, l’horreur, c’était le genre le plus opposé au cinéma traditionnel auquel j’avais été surexposé durant mes études. Je trouvais ça dommage que mon programme universitaire s’en tienne à la Nouvelle Vague et snobe autant le cinéma de genre.»

Dès l’année suivante, Mann et son complice cofondateur Gil Brousseau ouvrent leurs horizons à la science-fiction, puis éventuellement au fantastique, aux films de combat, au trash… Bref, à tout ce qui pique leur curiosité à travers les envois de plus en plus massifs qu’ils visionnent.

Puis, en 2010, le festival étend ses tentacules dans toute la francophonie. L’année suivante, de nouveaux joueurs (notamment l’Espagne, le Mexique, la Pologne et la Chine) entrent en jeu. Pour son 10e anniversaire, SPASM devient un festival international. «Après 10 ans à juste se regarder entre nous, on a eu envie de s’ouvrir au monde», explique Mann.

Cinq ans plus tard, SPASM continue de s’adapter aux tendances. Cette année, c’est plus de 60 courts métrages qu’a choisis le comité à travers une banque d’environ 400. «On remarque que le cinéma de genre est vraiment en panne. On a reçu beaucoup moins de films d’horreur ou de science-fiction que d’habitude», admet le cofondateur. «En revanche, ce qui se démarque, c’est vraiment les films étranges, qui repoussent les limites, sans se soumettre à des codes. Par exemple, Grimaces, l’un des films qu’on présente en ouverture, nous montre des gens avec une grimace figée au visage. Il y a beaucoup de films éclatés avec des idées out there comme ça.»

Autrement, ces films déroutants au style insaisissable sont regroupés dans l’une ou l’autre des soirées Inclassables, présentées au Théâtre Plaza le 21 et 22 octobre.

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Capture d’écran du film The Chickening (présenté durant le Cabaret trash)

Évidemment, le festival ne trahit pas ses origines et propose encore sa soirée horreur classique (le 28 octobre au Club Soda), tout comme une soirée science-fiction (21 octobre, Plaza), un cabaret trash (22 octobre, Plaza) et un party d’Halloween old school en guise de cérémonie de clôture (29 octobre, Plaza). «Ça, c’est vraiment la vache à lait du festival»  dit l’organisateur, en parlant de cette dernière soirée. «On a peut-être pas de subvention, mais on a un criss de gros party d’Halloween!»

C’est d’ailleurs ce qui fait de SPASM un cas peu banal dans le circuit festivalier québécois. Après avoir essuyé quelques refus de financement de part et d’autre, le festival a lâché prise : «On ne fait plus de demande de subvention. En fin de compte, ça nous rendait frustrés, amers et parfois même jaloux des autres festivals. On a déjà essayé avec la SODEC, sans succès. Pour elle, on n’est pas vraiment un festival de films parce que nos projections ne sont pas dans des salles conventionnelles… Bref, parce que nos chaises sont placées en rond et non en rangées! C’est illogique.»

À l’image des films indépendants qu’il présente, SPASM cultive avec fierté une attitude DIY, en harmonie avec son modèle d’affaires.

Présenté en projection spéciale au Club Soda le 28 octobre, afin de souligner son 35e anniversaire, le classique d’horreur Evil Dead représente bien la philosophie du festival. «C’est un film underground et indépendant, vraiment emblématique du cinéma de genre américain», rappelle Jarrett Mann. «L’œuvre illustre bien la force du DIY : peu importe le financement qu’on a, on va de l’avant, tête première.»

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