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Premier vol officiel de la CAQ

 

 

Ce lundi matin – flanqué de son associé Charles Sirois et d’un nouveau logo -, François Legault comparait l’exaltation de lancer un nouveau parti avec celle qu’il avait ressentie, à la même date, il y a de cela 24 ans, au décollage du premier vol d’Air Transat – l’entreprise qu’il lançait alors avec d’autres hommes d’affaires.

Le vol en question: Montréal-Acapulco. Ah… Passer de la grisaille au soleil… La métaphore devient pas mal plus politique dans la perspective de la CAQ…

La Coalition pour l’avenir du Québec devient en effet la Coalition avenir Québec. Bref, même s’il y a un nouveau logo et un nouveau site internet, la CAQ est encore la CAQ…

Question de vous faire une idée de son «offre de service» et d’offrir votre point de vue, vous trouverez ici le texte complet de son «plan d’action».

(* J’y reviendrai d’ailleurs dans ma chronique mise en ligne ce mercredi et en kiosque, ce jeudi.)

Changer pour changer?

Le fond de l’air étant au rejet des élites politiques en place, M. Legault cherche bien évidemment à se présenter comme l’incarnation du «changement». Ce qui, même si la chose est oubliée, est en fait une habitude chez l’ancien ministre péquiste…

Et voici en quels termes il décline son mantra: «Le mot-clé ici, c’est «nouveau». Nous voulons du nouveau, du changement.»

Or, une incantation ne créée pas en soi le changement.

Car hormis la création d’un poste de Commissaire à l’intégrité de la vie publique nommé par l’Assemblée nationale, les idées «neuves» y sont plutôt rares.

(En passant, si le concept de «nouveauté» est toujours vendeur en politique lorsque le contexte s’y prête, ce n’est pas non plus parce qu’une idée est «nouvelle» qu’elle en devient automatiquement «bonne» pour une population. Mais ça, c’est une autre histoire…)

En fait, même l’idée d’un commissaire à l’intégrité suppose que la pieuvre de la corruption et de la collusion sera terrassée par un «commissaire» plutôt que par l’adoption de pratiques claires pensées sur mesure pour empêcher la collusion et la corruption. Et non seulement pour tenter de l’exposer lorsqu’elle a lieu.

Pourtant, dans le «plan d’action» de la CAQ, on se contente de parler de «mécanismes» à mettre en place sans les nommer.

Et  l’idée «neuve» d’abolir les agences de santé? Le PLQ s’y était engagé en 2003 en promettant d’abolir les Régies régionales de santé. Mais une fois au pouvoir, il n’a fait qu’en changer le nom pour «agences de santé»…

Abolir les commissions scolaires? C’est de l’ADQ pur.

Quant à l’idée de mettre de côté autant la réalisation de la souveraineté que le renouvellement du fédéralisme, n’est-ce pas précisément la combinaison des positions respectives du PQ, du PLQ et de l’ADQ?

Un «souverainiste de gauche»?

En fin de semaine, Jean Charest qualifiait François Legault de «souverainiste de gauche».

Ce lundi, il ajoutait même que M. Legault aurait un «agenda caché» /sic/.

De toute évidence, avec moins de 20% d’appuis chez les francophones, le chef libéral cherche surtout ici à consolider la base électorale du PLQ – maintenant principalement anglophone et allophone.

Et donc, pour ce faire, il tente de faire passer François Legault pour un méchant «souverainiste de gauche», alors que dans les faits, la CAQ enterre cette option six pieds sous terre et que le plan d’action caquiste est essentiellement de centre-droite. Ou de droite, c’est selon. (Je reviendrai aussi sur cet aspect.)

On peut même prendre le tout sous l’angle de l’absurde: si François Legault était vraiment un «souverainiste de gauche», ce n’est pas avec l’ADQ qu’il négocierait un futur mariage d’idées et d’intérêts, mais avec Québec solidaire!

Le premier ministre s’est aussi beaucoup moqué des nombreux «on verra» dont M. Legault a truffé son point de presse en réponse à des questions plus pointues des journalistes.

Or, cette attaque du premier ministre risque de tenir un peu plus la route.

Pour une bonne raison: en point de presse, après plus d’un an de préparation et de réflexion, le chef caquiste, en effet, a laissé planer un flou artistique étonnant sur plusieurs sujets.

Étonnant pour un homme qui, après tout, ambitionne de devenir premier ministre. Un jour.