C’est arrivé entre 4 et 10 ans, je crois. Les Eskimos étaient au Pole Nord et les Indiens étaient dans le sud. Je n’ai jamais joué à tuer des Eskimos. Par contre, si on jouait aux cow-boys, on se répartissait les rôles. J’étais tantôt Indien, tantôt cow-boy. J’ai donc certainement joué à tuer des Indiens avec un pistolet en fer chromé, en criant simplement pow pow!
Ce n’était pas notre jeu principal, on jouait plus souvent aux policiers et aux voleurs, aux espions, à la guerre, au hockey, au baseball, au ballon chasseur, à la balle au mur, à courir n’importe où pour rien de spécial, au Monopoly, au Parcheesi, au Kerplunk, à Battleship, aux échecs, aux dames, aux billes, au bolo, au badminton, aux cartes (paquet voleur, 8, etc.), aux échelles et aux serpents, aux legos, au Meccano, à Ultraman, aux Sentinelles de l’air, à Joe 90, à Daniel Boone (avec le bon Mingo), à Capitaine Scarlett, à Star Trek, aux Agents Très Spéciaux (ah, la belle Sharon McCready…), à Voyage aux fonds des mers, à Perdus dans l’Espace, à Alerte dans l’Espace, à Cosmos 1999, à Sol et Gobelet, à La Ribouldingue, à Picolo, à Fanfreluche, aux 100 Tours de Centour, aux vampires, aux momies, à Gi-Joe, à Big Jim, à se faire des châteaux de neige, à patiner sur la glace (sur la bottine la plupart du temps), dans le sable, aux batailles de balles de neige, à la bicyclette, au jeu de poches, au pichenottes, à la balançoire, à faire des chemins de craie sur le trottoir pour faire rouler nos voiture Matchbox, à la corde à danser, aux élastiques, au tic-tac-toe, à roche-papier-ciseaux, aux dés, avec des toutous, avec notre chien, avec nos chats, avec nos perruches, avec nos poissons, avec nos cochons d’Inde, avec nos hamsters, et à bien d’autres jeux avec les 30 autres enfants qui habitaient la rue Christophe Colomb entre la rue Mont-Royal et la boulangerie hassidique dont la brioche était extraordinaire.
Devant pareille liste, je me rends bien compte que jouer aux cow-boys et aux Indiens n’a pas été très important dans mon enfance. Aujourd’hui, alors que je ne changerais presque rien de mon enfance sur le Plateau Mont-Royal, le Plateau d’avant les condos et les bourgeois, j’aimerais bien ne jamais avoir joué à tuer des Indiens. Ça ne m’a pas apporté grand chose dans la vie.
C’est plus tard que j’ai un peu mieux compris qui étaient les Premières Nations. Les quelques Innus, Mohawks, Cris, Attikameks et Inuits que j’ai rencontrés, m’ont aidé, petit à petit, à reconstruire une autre idée des Premières Nations, à lentement remplir ce trou béant que l’école avait laissé. Tous mes amiEs qui ont des ancêtres autochtones sont autant de rappels que nous partageons une histoire commune. Le film Reel Injun (un must!) du réalisateur Neil Diamond a été une révélation en me remontrant tous ces films méprisants et racistes qui m’avaient un peu « empoisonné » dans mon enfance. La dose était modeste, je n’ai pas été contaminé par la haine, mes parents m’avaient mieux élevé que ça. Encore aujourd’hui, ça me fait grincer des dents quand j’entends des commentaires méprisants ou que je lis des déclarations haineuses. Même si j’ai joué à tuer des Indiens je ne suis pas coupable du génocide canadien. J’ai par contre la responsabilité en tant que citoyen de prendre position aujourd’hui, d’élever la voix quand j’entends des mensonges et de ne pas perpétuer les erreurs du passé.
Dans mon précédent blogue, j’ai dit que J’aimerais mourir dans un pays en santé. La détermination des Premières Nations et la justesse du mouvement Idle No More sont le remède que j’espérais depuis longtemps. Il faut commencer une guérison nationale.
L’histoire officielle est un cuir coriace à assouplir, encore aujourd’hui beaucoup de gens sursautent à l’emploi du mot génocide. Tant pis pour eux. Au lieu de perdre mon temps à m’engueuler avec eux sur le passé, j’aime mieux travailler avec des gens de bonne volonté pour bâtir un meilleur avenir. En solidarité avec les Premières Nations.
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Ajout du 6 janvier 2013 :
Je m’en vais participer au cet événement de support pour Idle No More. Pas parce que j’ai quelque chose à dire, mais parce que j’ai envie d’écouter.
https://www.facebook.com/events/557886597574048/
Pendant ce temps, je vous invite à écouter Michèle Audet, présidente des Femmes autochtones du Canada et Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Cet entrevue fait un excellent résumé de la situation du mouvement Idle No More et la distinction avec la grève de la faim de la cheffe Spence.
Merci de votre prise de position Mr. McReady, je la seconde.
Le mouvement Idle No More (dont ma traduction favorite est de loin « Finie l’apathie ») s’il arrive très tard pour les premières nations qui souffrent depuis trop longtemps, il est important de comprendre qu’il arrive trop tard pour tous les citoyens canadiens.
Les conservateurs avec les loi loi C-45 et C-38 ont trouvé les moyens d’exploités les failles de notre système politique, mais de façon plus importante, celles de notre capacité a nous informer suffisement pour comprendre les réels enjeux et le rôle des différents acteurs dans les tractations qui se déroulent désormais sous nos yeux dans la plus totale APATHIE de l’ensemble des citoyens.
Et rien n’indique qu’ils ont l’intention d’arrêter.
Au Quebec plus qu’ailleurs, nous sommes maintenant très souvent désinformés (ou devrais-je dire conditionnés) par les Medias traditionnels.
Sans les medias sociaux et l’émergence des nouvelles technologies nous n’aurions peut-être même aucune chance de sortir de cette apathie qui a trop durée.
Il est aujourd’hui du devoir de chaque citoyen de s’informer, d’agir au quotidien et de façon plus globale.
A NOUS de repenser notre avenir, les pétrolières ne le feront pas a notre place.
Pour votre consolation Mr. Mc Cready, ce n’était pas vous qui tuait des « indiens » dans votre jeunesse, mais les gens qui vous avaient conditionnés a le faire.
IDLE NO MORE – FINI l’APATHIE
Place d’Youville le 11 janvier de 11hrs a 13hrs