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L’éducation supérieure: droit ou privilège?

 

 

Aujourd’hui, c’est plus de 30 000 étudiants des cégeps et universités qui, à travers le Québec, font grève pour protester contre la hause des frais de scolarité imposée par le gouvernement Charest: soit pour 325$ par année sur les prochains cinq ans.

Facture à terme de cette augmentation pour chaque étudiant: 1 625$.

Un peu partout, des votes de grève se prennent pendant que d’autres la refusent.

Cette grève, certains la jugent inutile et l’augmentation, amplement justifiée.

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Comme ce texte est particulièrement d’actualité en ce lundi 20 février 2012, voici ce que j’en écrivais ici en novembre dernier. Son titre: «Il était une fois une classe moyenne à bout de souffle»…

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Aujourd’hui, des milliers d’étudiants venus de partout à travers le Québec descendent dans les rues de Montréal pour dire «non» à l’augmentation des droits de scolarité édictée par le gouvernement Charest.

Une augmentation de 1 625$ sur les cinq années à venir. Une facture salée.

Au gouvernement et chez ceux qui appuient la mesure, on entend répéter, comme des mantras, que les droits de scolarité sont plus élevés dans les autres provinces; que les universités sont sous-financées; que c’est le prix à payer pour une éducation de qualité; que c’est un «investissement» pour les étudiants; que le régime des prêts et bourses garantira l’équité entre ceux qui auront les moyens de payer l’augmentation et ceux qui ne les auront pas, etc…

Mais bizarrement, aucune démonstration n’a encore été faite quant à plusieurs de ces arguments.

La gestion des universités? Serait-elle aussi fautive? On ne répond pas.

Et les centaines de millions engloutis dans des aventures immobilières catastrophiques et à l’éthique douteuse du genre Ilot Voyageur? On ne répond pas.

Que feront les enfants dont les parents de classe moyenne – déjà saignés à blanc par le collier d’augmentations de tarifs adoptés par le gouvernement – ne pourront pas couvrir la facture? On répond que les prêts & bourses le feront.

Or, quiconque a fait des études universitaires, a travaillé à temps partiel pendant celles-ci et ont eu des parents aux revenus limités ou moyens, sait que ce régime ne fait aucun miracle quant à l’accessibilité. Et il en fera encore moins face à des augmentations aussi élevées et aussi rapides.

Et que feront les étudiants qui, en plus, doivent couvrir une pléthore de frais supplémentaires parce qu’ils doivent aller étudier dans une autre ville ou village? On ne répond pas.

Et l’accessibilité? On répond que rien ne l’affectera. Chiffres pris dans d’autres provinces à l’appui.

Or, là aussi, ce qu’on ne dit pas, c’est que si autant d’âmes viennent peupler les universités et les «collèges», leur profil socio-économique, lui, comprend moins d’enfants de parents moins fortunés et de classe moyenne. Ou que certaines grandes universités au Canada anglais font de plus en plus appel aux étudiants fortunés de l’étranger.

Ici, une lecture  éclairante à recommander, courtoisie de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques: «Faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? Huit arguments trompeurs sur la hausse».

Bref, on ne s’en sort pas.

Plus des gouvernements de centre-droite et de droite affament leurs propres assiettes fiscales depuis des années pour cause de réduction du rôle de l’État et croissance de celui du privé; moins la fiscalité des provinces et du fédéral est progressive pour les particuliers et plus elle «libère» les entreprises en impôts et taxes.

Résultat: les mêmes gouvernements vont de plus en plus puiser directement dans les poches de la classe moyenne – en plus de ses propres impôts et taxes. Et ce, même pour les services publics les plus essentiels: la santé et l’éducation.

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Et pour une brillante démonstration, courtoisie de Camil Bouchard, de ce propos, c’est ici.