Je suis toujours avec passion et vertige la politique américaine. J’appelle ça depuis 2016 «Trump TV». Une sorte de série télé qui va si vite que nous en sommes déjà à la 56e saison. Ces temps-ci? Quasiment une saison par jour! Tous les ingrédients y sont: Enjeux internationaux, sexe, drôleries, absurdités, mensonges, trahisons, intrigues, corruption, atmosphère de fin du monde… Une dystopie drolatique et bédéesque!
Et dans cette «série», le Président réel scénarise et est scripteur des humoristes de fin de soirée: ça devient drôle même si le rédacteur des jokes est le Président ou son entourage (Rudy Giuliani est particulièrement oscarisable comme rôle de soutien).
Alors, dans le dernier épisode, l’appel téléphonique Trump/Zelensky (Président ukrainien, lui aussi ancienne vedette de télé: il personnifiait le Président du pays dans une série populaire en Ukraine avant de se faire élire…). Et Poutine en manipulateur du Grand jeu qui se joue ici, pendant que Trump ne se préoccupe que de SON intérêt. Il atteint le paroxysme du détournement du Bien public… Son histoire personnelle et sa gouverne incarnent celui qui n’a jamais été confronté aux conséquences de ses gestes. Un enfant-Roi Président. Mais là, Trump rencontrerait-il son Waterloo? Dans cette tentative explicite d’inviter un État étranger à intervenir dans le processus démocratique des États-Unis? Le Président des États-Unis définit-il sa politique étrangère (aide militaire à l’Ukraine, ou non) selon ses intérêts personnels? Cherche-t-il à tromper son peuple? Est-il en train de franchir indûment le principe de la séparation des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire qui en est une composante?
Voilà les questions de l’enquête annoncée cette semaine par la Chambre des représentants, responsable du déclenchement de la procédure de destitution aux USA. Si après enquête, une majorité (219 représentants/435) accuse le Président d’un crime ou de haute trahison, ces accusations sont transmises au Sénat (51 républicains et deux indépendants/100 sénateurs) qui décidera alors s’il veut entendre l’affaire et si oui, si on prononce la destitution du Président des USA à raison d’un vote aux 2/3 (67 sénateurs/100).
Si vous vous rappelez du rapport Mueller portant sur l’enquête des intrusions de la Russie dans l’élection de 2016 (Trump TV saison 17), celui-ci établissait que le Président avait commis ou cherché à commettre des actes de collusion avec la Russie et des actes d’obstruction à la justice, mais le rapport refusait de mettre en accusation le Président, se basant sur un avis juridique du Département de la justice datant des années 1970 qui formulait le principe qu’un Président en exercice ne puisse être accusé par ce Ministère. La constitution des USA donnait plutôt au Congrès (Chambre des représentants et Sénat) la responsabilité de déclencher des enquêtes et de prononcer la destitution. Le rapport Mueller a établi les faits. Au Congrès de juger si ceux-ci méritent le dépôt d’accusations.
Jusqu’à maintenant, cyniquement je dirais, Nancy Pelosi, leader des démocrates à la Chambre, se refusait à enclencher le processus de destitution, sous prétexte qu’il était préférable de battre Trump par les urnes… Mais avec le dernier scandale, le parti démocrate pense pouvoir faire comprendre aux électeurs la gravité du geste et la responsabilité directe du Président… Je déplore qu’on ait attendu pour des raisons qui relèvent plus de stratégies que de principe. Alors? Trump tombera-t-il ?
Impossible de prédire, surtout en ces temps fous. Mais je me lance, en mêlant mes souhaits à mes prédictions: les Américains devront choisir en 2020 entre le tandem Warren/Buttigieg contre Trump/Pence…
Je vous reviens plus tard pour justifier ces deux prédictions: la non-destitution de Trump et le tandem Warren/Buttigieg. Stay tuned for the next season of Trump TV!
Évidemment, avec les USA, à gauche comme à droite, quand on sait pas, c’est parce qu’on sait: les USA, c’est des méchants!!! Sans blague, je ne souhaitais pas que Trump se présente en 2020, même si j’aurais voté pour lui, en 2016. L’urgence était là! Mais passée l’urgence, faut s’en aller!!
Un traité de collaboration juridique entre l’Ukraine et les USA fut élaboré par les Démocrates de Clinton et l’Ukraine en 1998, et signé en 2001 par les Républicains de Bush en 2001. Il y est spécifié que les deux gouvernements peuvent enquêter sur des interventions illégales en politique et en affaires , émanant de « sources étrangères ».
Et les gouvernements américains l’ont fait souvent, quand l’urgence le demandait. L’urgence monétaire, pas l’urgence climatique, soyons clairs! Trump s’épuise la colère , et ça commence à porter fruit. L’Ukraine vient de déclencher une enquête sur les liens affairistes potentiellement politiques entre les Biden et l’Ukraine.
Comment tout cela va finir? Je sais pas. Mais je vois ceci, qui m’inquiète: depuis trois ans, CNN, le New York Times et le Washington Post s’épuisent en attaques personnelles contre Trump, l’homme. Ça va de rumeurs venant de lanceurs d’alerte anonymes, en extraits de citations hors contexte, et de dessins agités de caricaturistes qui se branlent le crayon sur des photos de Donald Trump…
Votre prédiction me semble vraisemblable! Mais j’en vois une autre, plus loin: si Trump est réélu, ce pourrait être la fin abrupte et définitive des trois médias américains cités plus haut. Le New York Times, je le trouvais déjà facétieux, snob et prétentieux, en 1969, comme sa ville natale quand j’y suis allé, et en suis parti, très déçu. Et en 2019, les Noirs, les jeunes, les moins friqués s’en vont vivre ailleurs, en urgence.
On verra…
Warren/Buttigieg ouache Trump va se régaler à détruire ce ticket insignifiant. Si Trump (et Pence) ne sont pas destitués seul Bernie Sanders et son impressionnant mouvement populaire peut écraser Trump. L’enthousiasme généré par la candidature de Sanders chez les gens du peuple aux États-Unis va assurer son élection. Warren est une fausse progressiste qui ne réglera rien aux États-Unis car leur problème fondamental est la mainmise des pouvoirs de l’argent sur la politique et Warren ne propose rien à ce sujet et a même indiqué qu’elle prendra l’argent (et l’influence) des riches et des corporations si elle remporte l’investiture démocrate. Tous les candidats démocrates sont corrompus (y compris Warren) par les lobbys. Seul Bernie Sanders refuse l’argent des riches et des corporations et mène une campagne de financement populaire avec un succès spectaculaire.
Je vais expliquer plus tard ma prédiction. Mon premier choix serait moi aussi B. Sanders, mais je crois qu’il a raté son occasion en 2016 et ses récents ennuis de santé fragilisent sa candidature… Et contrairement à vous, je crois que Warren est la plus proche de Sanders sur le plan des idées parmi toutes les candidatures démocrates… J’approfondirai ma réflexion plus tard, je manque de temps ces jours-ci…
En ajout à mon commentaire, ceci, un vœu bien davantage qu’une certitude: Trump a toujours été en rupture, en guerre, contre les bureaucraties gouvernementales. Comme homme d’affaires, bien sûr, mais par tempérament aussi.
Se pourrait-il que sa destitution, ou sa démission, avant le prochain scrutin, se pourrait-il que cela soit encore plus dommageable aux Démocrates, devant un homme en colère qui s’y mêlerait, un « outsider », fort connu, un ex-président, qui attirerait en sa faveur, et celle des républicains, de nombreux électeurs de gauche, en colère contre une bureaucratie tentaculaire, des électeurs depuis longtemps acquis aux Démocrates?
Je pose la question, comme je me la pose, « icitte » au Québec, et au Canada de Justin, pour le scrutin du 21 octobre…