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Duceppe-Marois: un combat à finir? (suite)

 

 

Hier, sur mon blogue, j’analysais plus en profondeur les tenants et les aboutissants du combat auquel on assiste pour la chefferie du PQ entre Pauline Marois et Gilles Duceppe.

Et traçais les contours de deux clans que j’ai baptisés les pro-Duceppe et les anti-Duceppe… Incluant ceux dont l’appui à Mme Marois semble servir plus leurs propres ambitions de chefferie éventuelle que de constituer un appui réel.

En cela, Mme Marois, en restant, devient pour eux un bouclier politique pour empêcher la venue de M. Duceppe… Tout comme sa mise soudaine en «disponibilité» à dix jours du conseil national, en provoquant ces appuis circonstanciels à la chef péquiste, aura lancé bien involontairement une bouée de sauvetage à Pauline Marois.

Il faut vraiment bien connaître ce parti pour en comprendre certains de ses mystères les plus opaques… 

Donc, ce matin, en conférence de presse, après deux jours de silence alors que l’entourage de M. Duceppe faisait état de sa nouvelle «disponibilité», au cas où, Mme Marois, comme en 2007, a signalé que ce combat, comme dans un western, elle l’assumait et le mènerait.

À la lumière de mon analyse d’hier, cela n’est guère surprenant.

Si l’on décode ce qu’elle a dit ce matin, hormis les références habituelles aux «militants» et au «caucus», était essentiellement ceci: pas de nouveau vote de confiance, pas de putsch, pas d’alliance stratégique avec Québec solidaire et pas de modification à ses orientations, dont la «gouvernance souverainiste» controversée jusque dans ses propres rangs. Point. Prochain appel.

Certains y verront de la persévérance, d’autres de l’entêtement et un manque d’ouverture. Incluant envers certains de ses députés démissionnaires. Ce sera selon le point de vue.

Mais surtout, en cette année électorale, on le verra aux résultats des prochains sondages…

Et ce sont en effet les prochains sondages, bien plus encore que la «disponibilité» de Gilles Duceppe, qui diront si Mme Marois, en se cramponnant, aura marqué des points sérieux auprès de l’électorat ou se sera simplement achetée un sursis. Pour elle et à son parti.

Ce matin, Mme Marois disait qu’elle assumerait ses responsabilités «jusqu’au bout» pour «offir une véritable alternative» au gouvernement Charest et à la CAQ de François Legault. Or, si les appuis au PQ ne remontent pas de manière plus sérieuse au cours des prochaines semaines, plusieurs conclueront que ce message ne passe tout simplement pas.

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«Stabilité, s’unir et construire»

Tel était le message posté ce matin sur Twitter par le Nouveau mouvement pour le Québec.

En cela, il rejoignait le message de la chef péquiste – un message qui, de toute évidence, s’adressait à l’ex-chef bloquiste. Appelons-ça un télégramme politique envoyé par l’entourage de Mme Marois à celui de M. Duceppe. Mais aussi, à son caucus et ses militants.

Les candidats arrivent…

 Tel que rapporté hier, Mme Marois était flanquée de son nouveau candidat «prestige»: Daniel Breton, lui-même un ex-candidat défait du NPD. Mais surtout, comme je l’écrivais hier, un écologiste respecté.

Un des fondateurs de Maîtres chez-nous 21e siècle (MCN21 Énergie), M. Breton dit se joindre aujourd’hui au PQ – l’année du 50e anniversaire de l’élection ayant mené à la nationalisation complète de l’hydro-électricité par le gouvernement Lesage et son ministre René Lévesque -, pour combattre la «braderie» qu’est le Plan Nord de Jean Charest et la vente des multiples ressources naturelles à des intérêts privés.

Lorsque M. Breton dit passer au PQ dans l’espoir d’ enclencher la deuxième «phase» de ce fameux «Maîtres chez-nous», ce n’est pas de la souveraineté du Québec dont il s’agit, mais d’indépendance énergétique, entre autres, «par le développement accéléré des énergies vertes».

Pour une élection où ces questions cruciales pour l’économie du Québec risquent d’être des enjeux importants, l’arrivée de Daniel Breton tombe à point pour le PQ.

Sans oublier l’ironie de cette annonce qui suit de quelques jours celle du passage moins glorieux de l’ex-ministre responsable du Plan Nord, Nathalie Normandeau, à une firme dont certains clients sont plus qu’intéressés à tirer un profit maximal de celui-ci.

Voir sur cette question, ma chronique «Keching-keching!».

Et qui suit également le passage prévisible du député François Rebello du PQ à la CAQ. Pourtant réputé pour ses préoccupations environnementales, il s’est joint à un parti dont le plan d’action dit fort peu sur ce sujet…

En dernière heure, mon collègue Pierre Duchesne de la SRC rapporte que le docteur Réjean Hébert serait aussi candidat pour le PQ. Il est l’ex-doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke et un ex-candidat du PQ à l’élection de 2008.

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De toute évidence, Mme Marois entend se rendre au conseil national de la semaine prochaine en un morceau. Ou presque.

Lundi, elle prononcera aussi une conférence à l’Université de Montréal dans le cadre de la Semaine de la souveraineté. On s’attend à ce qu’elle parle évidemment du sujet en question. Or, sur le fond, rien ne semble vouloir changer quant à sa «gouvernance souverainiste». À suivre.

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Y aura-t-il un prochain épisode?

Pourtant, au-delà de tout ce branle-bas de combat entre la chef péquiste et l’ex-chef bloquiste, encore une fois, les prochains sondages diront si, oui, ou non, de nouveaux épisodes du combat Marois-Duceppe s’ajouteront d’ici la prochaine élection générale…

Car dans les faits, au PQ, plusieurs songent déjà à l’après-Marois. Qu’il arrive avant l’élection générale ou après.

Même l’éternel rival de Pauline Marois, l’ancien chef Bernard Landry, préparerait une sortie pour la semaine qui vient…

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Et pour le moment, Jean Charest ne doit pas être tout à fait mécontent de la tournure actuelle des événements…