Avec l‘ajout annoncé ce matin de quatre inspecteurs, la «brigade» de deux inspecteurs du gouvernement pour les 468 CHSLD (*) du Québec – pour reprendre l’expression proprement risible de la ministre déléguée aux services sociaux Dominique Vien, passe maintenant à une véritable «armée» de six…
Mieux encore, on nous parle maintenant en terme d’«équipes d’évaluation»… La belle affaire.
En réaction et à titre de comparaison, voici ce que soulevait aujourd’hui le Parti québécois en communiqué: «le ministère de la Famille a procédé à l’embauche de 40 nouveaux inspecteurs, portant le nombre total à 58, pour un meilleur contrôle de qualité dans les garderies et les CPE. Au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, le nombre d’inspecteurs est passé de 4 à 40 pour s’assurer de la sécurité et du bien-être des animaux.»
Sans compter que ces «visites» des CHSLD ne se font qu’aux 18 à 24 mois.
On parle évidemment beaucoup, beaucoup de la qualité de la nourriture. Et donc, on annonçait ce matin que les inspecteurs devront dorénavant manger AVEC les résidents… Donc, c’est qu’ils ne mangeaient même pas avec eux avant? On vogue d’absurdité en absurdité. Pis encore, ce n’est même plus surprenant…
Or, si la qualité de la nourriture est une chose importante, il va sans dire, on semble oublier le reste. Dont, comme je l’expliquais ici, LE problème principal dans les CHSLD – ce qui n’exclut pas les autres: le manque de ressources humaines et matérielles. Bref, le manque de personnel – le manque d’un personnel mieux formé et capable de travailler dans des conditions aptes à offrir un «milieu de vie» réel aux résidents. Soit où la qualité des soins rencontre la compassion et l’humanisme. En attendant, la réalité est encore trop souvent d’une autre eau.
Bref, l’annonce de ce matin est de la «vieille» politique pour les «vieux»: on répond rapido à des reportages sans une réelle réflexion à plus long terme, ni action, quant au fond des choses.
Si vous avez une petite heure, allez visionner cet épisode sur les soins de longue durée présenté dans le cadre de l’émission Soins intensifs – cette série produite et animée par Claire Lamarche. Cet épisode montre les conséquences réelles, pour les personnes parmi les plus vulnérables d’entre nous, de ce manque de personnel et de ressources.
En passant, d’une très grande qualité, cette série diffusée sur les ondes de Télé-Québec est sûrement le secret le mieux gardé de la télévision québécoise.
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(*) CHSLD: Centre d’hébergement et de soins de longue durée.
@ Photo: site de l’émission Soins intensifs.
Pour épargner des sous, le gouvernement a coupé dans les services aux vieillards malades. Il en a confié la responsabilité à l’entreprise privée. Le but premier de l’entreprise privée n’est pas d’offrir un service essentiel de qualité mais bien de faire un maximum de profits pour satisfaire l’appétit insassiable des actionnaires. Belle mentalité.
Il faut à tout prix, soit reprendre la responsabilité des vieillards, soit serrer la visse à l’entreprise privée afin que les soins aux vieillards malades soient à la hauteur de leurs besoins.
Des amis qui ont visité la Suède se sont laissé dire que dans les foyers pour vieillards il y avait un employé par vieillard. Du un pour un. Le taux d’imposition en Suède est de 70 %. Cela doit comprendre les taxes et l’impôt. Ici, n’est-ce pas 60 % ?
Il faut à tout prix favoriser les soins à domicile, qui coûtent moins cher que les soins en institutions. Evidemment, moins il y aura de vieux en institutions moins il y aura d’argent dans les poches des actionnaires… 🙁
Notre gouvernement, PQ ou PLQ n’a pas à coeur le bien-être de nos vieux. Ces partis savent de quel côté leur pain est beurré. Nous aussi…
Connaissant le système de santé de l’intérieur, je ne crois pas que l’état seul peut répondre à l’ensemble des besoins des aînés, que ce soit via les CHSLD, les ressources intermédiaires ou les soins à domicile (lorsque la situation permet de recourir à des aidants naturels, ce qui sera de moins en moins évident). La seule porte de sortie, selon moi, ce sera d’en faire un défi collectif avec de fortes doses de bénévolat, d’engagement des familles et des collectivités, principalement les villes. Sans ce virage (déjà pris en partie par la communauté anglophone), nous assisterons impuissant à la multiplication des problèmes.
Vous avez tout à fait raison – l’État ne peut pas TOUT faire. Le problème est qu’il se déleste de plus en plus de ce qu’il DOIT faire. Dans le cas des CHSLD, on parle des personnes âgées les plus plus fragiles. Pour ce qui est des familles, elles sont à géométrie variable; les femmes se retrouvent encore souvent dans le double rôle et le double «shift», si vous me passez l’expression, d’aidante naturelle» et de travailleuse. Il reste que malgré tout, les soins à domicile et un engagement communautaire et bénévole encore plus important, comme vous le dites, demeurent en effet une voie importante.. Mais l’État, c’est-à-dire nous, doit pallier pour les situations, et elles seront de plus en plus nombreuses, où des personnes de plus en plus vulnérables ont et auront besoin non seulement de soins, mais que l’on dispense ces soins avec dignité et humanisme.
Après avoir lu votre texte, un mot m’est venu à l’esprit : angélisme.
Je ne dis pas ça par méchanceté. J’ai en mémoire un accident de la route dont une de mes soeurs fut victime. C’était entre Montréal et Ottawa. Elle s’est retrouvée dans le décors, comme on dit. De nombreux automobilistes ont continué leur chemin comme si de rien n’était. Le premier et le seul qui s’est arrêté pour lui porter secours a été un anglophone….
Les Québécois ne sont pas reconnus, lors des campagnes de charité transcanadiennes, pour être les plus généreux. En fait, il sont les moins généreux. Alors, croire que notre société se transformera en société très préoccupée par le sort du voisin…
Cela dit, je crois que vous avez raison et qu’une bonne partie de la solution se trouve là. Maintenant, quand et comment?
@ madame Legault
Comme observateur privilégié de ce qui se passe dans le réseau de la santé, je constate que l’organisation actuelle et son financement ont atteint le point limite. Il est anormal que le plus gros défi de gestion au Québec soit confié à un politicien. Tous ceux que j’ai vu passer au cours de 11 dernières années comme administrateur sur divers c.a se sont montré incapables de relever ce gigantesque défi, le plus sérieux ayant été le dr Couillard qui affirme maintenant tout haut qu’il faut sortir le politique de la gestion courante. Mais les politiciens tout parti confondu aiment tellement couper des rubans qu’ils n’avoueront jamais leur incompétence.
6 inspecteurs pour tout le réseau…. Allô!!!
De lire , de voir des reportages sur la situations de nos aînés me lèvent le coeur.
Faut il être un inspecteur pour aller voir ce qui s’y passe?
Si chaque député de comté se faisait un devoir de visiter 25% des centres qui sont sur son territoire, en dehors du temps des élections, si Monsieur Charest visitait 1 centre par 5 voyages qu’il fait hors du Québec, peut-être bien que la situation s’améliorerait.
Je trouve inconcevable que pour faire des profits on sous alimente les services que ces personnes sont en droit de recevoir.
Il y aurait peut être lieu de donner des primes de rendements aux centres qui s’occupent bien de cette clientèle qui a fait sa part pour le Québec d’aujourd’hui.