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J’ai vu parler les maitres du monde #SXSW J-1

Il y avait salle comble pour entendre Eric Schmidt (président exécutif du conseil d’administration de Google) et Jared Cohen (le chef du département Ideas de Google) parler de leur ouvrage The New Digital Age en compagnie de Steven Levy du Wired en ce premier jour de South By Southwest à Austin, Texas.

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Soulignant le fait que Jared Cohen voyage principalement dans des pays instables (Somalie) ou autoritaires (Corée du Nord, il n’est jamais allé en Corée du Sud…), Eric Schmidt a amené la conversation sur le terrain des conflits armés et des révoltes populaires.

Pour ce dernier, s’il ne fait aucun doute que la connectivité est une forme d’« empowerment » qui permet de mobiliser plus facilement les individus autour d’une cause, elle est aussi génératrice de confits. Dans le futur explique-t-il, les révolutions seront peut-être plus faciles à amorcer, mais elles seront surtout plus longues à finir.

Dans un avenir proche, un à deux milliards de personnes qui vivent aujourd’hui dans la pauvreté et sous l’influence de gouvernement autoritaires et corrompus auront accès à des téléphones mobiles intelligents (voir le projet Firefox OS à ce sujet). Il est fort probable que cet « empowerment » conduisent là aussi à de nouvelles révoltes.

Les dictateurs de ce monde ciblent déjà les détenteurs de téléphones intelligents. Jared Cohen raconte à ce sujet qu’en Syrie, des check-points sont mis en place pour arrêter les détenteurs de smartphone et leur confisquer leur outil avec leurs accès privés (sous la menace). En effet explique Jared Cohen, « plus un pays est répressif, plus ses citoyens ont des identités virtuelles! » Cette anecdote montre aussi que devant internet, les tyrans ne peuvent plus fermer l’accès à internet, ils doivent infiltrer le système pour tenter de le manipuler.

La porte étant bien ouverte, Steven Levy n’a eu d’autre choix que d’ouvrir le débat portant sur la vie privée en ligne. On se rappelle d’ailleurs que Google avait été pointé du doigt par Edward Snowden et le Guardian pour son aveuglement volontaire devant les activités de la NSA. À ce sujet, Eric Schnidt a joué la carte de la naïveté en avouant avoir été « très surpris » d’apprendre que la NSA espionnait ses services. Cela n’a dupé personne.

Il a toutefois répété que la solution était de crypter les données personnelles, ce que son entreprise s’attachait à faire. Aujourd’hui, toute information sur les serveurs de Google serait protégée des regards indiscrets des gouvernements. En guise de conseil, Eric Schmidt a répété qu’il fallait se battre au quotidien pour notre vie privée, au risque de la perdre.

La dernière partie de la discussion a été consacrée à la mémoire de l’internet, un internet qui ne dispose pas de la fonction effacer; il faut accepter que toute son histoire soit stockée dans un « cloud » et donc susceptible d’être vu par tous ceux qui disposeront du savoir-faire suffisant.

De fait, recommandent-ils, les parents de l’avenir devront avoir avec leurs enfants une discussion sur la vie privée et la sécurité, avant de parler de la vie sexuelle. Dans un futur pas si lointain, on peut imaginer les parents souscrire à des polices d’assurance pour couvrir les activités stupides de leurs enfants en ligne de conclure Jared Cohen.