Science et religion: bravo à Julie Payette pour ses propos éclairés
La gouverneure générale Julie Payette a suscité une certaine controverse, le 1er novembre dernier, en déclarant ce qui suit à la Conférence sur les politiques scientifiques canadiennes :
«Pouvez-vous croire qu’encore aujourd’hui, dans une société instruite et malheureusement dans certains gouvernements […] nous soyons encore en train de débattre et de nous demander si la vie est le résultat d’une intervention divine ou si elle résulte d’un processus naturel ou encore moins, oh mon Dieu, d’un processus aléatoire? » (à partir de 6:50 dans [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=Xn5Qmhac5is »]cette vidéo[/youtube])
Selon la théologienne Solange Lefebvre, la gouverneure générale a ainsi «outrepassé les limites de son rôle impartial de gouverneure générale et porté atteinte à la neutralité de l’État, qu’elle représente».
Hein? Quoi? La neutralité religieuse de l’État canadien? Il n’y a, dans les lois canadiennes, aucune mention de la neutralité religieuse de l’État et encore moins de la laïcité. Bien au contraire, la constitution canadienne repose sur «la reconnaissance de la suprématie de Dieu ». Dans le contexte de monarchie confessionnelle qu’est le Canada où la reine est «Reine par la Grâce de Dieu» (Dei Gratia Regina sur vos pièces de monnaie) et doit être obligatoirement anglicane (du moins dans la portion britannique de ses fonctions), il faut saluer et applaudir les propos dépoussiérants de Julie Payette.
La reconnaissance la plus explicite de la neutralité religieuse du Canada provient du jugement de la Cour suprême dans le procès contre la récitation de la prière dans les assemblées municipales de la ville de Saguenay. Ironiquement, ce jugement qui a donné raison au plaignant soutenu par le Mouvement laïque québécois a été rendu à l’encontre de la position alors défendue par Solange Lefebvre. À titre de théologienne catholique, Mme Lefebvre a en effet témoigné à ce procès pour prendre la défense de l’ex-maire Jean Tremblay afin qu’il puisse continuer de réciter la prière en tant que maire. L’offense à la neutralité religieuse était dans ce cas évidente et n’avait rien de comparable avec l’expression, par la gouverneure générale, du consensus scientifique sur l’évolution de la vie.
En tant qu’intervenant dans ce même procès mais du côté du plaignant, je suis le premier à me réjouir de voir aujourd’hui Mme Lefebvre se porter à la défense de la neutralité religieuse de l’État. Mais je suis étonné de la voir s’offusquer des propos de Julie Payette alors qu’elle demeure silencieuse sur la prière récitée quotidiennement par les élu-e-s à la Chambre des communes. Le véritable accroc à la neutralité, il est là.
Laïcité et neutralité
Dans le contexte hypothétique où le Canada serait juridiquement laïque, son chef qui ne serait pas lié à la monarchie confessionnelle outrepasserait-il son devoir de neutralité en affirmant ce qu’a déclaré Mme Payette? La question mérite d’être posée et nous touchons ici à la différence entre laïcité et neutralité. Si, au nom de la neutralité qui a cours dans les pays anglosaxons, l’État se limite à ne favoriser ni défavoriser aucune religion, la laïcité conduit plutôt l’État à s’affranchir de la religion, ce qui lui permet de privilégier les connaissances scientifiques même lorsqu’elles vont à l’encontre des croyances religieuses.
Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut, comme le fait Mme Lefebvre, à la fois saluer comme «une bonne nouvelle la nomination d’une scientifique de haut niveau» qui pourra contribuer à «la promotion des sciences […] notamment à l’école et dans la culture populaire», tout en lui demandant de taire ce que dit la science sur les origines de la vie.
Dans son commentaire, Solange Lefebvre établit par ailleurs une distinction entre «créationnisme au sens strict » et «philosophie théiste» et affirme que «la foi dans la création ne signifi[e] aucunement la négation de la théorie de l’évolution ». Ce n’est pas la première fois que la théologienne manifeste sa méconnaissance ou sa distorsion de la théorie de l’évolution. Cette théorie rejette toute intervention divine initiale dans le développement de la vie et tout finalisme dans son évolution. La position théiste de Mme Lefebvre, qui est la même que celle du Vatican, est ce que l’on appelle du «créationnisme évolutionniste» et consiste à admettre la réalité de l’évolution tout en disant qu’un Créateur a voulu que les choses se passent ainsi. Et le tour est joué : la contradiction disparaît comme par miracle.
Cette posture est non seulement du créationnisme mou mais une récupération antiscientifique de l’une des plus belles explications qu’ait produites le cerveau humain.
La Presse n’a pas publié cette réplique à Solange Lefebvre.
Malheureusement, la religion et l’obscurantisme sont encore à la source de la misère humaine. On est trop loin de la philosophie des Lumières!
Bravo, Madame Payette! Toutes les nuances coalisées du créationisme ne prévaudront point contre la science! Dommage qu’on en soit encore là au XX1 siècle! Et la Gouverneur Générale a parfaitement le droit, en tant que personne d’avoir une opinion! Tous les citoyens l’auraient, excepté la Gouverneur Générale?!
«La Presse n’a pas publié cette réplique à Solange Lefevre» ? Mon Dieu, comme je suis surpris!
Dieu répondit :
Michel,
Ma Presse n’est pas Québec Science. Ma Presse ainsi que Prions avec l’Église sont des publications dévoués à ma Personne.
Michel, je ne bénis mais prends garde.
Dieu
L’EN-DOC-TRI-NE-MENT
Fatima Houda Pépin, chaque fois qu’elle s’adresse à une audience, dit à propos des terroristes : « On ne nait pas terroriste, on le devient et le mécanisme par lequel on devient terroriste, s’appelle « l’EN-DOC-TRI-NE-MENT » ». Je l’ai entendu plusieurs fois répéter la même chose et, chaque fois, elle martèle chaque syllabes EN-DOC-TRI-NE-MENT.
Elle ne se rend pas compte, elle qui se présente comme musulmane, que la même formule s’applique aux croyants. On ne nait pas croyant, on le devient par endoctrinement.
En fait, on nait tous athées et la plupart des croyants ne croient à aucun dieu… sauf au leur. Sauf au dieu auquel ils ont été endoctrinés. Ils sont athées vis-à-vis tous les dieux… sauf un.
J’ai été moi-même endoctriné et je l’ai compris lorsque j’ai atteint environ 20 ans. Mes enfants, eux, sont de vrais athées car ils n’ont jamais subi d’endoctrinement. Merci au cours de morale qui existait à l’époque mais que notre mafia religieuse a réussi à faire disparaître en 2008 pour le remplacer par cet infâme cours d’endoctrinement au surnaturel qu’est le cours ÉCR. C’est une honte !
Pas d’accord avec Daniel Baril. Julie Payette est au pire hypocrite, au mieux incohérente. Une athée qui se respecte aurait dû refuser de représenter un monarque de droit divin qui est en même temps gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre. Ses convictions ne font clairement pas le poids devant son goût du prestige, sa gloriole personnelle et sa vanité.
De plus, le professeur Yves Gingras, de l’UQAM – une sommité mondiale en matière d’histoire et de sociologie des sciences – affirme depuis longtemps que la Station spatiale internationale est un «cirque» qui n’a d’autre valeur que médiatique, même si ça fait cher la séance d’enregistrement d’un cover de David Bowie par Chris Hadfield avec une guitare qui flotte en apesanteur, et je cite: «Malgré des affirmations constamment répétées selon lesquelles la station spatiale est un lieu de recherche scientifique, aucune recherche sérieuse et aucune découverte significative n’ont jamais eu lieu dans ces cylindres spatiaux. Et ce, malgré les coûts réellement astronomiques de plus de 100 milliards de dollars depuis le début de cette « aventure » lancée par le président Ronald Reagan en 1983» (http://www.chss.uqam.ca/Portals/0/docs/media/CirqueSpatial_juin2009.pdf). (Lire aussi http://www.journaldemontreal.com/2013/05/16/valeur-scientifique-contestee, http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2012-2013/chronique.asp?idChronique=292453 et http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/378530/la-grande-ronde-autour-de-la-terre). Certains diront que Julie Payette possède déjà une longue expérience du vide intersidéral et que cela en fait la candidate idéale pour le poste de gouverneure générale du Canada…
Que penser par ailleurs de cette affirmation de Julie Payette selon laquelle «n’importe qui peut accomplir n’importe quoi»? (https://www.facebook.com/radiocanada.info/posts/1734426239935709). Il est vrai que Justin Trudeau est bel et bien devenu premier ministre du Canada, mais encore?
Je pourrais vous donner entièrement raison sans que ça ne change une seule ligne à mon texte.
François, tu as une belle plume polémique et tu es plaisant à lire.
Mais vacuité pour vacuité, le ciel sidéral de Julie Payette est autrement plus intéressant, plus jouissif, plus utile par ses satellites de communication, que ton Ciel divin fabriqué par les mauvais poètes de ta Bible immorale, arriérée et pitoyable de misères humaines de toutes sortes.
Je n’ai jamais compris pourquoi les bénitiers à l’église n’avaient jamais servi à se nettoyer la culture…
François, sais-tu pourquoi l’idée de Dieu ne s’impose qu’aux crédules et qu’aux ignorants ? Pour deux raisons :
Elle s’est toujours imposée, sans arguments solides, par la violence à tous les États et en écrasant les plus intelligents. Dès le début, avec Hypatie en 450.
À la théologienne catholique :
Ce discours bigot de théologie arriérée, dirigé contre notre gouverneure-générale, Julie Payette, une scientifique de surcroît, respire la galante bondieuserie qu’on me servait dans ma jeunesse au collège encore tenu par des curés ou des professeurs peu cultivés et bourrés de sermons hystériques dans leur jeunesse.
Désolé, madame. Ce n’est pas l’astro-physique qui dit que vos religions, vos crédos néolithiques et votre théologie racoleuse et manipulatrice, sont obsolètes et rejetés par la modernité. Mais bien l’histoire, l’anthropologie et la philosophie rationaliste.
Vos croyances ne sont qu’affirmations gratuites, postulations, opinions incertaines, impressions sentimentales, émotions hystériques et délirantes. Pire, imposés pendant des siècles par le fer et par le sang.
Oui, il est impératif que les institutions scolaires chassent du cursus scolaire les vieilleries antihumanistes, misogynes, phallocrates et pique-assiette de fonds publics, toutes véhiculées par les organisations religieuses.
Oui, il importe que la modernité, enfin, envoie à la poubelle les discours racoleurs, indigents, mystificateurs des sermons et des crédos déclinés sur toutes les notes de la gamme des mensonges et des crimes.
A été évacué des écoles «tout le domaine symbolique et spirituel de la vie» selon votre expression. Voilà, par vos propres mots, la prétention encore une fois affirmée par les crédos religieux d’avoir le monopole, dite la Sainte Vérité, des choses de la vie (valeurs intellectuelles, valeurs morales, symboles et repères culturels).
Vous êtes en retard de 300 ans, madame. Lisez de Jean Meslier son «Testament» (disponible sur le web). Il a, initiant les Lumières, en peu de mots presque tout dit sur l’horreur religieuse que vous voulez maintenir dans la culture humaine.
La laïcité doit chasser la religion de l’État. Le bon coeur et le bon sens de chacun la chasser de sa vie.
Une philosophie rationaliste et raisonnable suffit aux êtres humains assez forts et sereins pour se passer de religions mortifères, tristes et infantiles.
Madame la Gouverneure-générale est fille de la culture contemporaine. Cessez de la blâmer pour avoir, enfin, tourné le dos officiellement à l’archaïsme insensé et affligeant des crédos arriérés.
Normand Rousseau a été «La Bible immorale» + «Les assassaints et les assassaintes». Il lui faudrait écrire aussi «L’idiotie heureuse».
Vous en avez tout un paquet de lieux communs à vomir vous!
Vous savez quoi? La laïcité ce n’est pas la séparation de la religion (affaire personnelle) et de l’État, c’est la séparation des Églises (institutions, groupes, organisations) et de l’État.
Ce n’est pas du tout la même chose. La religion réfère à des libertés individuelles et engage la neutralité de l’État par rapport aux croyances des personnes (ça inclut les athées). Les Églises-institutions réfèrent aux droits collectifs (des institutions) et engagent la laïcité de l’État. L’État doit être séparé des institutions religieuses (donc laïque), mais neutre par rapport aux croyances personnelles et/ou options politiques personnelles, sans les empêcher (à moins qu’il y ait troubles, méfaits ou crimes).
Ainsi un vêtement religieux n’est pas une croyance personnelle mais appartient au domaine du culte de «l’Église» en question. Cependant la charte multiculturelle du Canada n’est pas en mesure de légiférer contre ça et d’instaurer la laïcité, car elle protège justement les groupes.
D’autre part, je n’ai vu jusqu’à date personne questionner la très estimée scientifique Julie Payette sur l’imposture de son poste de gouverneure générale vs ses positions personnelles. Car son poste s’assoit sur le préambule de la Charte canadienne qui stipule «la suprématie de Dieu», et non pas «la suprématie de la Science»…. Faudrait qu’elle nous explique ce qu’elle compte faire avec ça. Ça ne lui est pas venu à l’idée non plus de questionner le port des grands turbans colorés à la C des C, ou encore la précieuse ridicule Mélanie Joly tous voiles dehors pour visiter je ne sais quel groupe sikh ou musulman. Mais non, il lui fallait à la scientifique ridiculiser des cibles qui ne touchaient pas à son propre jardin. Vous pourriez l’asticoter un peu avec ça peut-être votre adorée scientifique dont la science répond à tout? Et lâcher un peu les théologiennes catholiques.
Et puis tiens, puisque la science est le boutte de toutte, elle fait même de la collapsologie. Mais ça a l’air que la puissante science ne pourra pas empêcher le collapse… L’évolution, théorie-joyau du cerveau humain, serait-elle rendue au bout du rouleau ?
http://www.lepoint.fr/environnement/collapsologie-desastre-mode-d-emploi-07-11-2017-2170334_1927.php
Science et religion ne se contredisent pas. Leurs affirmations respectives se situent sur des plans différents. Il doit y avoir de la place pour la foi (une foi équilibrée et éclairée bien sûr) dans ce monde, qui a bien besoin de salut lorsqu’on regarde ce qui se passe autour de soi.
Beaucoup ont été marqués par la religion dans leur jeunesse, mais la « chose religieuse » a bien changé depuis. Nous ne sommes plus au XIXe siècle!
Athéisme et croyance se doivent respect mutuel.
Si elle n’a pas porté atteinte à la neutralité de l’État, alors elle a porté atteinte à la posture monarcho-anglicane de celle qu’elle représente et à la «reconnaissance de la suprématie de Dieu»…
Et si l’évolution est «l’une des plus belles explications qu’ait produites le cerveau humain»… Ça serait le fun que le cerveau humain, tout scientifique qu’il puisse être, soit capable de prévenir le collapse généralisé qui ne tardera pas à venir. Sais pas comment les brillants scientifiques vont régler ça…
Ça doit être la suite logique de l’évolution, je suppose…
http://www.lepoint.fr/environnement/collapsologie-desastre-mode-d-emploi-07-11-2017-2170334_1927.php
Je suis étonné de lire ici que la théorie de l’évolution « rejette toute intervention divine initiale dans le développement de la vie et tout finalisme dans son évolution ». Je ne suis pas un spécialiste, mais d’après ce que je comprends, la théorie de Darwin décrit des processus par lesquels les espèces s’adaptent à leur environnement, sans égard à la finalité d’une telle évolution. Je ne vois pas non plus en quoi elle permet de « rejeter l’idée d’une intervention divine », puisqu’il aurait fallu pour cela définir l’intervention en question. La science ne peut se prononcer que sur ce que ses outils lui permettent d’appréhender. Or plus nos outils se raffinent, plus nous découvrons des mondes nouveaux et insoupçonnés. Qui sait où cela nous mènera ! Il me semble donc que l’on essaie d’élargir des frontières de la science pour lui donner un pouvoir qu’elle ne possède pas, à savoir trancher le débat de l’existence ou non de dimensions qui nous échappent (pour utiliser une formulation large et non religieuse). S’appuyer sur la science pour asséner de soi-disant vérités et évidences, et pour nous dire ce qu’il est permis de croire et de ne pas croire me semble aussi obscurantiste que les enseignements religieux d’antan, qui s’appuyaient sur des révélations pour asservir des populations. L’athéisme est une croyance, une croyance tout à fait respectable, mais qui ne peut se draper dans le manteau de la science sans tomber dans l’usurpation d’identité. L’affirmation de Mme Payette, qui ne s’appuie sur aucun constat scientifique, est en réalité entièrement basée sur sa croyance aveugle en un monde purement matérialiste. C’est son droit le plus strict, mais son ignorance des frontières de la science et son mépris intellectuel pour ceux et celles qui ne partagent pas son avis me désolent. Nos grands prêtres ont changé de chapelle et d’habits, depuis la Grande noirceur, mais on n’a pas fait grand chemin. Une piste de réflexion : l’apparition de la vie sur terre, que même les scientifiques qualifient de « miracle ».
Julie Payette devrait écouter Luc Ferry et Étienne Klein, respectivement philosophes des sciences et physicien atomiste athées qui dégueulent sur l’athéisme radical idiot.
Elle devrait écouter aussi Hubert Reeves.
Elle ne fait pas le poids face à ces 3 géants.
Luc Ferry et Hubert Reeves, tout philosophe et astrophysicien soient-ils, sont des partisans du NOMA de Stephen Jay Gould selon laquelle la science ne doit pas empiéter sur le champ de la religion. Cette position est indéfendable: https://voir.ca/daniel-baril/2016/03/11/la-science-na-rien-a-gagner-dun-dialogue-avec-la-religion/