Des casseurs qui se disent anarchistes (*) ont attaqué la semaine dernière plusieurs commerces de mon quartier, Hochelaga-Maisonneuve, en plus de saccager les lieux d’une fête de quartier organisée entre autres par des organismes communautaires…
Ce n’est pas la première fois que ces fouteurs de trouble s’attaquent à ce qu’ils qualifient de gentrification et d’embourgeoisement du quartier. Et si certaines de leurs préoccupations sont justifiées – le risque que l’augmentation des loyers chasse les moins nantis ou encore la pénurie de logements sociaux – il me semble que ces faux anarchistes s’en prennent aux mauvaises cibles et deviennent par conséquent les alliés objectifs de la pire des alternatives: la victoire de Tim Hortons, de Wal-Mart et des grandes surfaces sur les commerces de proximité; le triomphe du capitalisme déshumanisé sur une économie à échelle humaine qui renforce le tissu social…
L’aveuglement idéologique de ces casseurs imbéciles devient pathétique quand on pense qu’ils préfèrent sans doute des locaux vides et des rues commerciales en banqueroute plutôt que l’émergence d’une diversité de commerces locaux qui embellissent le quartier et créent des emplois tout en favorisant un mode de vie moins axé sur l’usage de l’automobile…
Que veulent-ils en intimidant ces commerçants? Valoriser un quartier misérable? Les pauvres dont ils se disent les défenseurs n’ont-ils pas droit à un quartier habité et occupé par une diversité de commerces de proximité? Pourtant, la plupart des nouveaux commerces de la rue Ontario et de la rue Ste-Catherine qui ont émergé ces dernières années ont pris la place de locaux vides ou d’espaces urbains en décrépitude… Par exemple, la Place Valois qui a déjà été attaquée est pourtant largement occupée par les classes populaires du quartier et non seulement par les jeunes bourgeois tant décriés par nos idéologues casseurs.
Alors, avant de vous attaquer à de jeunes entrepreneurs qui revitalisent le quartier et rendent sa vie quotidienne moins triste, dites-vous qu’en ciblant les petits commerces, vous vous attaquez aux plus faibles et vous servez par conséquent les puissants de ce monde qui exploitent, polluent, détruisent la diversité de l’économie et appauvrissent donc véritablement toutes les dimensions de la vie humaine. Vous croyez vous en prendre aux bourgeois exploiteurs? Vous servez plutôt les puissants de ce monde comme de serviles mercenaires!
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* Je rectifie, mauvais choix d’étiquette de ma part, ils ne se sont pas réclamés de l’anarchisme.
Un peu dans la même veine: https://voir.ca/chroniques/de-la-main-gauche/2016/02/03/le-capitalisme-sauvage-est-deguise-en-sirene/
Toujours un plaisir de lire des morons. Quand t’écris »quand on pense qu’ils préfèrent sans doute des locaux vides et des rues commerciales en banqueroute », c’est parce que t’as vraiment rien compris.
Alors, au-delà de critiquer et de détruire: que proposent-ils?
Je suis l’un de ces supposés « bourgeois parvenus » du quartier. J’ai acheté un condo près de la Place Valois en 2006. Hors, ce que je trouve ironique quand je vois ces gens dirent « retournent dans ton quartier » est que, justement, je viens d’Hochelaga. J’ai grandi au sein d’une famille ouvrière pas super riche sur la rue Desjardins avec comme voisins un vendeur de drogue et une famille italienne qui passait son temps à crier après leur fils. Ma mère se fait coiffer par la même coiffeuse depuis plus de 30 ans et quand je vais la visiter au salon, j’ai l’occasion de parler aux dames du quartier. Tout comme je parle à`plein de gens d’ici (j’ai aussi parlé aux parents qui ont visité la Maison des Enfants et la Ruelle du Dr Julien où j’ai fait du bénévolat). Et aujourd’hui, plus de 30 ans plus tard, j’ai un condo, donc je suis un « parvenu », un « Bobo » qui envahit Hochelag.
Hors, j’ai eu l’occasion d’essayer d’avoir une discussion avec certains de ces révolutionnaires et l’ironie était la suivante: sans vouloir généraliser, parmi ceux que j’ai rencontré et qui revendiquaient fièrement leur révolution, aucun d’eux n’avaient de réelles racines dans le quartier. Ils étaient pour la plupart des banlieusards ayant aménagés dans le quartier pour leur cégep et se voyaient maintenant comme les défenseurs des résidents (dont je fais partie depuis plus longtemps qu’eux, mais ça l’air que je ne compte pas). Et je peux garantir que la majorité de mes voisins de condos ne sont pas des Bobos tout droit arrivés du Plateau, mais bien des gens du coin, des gens de la classe moyenne (j’ai acheté mon condo avec un salaire de 30,000$, on s’entend que c’est pas la haute classe mon affaire). Et mes voisins sont de tout horizons, mais aucun n’a la fibre très bourgeoise.
Oui il y a des problèmes et oui les résidents que je côtoient depuis mon enfance ont certaines inquiétudes. Oui il faut se préoccuper de l’effet de l’embourgeoisement sur le quartier et mettre des mesures pour protéger les gens qui ont racine ici. Mais personne, je dis bien personne, de ces vrais résidents d’Hochelaga ont envie de démolir les petits commerçants. Ils sont fiers de ce qui arrivent à leur quartier. Ce n’est pas en démolissant des commerces que l’on va les protéger, ça c’est sûr.
Et je suis d’accord avec l’auteur. Et au Métro et autres chaines de ce monde, je rajouterais les Pawn shops qui se sont multipliés et qui sont de véritables sangsues à la pauvreté (je parle ici de Pawn shop qui vivent de prêts aux plus pauvres, pas de magasins d’usager comme Friperie Renaissance).
Et j’ai compris la beauté de ces changements l’autre jour lorsque j’ai été au supermarché faire mon épicerie, au Arhoma acheté du pain et à la Belle Province pour ne poutine et que dans ces trois commerces, j’ai vu une employée transgenre, quelque chose que je n’aurais pas vu dans mon Hochelaga d’enfance. Je ne vois donc pas un quartier qui se détériore, mais un quartier qui au contraire dans les 10 dernières années s’est ouvert d’une belle façon.
Merci beaucoup pour votre contribution. C’est probablement la chose la plus sensée que j’ai lu sur le sujet.
J’ai grandi sur Bourbonnière en dessous d’Hochelaga. Mon enfance, je l’ai passé dans le parc des Amoureux et Lalancette et à l’école Saint-Jeanne d’Arc. Quand j’avais assez ramassé de bouteille vide, c’était au Dep ou à la Pataterie que je dépensais mes p’tites cennes.
J’ai quitté le quartier quand j’ai pu. Heureux d’enfin me libérer des b.s., des pas de classe et des p’tits caïds. Mais j’y suis revenu un peu plus tard, avec des yeux d’adultes, et j’y ai vue plein de nouvelles choses. La vie de quartier, des familles qui rush, mais qui s’aiment. Des bourgeois, oui, j’en ai vu. Mais des bourgeois qui ont grandi dans le même quartier que moi et qui y ont contribué. Qui suis-je pour être jaloux de leur succès ?
Ici, c’était chez moi et je suis fier d’y avoir grandi. Fier aussi d’avoir su que certaines gens préfèrent te tirer vers le bas afin de les rejoindre dans la médiocrité d’où ils sont incapables de sortir, mais ma mère qui élevait 3 enfants avec un salaire de préposée au bénéficiaires (donc, un salaire de merde) nous à encouragée plus par sa tristesse de l’insuccès que par ses paroles. Elle n’avait pas d’éducation, mais elle se battait pour nous et le mieux qu’on pouvait faire c’était de se battre nous aussi pour sortir de cette vie de quasi pauvreté. Nous, on l’a réalisé et ça n’a pas été facile. Mais on a réussi.
Hochelaga, « Hochelag’ » est devenu avec le temps « Homa ». C’est peut-être ça qui dérange nos p’tits casseurs sans avenir. Ça sonne bourgeois. Hochelag’, avec l’accent sur le « Hag », ça sonne mieux pour eux.
J’ai de nouveau quitté le quartier, mais j’y retourne à l’occasion afin de me dégourdir un peu. Quand je suis au Marché Maisonneuve, je respire. Sur la nouvelle place Valois, j’y vois en noir et blanc mes souvenir du Sternberg et du chemin de fer et encore, je respire. Je respire parce mon quartier, lui aussi, respire.
Comme quoi il est plus simple de s’attaquer au voisin qu’à Wal-Mart tout comme il est plus facile de jalouser son voisin tout en glorifiant le type de Westmount. Beaucoup de gens y voit une injustice qu’un semblable réussi mieux qu’eux mais qui n’ont pas de problème d’injustice avec un nanti qui réussi…