Montérégie, Estrie, Beauce & Centre-du-Québec
Roadtrip (f)estival 2016

Montérégie, Estrie, Beauce & Centre-du-Québec

S’enfoncer dans les terres… C’est le projet qui vous attend en visitant la rive sud du Saint-Laurent entre Montréal et Québec. On pourrait même parler du garde-manger de la province pour désigner cet océan de terres cultivables! Évidemment, l’Estrie avec ses jolies montagnes et ses beaux villages vole un peu la vedette dans nos imaginaires, mais il faut aller plus loin, car des surprises vous attendent en descendant la rivière Chaudière, en coupant à travers les champs en Beauce ou en longeant le fleuve. Inutile de faire vos courses avant de partir, vous trouverez tout sur place!

01
La Grosse Lanterne
par Olivier Boisvert-Magnen

Un site enchanteur, une forêt mystérieuse, un camping au bord de l’eau, des mélomanes juste assez festifs, une programmation sans faille… Forte de deux éditions concluantes, La Grosse Lanterne de Béthanie se positionne comme l’une des meilleures expériences festivalières au Québec.

L’influence des festivals à l’européenne (lire: ceux qui offrent la possibilité de «dormir» sur place) se fait de plus en plus vive au Québec. Après les exemples types/trash de Woodstock en Beauce et du Rockfest, voilà que sont récemment apparus Le Festif!, AIM Experience, Virage et La Grosse Lanterne. Plus que jamais, les organisateurs de festivals musicaux vendent une expérience complète plutôt qu’une simple programmation.

Du lot, la GL se pose comme le meilleur entre-deux: un mélange assez naturel de folies nocturnes/prématinales et de civisme ordonné, mené par un corps de sécurité aussi sympathique que rigide (notamment en ce qui a trait aux fouilles d’entrée et au bodysurfing, qui était curieusement interdit l’an dernier pendant Malajube). Bref, on peut faire la fête comme on l’entend et se rendre au bout du rouleau, sans toutefois encaisser les débordements inhérents aux autres festivals-campings chaotiques.

Cette année, la programmation se diversifie avec panache, laissant de côté son parti pris hip-hop des dernières années pour mettre en valeur, plus généralement, les artistes locaux qui sont en voie de marquer l’année 2016.

On pense notamment à Groenland, actuellement en studio, à Klô Pelgag, qui fera paraître en septembre un deuxième album, et à Lisa LeBlanc, qui aura potentiellement du nouveau matériel en français à proposer. Autrement, on aura droit à Dead ObiesBrownSafia NolinChocolat, et bien d’autres.

Mais au-delà de la programmation, établie par Bonsound, qui coordonne l’ensemble de l’événement, le festival béthanien se démarque par la beauté de son site, un lieu conquis par les adeptes de cottes de mailles et d’épées en mousse qui s’y rendent pour d’incontournables jeux grandeur nature. Le temps d’une fin de semaine, la faune change, mais l’endroit reste tout aussi bucolique.

À lui seul, le récit d’une journée typique a de quoi émerveiller (ou presque): on installe sa tente sur le bord de la rivière Noire, on tente d’aller s’y rafraîchir en s’égratignant le coude sur une roche, on pique une petite promenade dans l’off-road de la forêt, on va voir quelques shows dans un état de plus en plus second, on se met à jaser proche des grills/BBQ dans l’optique bien précise de se faire donner de quoi à souper, puis on s’installe pas trop loin du grand château, en fin de soirée, pour profiter des gros DJ sets et des basses fréquences qui empêcheront probablement Robin Kerr de dormir.

En plus, c’est à 2h19 de Québec/1h30 de Montréal, et – nouveauté appréciable – il y a des navettes qui partent de la métropole si vous n’avez pas de permis et/ou de char et/ou de volonté de conduire en état semi-comateux.

grosselanterne.com


02
Boire & manger

Plusieurs festivals auront lieu cet été. Ça commence à Victoriaville avec Fromages, Bouffe et Traditions, du 17 au 19 juin. Au programme: des camions de bouffe de rue et des exposants qui cuisinent le fromage d’ici et plusieurs produits locaux. Et puis, il y a le vétéran, le Festival de la Poutine de Drummondville, où l’on goûte à toutes sortes d’étranges, exotiques ou romanesques poutines du 25 au 27 août – tout en profitant de concerts.

Pour un repas un peu plus fancy, un arrêt s’impose à Saint-Apollinaire, village de Lotbinière de 5000 âmes sis en bordure de l’autoroute 20. C’est là que le Canard Goulu y a fait son nid, une ferme artisanale qui enorgueillit (avec raison!) les habitants du comté. On profite de notre visite pour ramener leur succulente sauce à spaghetti et faire le plein de rillettes en vue, pourquoi pas, d’un petit pique-nique au majestueux Domaine Joly.

En Estrie, on mange bien sûr du canard du lac Brome, une viande québécoise connue à l’international pour sa chair tendre et savoureuse. Élevé au bord du lac et sans gavage, ce canard se déguste sous forme de confit, pilons, rôti, rillettes, saucisse, pâté, terrine…

Côté microbrasseries, on est gâtés: La Memphrée (Magog), Le Siboire (Sherbrooke), les Brasseurs de West Shefford (Bromont), La Société (Saint-Georges), Microbrasserie Coaticook (Coaticook), Microbrasserie Moulin 7 (Asbestos), Multi-Brasses (Tingwick), Microbrasserie BockAle (Drummondville), Microbrasserie l’Hermite (Victoriaville)…

Et puis, il y a Frampton Brasse. Ce n’est pas qu’une simple microbrasserie: en plus de brasser des bières de dégustation équilibrées et raffinées, ses brasseurs cultivent sur le terrain même de la brasserie les différents houblons et l’orge destinés à leurs préparations. Leur Stout Impérial russe, avec ses arômes de chocolat et de fruit mûr, est un pur délice. Bien qu’assez élevée en taux d’alcool (10,5% alc./vol.), elle se laisse déguster tranquillement.

Moins amateur de bière? Magog accueille la Fête des Vendanges les 12 et 13 septembre. L’occasion de goûter à différents crus locaux… Sur la route des vins, on peut notamment s’arrêter dans les Cantons-de-l’Est pour acheter le vin gris de l’Orpailleur dans. Arômes de litchi, pamplemousse… Il est vraiment surprenant, et pas mal plus original qu’un vin de glace.


03
Quoi faire

La nuit du point couvert
Gould – 20 et 21 août

L’événement écoresponsable est voué à la rencontre avec les artisans et les producteurs locaux. Il y aura un grand événement musical avec Les Guerres d’l’Amour et Les Deuxluxes sous le pont couvert McVetty-McKenzie. Le Buvard, la librairie ambulante de l’auteur et éditeur Michel Vézina, sera sur place avec des auteurs et des musiciens, des bouquins et des rafraîchissements, tout comme l’autobus du Musée du Rock’n’roll pour de l’art visuel et de la musique!

Sherblues & Folk
Sherbrooke – Du 6 au 10 juillet

Bien établi en plein cœur du centre-ville, le festival annuel est l’un des plus achalandés à Sherbrooke après seulement huit ans d’existence. C’est le groupe québécois Bears of Legend qui ouvrira le festival le 6 juillet alors que l’Algérien d’origine Rachid Taha se chargera du concert de clôture le 10 juillet. Betty Bonifassi, Jim Zeller, Safia Nolin, Whisky Legs et Les Colocs avec Guy Bélanger et Élage Diouf y seront également.

Beat & Betterave
Frelighsburg – Tout l’été

Nouveau petit café culturel situé sur la rue Principale du magnifique village de Frelighsburg, Beat & Betterave offre des concerts chaque semaine ainsi que la dégustation de produits alimentaires locaux. Pour son premier anniversaire le 10 juin, le café se paye le festif groupe Tintamare. Au cours de l’été, vous pourrez aussi y voir le groupe punk trad Carotté et le bluesman Bob Walsh.

Les vendredis à la Fromagerie du Presbytère
Sainte-Élisabeth-de-Warwick – Tout l’été

Les fromagers en ont été les premiers surpris: le vendredi soir, les gourmands se sont mis à débarquer avec leurs chaises pliantes et leurs bouteilles de vin pour déguster du fromage frais et faire la fête au son des chansons jouées par quelques musiciens spontanés. L’événement a grossi, est devenu une tradition, accueillant des centaines de personnes. De mai à octobre, c’est la fête.

Festival Ciné-Vue
Estrie – Du 1er au 7 août

Visionner un film dans un train touristique reliant Sherbrooke, Magog et Eastman. Passer une soirée vin et cinéma à bord d’un bateau voguant sur le lac Memphrémagog. Regarder un long métrage sur grand écran au sommet du mont Orford. Ce sont quelques-uns des contextes inusités de projection que proposera le tout nouveau festival Ciné-Vue, un événement qui crée le dialogue entre tourisme et cinéma. Ça nous intrigue.


04
Sur la route

Aller se perdre dans les cantons… Est-ce une expression qui existe? En tout cas, c’est sans doute l’objectif que vous devriez vous fixer pour vous faufiler dans les dédales de routes et bien prendre la mesure de ces paysages si distincts et uniques au Québec. Et pourquoi vous arrêter là? Les itinéraires possibles se marient si bien avec une visite de la Beauce et du Centre-du-Québec.

Pour un beau circuit par le sud, rendez-vous entre Bedford et Dunham pour prendre la 237 vers Frelighsburg. De là, perdez-vous dans les petits chemins pour vous rendre à Abercorn ou vous emprunterez le chemin des Églises qui vous mènera sur le chemin de la Vallée-Missisquoi. Vous remontez ensuite vers le nord par la 243 qui passe par Mansonville pour vous rendre à Eastman. Dans les alentours, on vous conseille fortement un arrêt à Sutton pour le village et son parc d’environnement naturel ainsi qu’à Lac-Brome et Knowlton. Ce sont d’excellents ports d’attache pour visiter la région et vous ravitailler.

L’aventure dans les cantons continue après Magog et Sherbrooke. Un détour pour passer à North Hatley, très beau village au bord du lac Massawippi, un très bon plan pour faire vos emplettes, et à Coaticook pour aller visiter le parc de la Gorge vaut vraiment les quelques kilomètres vers le sud.

C’est cependant vers le nord-est qu’il faudra possiblement continuer votre route. À partir de Cookshire-Eaton, prenez la 108 qui vous mènera au parc national de Frontenac en bordure du lac Saint-François et ensuite dirigez-vous vers Saint-Georges, en Beauce. De là, remontez vers le nord en longeant la rivière Chaudière en passant par Notre-Dame-des-Pins et Beauceville. À Sainte-Marie, traversez la rivière pour rejoindre le rang Saint-Étienne sur la rive ouest et continuez de longer la rivière pour rejoindre la route 171 qui vous mènera jusqu’à Saint-Étienne-de-Lauzon et ensuite jusqu’à la 132, la route Marie-Victorin, qui longe évidemment le fleuve.

Vous devriez saisir toutes les occasions de vous arrêter entre Saint-Nicolas et Gentilly. La balade vous offre plusieurs points de vue sur les terres agricoles et le fleuve tout en traversant plusieurs jolis villages. Après avoir passé le lac Saint-Pierre, à Yamaska, prenez la 235 qui longe la rivière jusqu’à Massueville. Vous pouvez ainsi continuer à travers les rangs pour vous rendre à Saint-Hyacinthe afin de visiter le marché public, un des plus vieux du Québec, ainsi que tout le quartier du centre-ville qui grouille de petits commerces.