Saguenay / Lac-Saint-Jean
Roadtrip (f)estival 2016

Saguenay / Lac-Saint-Jean

Réglons quelque chose: lâchez un peu les bleuets! Oui, c’est vrai que c’est bon et qu’on s’en régale, mais on a fait le tour. Le Lac, c’est autre chose! Le Saguenay aussi. Il y a de l’action par ici. Un beat incroyable! On a parfois le sentiment d’être à la mer sur les plages magnifiques du lac et, en longeant le Saguenay, on se sent minuscules, comme entre deux océans. Bon ça va… Si vous insistez… Prenez quelques bleuets en route, mais surtout, n’oubliez pas de prendre aussi un grand bol d’air!

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Virage
par Olivier Boisvert-Magnen

Être sur le party tout en trouvant des pistes de solution pour la refonte de notre société, voilà l’intrigant défi que vous proposent de relever les organisateurs de Virage. Né des cendres du Fabuleux festival international du Folk sale, l’événement attire mélomanes, chercheurs, artistes, militants et curieux aux abords du magnifique fjord.

C’est en 2014, juste après la troisième édition du Folk sale (mythique festival aux contours trash qui attirait près de 3000 festivaliers), que la mini-municipalité de Sainte-Rose-du-Nord a manifesté avec fermeté ses volontés.

Malgré les retombées économiques du projet, les quelque 400 résidents n’appréciaient pas le tapage et la déchéance sous-jacente à une foule bigarrée, composée de quelques éléments douteux. On raconte même que plusieurs individus allaient jusqu’à se baigner nu dans le fjord… C’est pour dire.

Résultat: le festival, en dépit de sa constante croissance, a dû cesser ses activités.

Loin de se décourager, les organisateurs ont eu la brillante idée de rectifier le tir et de préciser leur volonté primaire: celle de s’amuser dans un cadre écoresponsable.

Ainsi est né Virage, une «fabrique d’idées», où l’échange et la rencontre se conjuguent à un brassage de réflexions et à un amour pour la musique.

Virage, photo: Olivier Bourget
Virage, photo: Olivier Bourget

Copropriétaire de l’auberge Aventure Rose-des-Vents, à quelques secondes à peine du site du festival, Kim Limoges a assisté à la première édition du festival. «Les gens savaient pas trop à quoi s’attendre l’an dernier. On avait en tête le Folk sale, mais en même temps, on savait que ça allait être très différent», raconte l’aubergiste, qui compare l’événement à la défunte ÉchoFête de Trois-Pistoles. «Cette année, je pense que c’est beaucoup plus clair: il y a des conférences et des ateliers le jour, et le soir, c’est le party. D’ailleurs, il y a une dérogation de la municipalité pour le samedi 2 juillet afin que les festivités se poursuivent toute la nuit.»

Ainsi, des chercheurs, politiciens et militants (notamment l’ex-chef d’Option nationale Jean-Martin Aussant et le politologue de l’IRIS Philippe Hurteau) côtoient des groupes folk punk festifs (entre autres GrimskunkCarotté et Robert Fusil et les chiens fous) dans cette programmation, qui met également en vedette le collectif Nulle Part Nord et le rappeur gatinois D-Track.

La conscience environnementale est évidemment au centre de la démarche: on boit nos consommations dans un buck réutilisable, on met nos butchs dans nos poches et on évite les bouteilles en verre, vu que le camping (qui accueillera au maximum 500 festivaliers) est situé sur un «pâturage pour vaches et veaux».

Loin de tomber dans la moralisation à outrance, les organisateurs font tout en leur pouvoir pour installer une ambiance sympathique et cordiale. Bref, à Virage, l’alcool et les festivités jusqu’à 4-5 heures du matin ne sont pas des obstacles à la réflexion.

viragefest.com


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Boire & manger

Pour goûter aux délices locaux apprêtés par un chef, on va souper au Bergerac. Dans ce restaurant bien établi depuis une vingtaine d’années, les mélanges de saveurs sont surprenants et sentent bon le terroir: assiette de vivaneau, fenouil confit, mousseline de pois chiches, filet de cerf rouge, sauce aux noisettes et oignons confits…

Autre endroit typique: le Café Cambio. Le temps passe, mais cette coopérative de travail poursuit sa mission sans en déroger. Ici, on mange bio et on boit équitable dans une ambiance franchement décontractée et chaleureuse. Gros bonus: la salle de spectacle Le Sous-Bois, qui a récemment accueilli Charlotte Cardin, The Fleshtones et Solids, est située juste en bas du resto.

Après une balade aux abords du photogénique parc de la Rivière-aux-Sables, on étanche notre soif à deux pas de là et sur la Main de Jonquière, la fameuse rue Saint-Dominique. Fréquentée par les étudiants comme par les professionnels du coin, La Voie Maltée sert ses bières aux noms pittoresques comme La Gigonne (une stout à l’avoine) ou la Malcommode, blanche aux arômes de banane et de blé.

Vous voulez plus de bière? Bâtie sur des valeurs d’attachement au terroir et un amour sincère de la région qui l’a vue naître, la Microbrasserie du Lac-Saint-Jean produit un grand nombre de brassins distinctifs. Situé à deux minutes du lac lui-même, le petit bistro annexé à la brasserie sert en fût toute sa gamme, en plus d’exclusivités passagères. Leur Tante Tricotante, une triple belge bien exécutée, vaut assurément le détour.

Tant qu’à être à la microbrasserie, on fait un tour à la Fromagerie Médard toute proche, actuellement gérée par la sixième génération de la famille. On y sonne une cloche le matin quand le fromage en grains est prêt… À déguster après un bon repas typique de la région, une tourtière et un dessert aux bleuets!

D’ailleurs, si vous aimez les bleuets, direction la Bleuetière et pépinière de Parisville: on peut aussi bien y cueillir des fruits qu’y acheter des plants à ramener chez soi. Il y a aussi les Délices du Lac, situé à Albanel, qui propose des chutneys, confitures, gelées, beurres, mais aussi des soins pour le corps. Aux bleuets, bien sûr. Pour ceux qui préfèrent le raisin (fermenté), le Festival des Vins du Saguenay fête cette année sa dixième édition. L’occasion de rencontrer des vignerons de partout dans le monde et de goûter à plein de bonnes bouteilles.


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Quoi faire

Anima Lumina
Saint-Félicien – Dès la mi-juillet

Moment Factory, studio montréalais qui perfectionne l’art des productions immersives, propose une nouvelle expérience multimédia au Zoo sauvage de Saint-Félicien. Anima Lumina est un parcours nocturne magique qui rend hommage au parc, à la faune et à la flore en mettant en lumière tous les sons de la Boréalie et de la vie animale. La nature n’aura jamais été si fantastique.

Festival international des rythmes du monde
Chicoutimi – Du 10 au 13 août

Montées sur la rue Racine, véritable poumon de la vie socioculturelle chicoutimienne, les deux scènes de l’événement accueilleront une pléiade d’artistes d’ailleurs et d’ici pour un blitz musical de trois jours. Une 11e édition marquée par les percussions et la voix chaude du Sénégalo-Québécois Élage Diouf, l’afrobeat aux accents électro du talentueux Samito, les guitares tonitruantes de Galaxie et la pop raffinée d’Ariane Moffatt.

Festival de l’Internet à Alma (ANNULÉ)
Alma – Du 21 au 23 août

Internet est omniprésent dans nos vies, il était donc normal que quelqu’un se roule les manches et décide de lui dédier un festival en entier. Organisée par le coloré personnage Joël Martel, cette célébration du Web en sera à sa troisième année cet été. On risque fort d’y apercevoir plusieurs des membres de notre plateforme sœur trouble.voir.ca, dont Julien Bernatchez, Les Pic-Bois et le fameux Mathieu St-Onge. L’organisation mentionne que plusieurs surprises se glisseront dans sa programmation, un incontournable pour tous les amateurs du WebQc!

La Fête des Saveurs et Trouvailles
Jonquière – Du 5 au 7 août

À la place Nikitoutagan, on mange le terroir! À déguster: charcuteries, chocolats, vins, cidres, fromages, bières… Et quand vous serez rassasiés, vous pourrez aller rencontrer des artisans de partout au Québec (plus de 90 entreprises représentées) et profiter des spectacles de cette 13e édition.

Farces médiévales du Théâtre 100 Masques
Pulperie de Chicoutimi – Du 5 juillet au 24 août, les mardis et mercredis

Au Saguenay, le Théâtre 100 Masques est l’une des rares troupes québécoises à oser un répertoire très peu fréquenté: des farces méconnues du Moyen-Âge! Pièces paillardes et coquines qui exposent des relations parfois violentes mais souvent amusantes, ce sont des comédies sans complexes, qui vont droit au but. Les titres, en soi, sont imagés et prometteurs: La farce du petLa farce du cuvier et La farce du pâté et de la tarte. Le metteur en scène Dario Larouche, artiste de théâtre incontournable de la région, est aux commandes.


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Sur la route

Sauf si vous êtes pressés – ce qui n’est vraiment pas le plan du siècle en vacances – et si la météo ensoleillée est de votre côté, rejoignez le Lac-Saint-Jean par la route 155 qui longe le Saint-Maurice. Franchement, on le redit, c’est magnifique. Les surprises du paysage compenseront largement les kilomètres à parcourir. Tout ça pour un coup d’œil, un seul! Juste avant Chambord, après avoir traversé les forêts entre La Tuque et Lac-Bouchette, lorsque vous apercevrez le lac. C’est une victoire sur la route. Vous êtes arrivés! Et c’est beau.

Le lac à lui seul suffit comme attrait dans la région, mais ne manquez pas les jolis paysages qui se trouvent sur la rive nord, sur la route 169, entre Dolbeau-Mistassini et Alma. C’est là qu’on trouve le parc national de la Pointe-Taillon, endroit idéal pour un moment de plage, camper et se balader à vélo. Excellent plan familial.

Une visite à La Pulperie de Chicoutimi s’impose pour aller visiter la maison d’Arthur Villeneuve, ce fameux peintre-barbier au coup de pinceau indiscipliné qui passait sa vie à peindre les murs de la résidence familiale, ce qui deviendra son magnum opus.

Le Saguenay se savoure au fil de l’eau. C’est là qu’on prend la mesure du paysage. Par la route, transgressez la voie principale aussi souvent que vous le pouvez. Par exemple, entre Saguenay et La Baie, passez par le rang Saint-Martin et la route de l’Anse-à-Benjamin. Sur la rive nord, près de Sacré-Cœur, faites un détour par L’Anse-de-Roche en passant par le chemin de l’Anse-Creuse et le rang Saint-Joseph.

Si vous le pouvez, revenez vers Québec en passant par la route 382, entre La Baie et Baie-Saint-Paul. Vous irez ainsi à la rencontre des montagnes de l’arrière-pays de Charlevoix en traversant le parc national des Grands-Jardins. Une route magnifique et méconnue.