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Trump peut-il gagner?

Trump peut-il vraiment gagner? Jamais, lorsqu’il a lancé sa candidature en août 2015, je n’aurais cru que Donald Trump puisse même remporter l’investiture du parti républicain. Et depuis, je me dis que tout est possible dans cette campagne impossible. Et Nate Silver, le spécialiste des sondages du site FiveThirtyeight lui donnait 17% des chances de gagner il y a à peine deux semaines, alors qu’il atteint là, la veille du jour J, disons 30%!

Alors, je n’ose plus rien prédire… Sauf que. Sauf que la logique mathématique, le nombre, joue contre Trump. La démographie des USA, le système des Grands-électeurs, la polarisation extrême suscitée par sa candidature, l’exode envisageable d’un certain vote «conservateur» vers les tiers-candidats Gary Johnson ou McMillen (en Utah), tout cela, sans compter la capacité de mobiliser le vote de la machine démocrate, bien huilée et riche, font que les probabilités d’une victoire de Trump nous apparaissent pour le moins faibles.

Il faudra surveiller la Floride. L’Ohio. La Pennsylvanie. La Caroline du Nord. Le Colorado? Mais j’ai tendance à croire qu’il faudra surtout surveiller la tenue de cette journée d’élection. Y aura-t-il de la violence dans les files d’attentes des comtés où les électeurs sont en majorité des noirs et des latinos? Trump a suggéré à ses partisans qu’il pouvait y avoir des tentatives de fraudes menées auprès de ces électorats qui pourraient voler l’élection! Ces inquiétudes sont des foutaises, mais par ses outrances, Trump suggère un appel à la violence. De la même manière, Trump a dit à mots couverts que pour éviter qu’Hillary Clinton ne compromette le 2e amendement à la constitution en restreignant le droit de porter une arme, il fallait peut-être l’assassiner! Et il a évoqué au 3e débat qu’il ne reconnaîtrait peut-être pas le résultat de l’élection… Ces trois éléments des discours de Trump incitent clairement à des dérapages violents. On peut donc s’attendre à des lendemains difficiles pour la démocratie américaine.

Si Trump perd, ses partisans seront tentés de rejeter le jeu électoral, puis de recourir à la violence. Et ils sont armés! Et si Trump gagne? Je ne sais plus quoi penser de ce pays. Et je frissonne.

Mais la logique nous dit que Trump ne peut pas vraiment gagner cette élection. Mais la logique n’est pas une caractéristique de cette campagne électorale sans comparaison.

Et puis, même si Hillary gagne, cette campagne aura laissé des traces, difficiles à effacer d’ailleurs, car elle sera, comme Obama, confrontée à un Congrès radicalement hostile. Quatre ans plus tard, les Américains seront donc à nouveau devant une classe politique qui les confine à l’immobilité. Devant l’incapacité de la classe politique à améliorer les conditions économiques de la classe moyenne, face à l’impossible contrôle des armes à feu, face au blocage de la réforme du financement électoral, après l’échec de la réforme des frais de scolarité et de la crise des dettes étudiantes, devant l’impasse de la réforme de l’immigration, devant un Moyen-Orient en feu qui se construit sans eux, les Américains en colère seront encore plus impatients pour un leader fort, démago à souhait!

Donc, même si Trump perd, l’Amérique ne sort pas gagnante de cette drôle de campagne. Bonne soirée d’épouvante!