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Les bulles de Jean Charest

Ça grouille et scribouille beaucoup ces temps-ci à Québec.

Le sujet: sous la pression qui monte sans cesse, Jean Charest s’apprêterait-il à instituer une forme ou autre de commission d’enquête?

Dans La Presse de ce matin, on annonce que oui: http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/crise-dans-la-construction/201110/05/01-4454656-charest-sapprete-a-declencher-une-commission-denquete.php

Une des raisons: comme j’en faisais état dans ma chronique mise en ligne et hier (1), même des Libéraux notoires en ont ras-le-pompon du blocage de leur chef sur une question qui provoque depuis presque trois ans, une colère sans nom au sein de la population.

Pendant qu’au gouvernement – en chemin vers le congrès du PLQ -, ça lance des ballons et des bulles à gauche à droite, non par hasard, in abstentia d’un  premier ministre en voyage officiel dans les vieux pays, voilà que ce dernier s’amuse, lui aussi, à émettre des bulles sybillines.

Donc, ouvertes à toutes les interprétations possibles.

Et M. Charest de dire ceci à Paris: «Le gouvernement va prendre le temps de mesurer chaque choix, mais le simple fait que dans ces derniers jours on ait une meilleure idée, tout le monde, des conséquences qu’une enquête publique ou privée a sur des enquêtes policières ça devrait nous aider à mieux comprendre le sens de chaque chose».

Bref, le premier ministre ne «nie pas» y songer, mais ne le «confirme pas» non plus. Un grand classique.

Traduction: le gouvernement cherche désespérément à trouver un moyen, n’importe lequel, pour calmer la population.

Mais attention. Ce sera sûrement sans aller pour autant jusqu’à créer une commission d’enquête publique et indépendante.

Pour tout dire, si jamais il y avait une espèce de commission d’enquête ou autre formule – ce qui demeure un très gros «si» – il faut s’attendre à ce que la chose se passerait essentiellement à huis clos. Et donc, derrière des portes closes.

Sans compter que le gouvernement chercherait à «baliser» fortement son mandat, son fonctionnement… et son président.

Bizarre comment des souvenirs de la commission Bastarache remontent tout à coup à la surface…

Ce qui serait, bien entendu, une «solution» inacceptable dans un contexte où, après tout, c’est d’un détournement massif de fonds publics, depuis plusieurs années, dont il est question.

Après tout, si un simple programme des commandites valait une commission publique au fédéral, sûrement que des centaines de millions, voire des milliards de dollars des contribuables québécois engloutis au fil des ans grâce à des pratiques douteuses ou carrément illégales, valent bien aujourd’hui une commission véritablement publique et indépendante.

Or, sur cette question, le gouvernement a fait son lit. Clairement.

Et ce, depuis 30 mois déjà…

Bref, même si, en théorie, tout est possible en politique, force est de constater que ce gouvernement et ce premier ministre ne voulaient PAS, ne veulent PAS et ne voudront PAS d’une commission d’enquête publique et indépendante.

Point.

Et ce, avec ou sans élections générales d’ici quelques mois…

Autre «dommage collatéral» d’un air du temps politique empoisonné

Ce soir, à 21h00, sur les ondes de Télé-Québec, l’ancien premier ministre Jacques Parizeau sera de l’émission Bazzo.TV.

Le Devoir de ce matin en rapportait quelques brefs extraits, dont celui-ci: «Quand les Québécois commencent à se dire que peut-être ils sont des « pas bons », il est temps qu’ils changent de gouvernement, de leader».

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/333026/jacques-parizeau-a-bazzo-tv-le-temps-de-changer-de-gouvernement

Cette observation est fondamentale en ce qu’elle fait état de l’effet de contagion au sein même de la population de cette accumulation d’histoires de collusion, de corruption, de favoritisme, d’usage de prête-noms pour financier illégalement les partis politiques, de dilapidation de fonds publics, d’infiltration de la construction par la mafia, etc….

C’est ainsi qu’une atmosphère du «tout est pourri» s’est installée.

Une accumulation telle que, face à l’inaction continue du gouvernement, combien de Québécois, en plus de critiquer avec raison leurs élites politiques, se mettent également à se dénigrer eux-mêmes, collectivement?

De toute évidence, l’observation de M. Parizeau participe d’une toute autre vision du leadership politique.

Soit celle d’un leadership dont l’objectif est plutôt de tenter d’insuffler à une population suffisamment de confiance en elle-même pour qu’elle se sache capable de faire de grandes choses…

(1)   https://voir.ca/chroniques/voix-publique/2011/10/05/les-indignes-de-la-grande-allee/