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Lisette Lapointe chez Option nationale (suite)

 

Dans ce billet précédent, j’analysais l’arrivée de la députée Lisette Lapointe chez Option nationale – le nouveau parti du député indépendant et démissionnaire du caucus péquiste, Jean-Martin Aussant.

J’y faisais état que Mme Lapointe – laquelle reste députée indépendante -, conservait également sa carte de membre du Parti québécois.

Sur les médias sociaux, cela semble en avoir étonné plus d’un.

Le geste pique en effet la curiosité.

Or, en entrevue qu’elle m’accordait en fin d’après-midi, voici en quels termes la députée de Crémazie s’en est expliquée.

Si elle  demeure députée indépendante, c’est, dit-elle, parce qu’elle fut «élue sous la bannière du PQ», mais qu’elle a «démissionné sur des questions de principes». Dont certains dossiers où il «était extrêmement difficile de se reconnaître dans le Parti québécois».

Bien sûr, il y avait le très controversé projet de loi 204 sur l’amphithéâtre de Québec. Mais d’autres aussi.

Surtout, il y avait ce désaccord de fond quant à la stratégie de «gouvernance souverainiste».

Mais pourquoi alors conserver en même temps sa carte de membre du PQ?

Sa réponse: «j’espère toujours qu’il y aura des changements profonds au Parti québécois sur la clarté de la démarche à l’égard de la souveraineté».

Mais aussi, ajoute-t-elle, sur le besoin «de se rapprocher des préoccupations des citoyens» (…) «le Parti québécois est devenu tellement électoraliste! Quand on parle de dossiers sensibles comme l’exportation de l’amiante, là, il ne fallait pas vraiment parler de ça. (…) Plusieurs dossiers comme ça ont été difficiles à avaler, si l’on veut.»

Sur l’option du PQ, Mme Lapointe déplore fortement que l’on n’y ait pas prévu la «préparation» de la souveraineté: «c’est inacceptable». 

«Ça prend des changements profonds», argumente-t-elle, «et ce n’est pas simplement en changeant la tête qu’on va y arriver. Il faut que ce soit un mouvement très fort».

Et si elle rejoint Option nationale, tout en conservant, insiste-t-elle, sa «liberté» comme députée indépendante et sa carte de membre du PQ, «c’est parce que justement, Jean-Martin Aussant a cette volonté de mettre de l’avant les raisons pour lesquelles on doit être un pays indépendant».

Selon Mme Lapointe, il y aurait aussi «beaucoup de membres du Parti québécois, et même de personnes qui l’ont déjà appuyé, qui sont déçues en ce moment, et qui peuvent, sans le renier, se joindre à Option nationale. Et si les changements profonds qu’on espère surviennent au Parti québécois, à ce moment-là – et c’est dans la plateforme même d’Option nationale -, il y aura moyen pour qu’on puisse se rallier ou réintégrer» le PQ.

Son observation: «il y a beaucoup de souverainistes qui ont eu le goût de militer pour l’indépendance et qui, en même temps, ont le coeur accroché au Parti québécois. Et que si les choses changent, ils vont revenir au bercail. (…) On ne casse pas comme ça avec une grande famille après toutes ces années-là

Et la députée de  rappeler que dans les années 1960, plusieurs indépendantistes étaient membres du RIN et du MSA de René Lévesque en même temps. Et qu’ils l’ont été jusqu’à ce que le RIN se saborde pour créer le PQ.

Encore plus clairement ici:  Option nationale est «une fenêtre que je trouve extrêmement intéressante. (…) En ce moment, le Parti québécois est au neutre. Alors, il faut qu’on fasse autre chose. Il y a aussi le Nouveau mouvement pour le Québec, que j’appuie. Tout ça est important. Sinon, c’est un petit peu décourageant (…) Mais s’il n’y a aucun changement au Parti québécois, je n’y rentrerai pas.»

Quant à Québec solidaire, Mme Lapointe précise qu’elle est «près de ces gens», mais qu’elle est «beaucoup plus près d’Option nationale». Selon elle, il «pourrait sûrement y avoir éventuellement des ententes avec QS (…), mais pour l’instant, je ne sens pas du tout une volonté d’alliance entre QS et le PQ».

***

Bref, si Mme Lapointe n’a pas l’intention de déchirer la carte du parti dans lequel elle a milité aussi longtemps, c’est essentiellement parce que pour le moment, elle y espère encore des «changements profonds» quant à l’orientation du PQ sur son option. Et ce, insiste-t-elle, indépendamment de qui le dirige. Ou le dirigera.

Un sentiment qui, s’empresse-t-elle d’ajouter, serait également partagé par de nombreux souverainistes…