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Éclipse médiatique & commission Charbonneau

 

 

La grève étudiante et l’adoption de la 78 qui restreint les libertés fondamentales des Québécois ont effet d’une véritable éclipse médiatique. (Pour mon analyse de la loi 78, voir ici et ici.)

Même l‘ouverture des travaux publics de la commission Charbonneau y est presque passée  à la moulinette…

Si, comme la plupart des Québécois,  vous l’avez manquée, vous pouvez toujours visionner ici la présentation d’ouverture faite le 22 mai par la juge France Charbonneau.

Son mandat, on le sait, est vaste, couvrant  l’octroi de contrats publics autant au municipal, au provincial, dans les sociétés d’État, les garderies, etc.

Le tout, sous la thématique connue: corruption, collusion, construction, crime organisé, financement des partis et tutti quanti.

Hormis, le témoignage attendu pour le début juin de Jacques Duchesneau – l’auteur même du rapport explosif qui aura forcé la main du premier ministre au point de le faire reculer sur son refus obstiné pendant trois ans de créer une commission d’enquête –, les audiences susceptibles ‘être aussi d’intérêt public iront plus à  l’automne.

Ce qui, en fait, nous ramène à la grève étudiante et à loi 78…

Pourquoi? Parce que les travaux publics de cette commission, prévus pour l’automne , étaient précisément ce que le premier ministre aurait souhaité pouvoir éviter en allant possiblement en élections dès ce printemps.

Or, gros problème pour le gouvernement: c’est le premier ministre lui-même qui, dans les faits, vient de refermer sa propre fenêtre printanière avec les effets délétères de son refus de régler la gréve étudiante dans la conciliation et maintenant, avec l’adoption d’une loi spéciale qui provoque de plus en plus de colère au Québec et de vertes critiques hors de ses frontières.

Quant à la «fenêtre» de l’automne, elle coïnciderait directement avec les audiences publiques, potentiellement gênantes pour les libéraux, de la commission Charbonneau.

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En attendant, aujourd’hui, le scénario se répète encore une fois à Québec: la ministre de l’Éducation (changer ici le nom de Line Beauchamp pour celui de Michelle Courchesne)  invite les leaders étudiants à une «rencontre» – enfin, la FECQ et la FEUQ pour le moment -; les leaders de ces dernières se disent ouverts et prêts à négocier; etc., etc., etc.

 

 

Seule différence au scénario connu des trois tentatives précédentes avortées par le gouvernement lui-même: ce dernier, avec sa loi 78, croule sous les critiques, ici et hors Québec. Même l’appui populaire à la hausse des frais de scolarité recule.

En d’autres termes, la non résolution volontaire du conflit par le gouvernement pour cause d’appuis récoltés en échange dans de précieux sondages en année électorale, commence à lui coûter des appuis.

Bref, quel mauvais film…

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Entre temps, vous me permettrez de vous demander si, oui ou non, vous  faites confiance à la commission Charbonneau pour mettre à jour le système, les stratagèmes et les acteurs qui, de toute évidence, siphonnent les fonds publics depuis longtemps à des fins autres que celle de contribuer au bien commun des Québécois…