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Lorsque le commissaire au lobbyisme suggère de renforcer la loi…

 

 

L’«affaire» du nouvel amphithéâtre de Québec est de retour dans l’actualité.

Cette fois, c’est par le biais d’une enquête menée par le Commissaire au lobbyisme, dont le rapport fait état de «communications d’influence» faites par un certain nombre d’entreprises auprès du négociateur nommé à cette fin par le maire Régis Labeaume.

Pour les détails, voir ici.

Pour le rapport complet, voir ici.

Mais comme la loi sur le lobbyisme a de nombreuses lacunes, dont, entres autres, un délai de prescription ridiculement bref d’à peine un an (!) -, rares sont les entreprises qui ont à subir la moindre conséquence lorsqu’elles se livrent à des activités de lobbyisme sans s’être inscrites au registre des lobbyistes.

Et donc, ce qui frappe encore plus dans le communiqué de presse, est la suggestion formulée par le Commissaire lui-même de modifier la loi dans le sens suivant:

«Afin d’éviter que certaines communications d’influence échappent aux règles de transparence ainsi qu’aux autres règles d’encadrement du lobbyisme, le commissaire au lobbyisme estime que des modifications devraient être apportées à la Loi. Il propose donc que les personnes agissant au nom de titulaires de charges publiques soient considérées comme des titulaires de charges publiques lorsqu’ils font l’objet d’activités de lobbyisme. De plus, le commissaire au lobbyisme recommande d’allonger le délai de prescription qui est actuellement limité à un an

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Or, pour mieux comprendre les limites avec lesquelles le Commissaire doit faire, il faut remonter à la genèse très politique de la Loi sur le lobbyisme – ce que j’expliquais ici, en 2009, dans un billet.

J’en reprends donc les principaux éléments.

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Le poste de commissaire au lobbyisme fut créé en 2002, un peu à la va-comme-je-te-pousse. Politiquement parlant.

C’est-à-dire, essentiellement pour répondre à la tempête politique qui découlait de l’«affaire Oxygène 9», une firme proche de certains ministres du PQ, dont avait fait partie le directeur général du PQ à l’époque, et alors soupçonnée d’avoir tiré profit de ses liens privilégiés.

Ayant voulu expédier le tout le plus rapidement possible, le gouvernement Landry adoptait une loi créant un poste de commissaire au lobbyisme.

Cherchant surtout à contrôler le dommage politique causé par l’affaire Oxygène 9, les coins de cette loi ont été tournés un peu rond. Le gouvernement s’est aussi assuré que cette loi n’importunerait pas trop les élus.

Bref, à la décharge du commissaire au lobbyisme, le vrai problème est que l’économie générale de la loi a été pensée sur mesure afin de jeter les projecteurs sur les lobbyistes – et encore, avec peu de dents -, et non sur les élus et leur éthique. Bref, on dirait bien un tigre de papier.