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Pourquoi j’ai très hâte au nouveau Godzilla

Cet été, le lézard règnera peut-être sur les tortues et les mutants. 

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Je comprends l’aspect potentiellement rébarbatif des blockbusters américains diffusés en été. On sait très bien que l’industrie du film américain est comme toutes les autres désormais: création à la chaîne de produits aux impacts prévisibles. Ainsi on produit, on promouvoit et on consomme un film comme on consommerait un iPhone, un Big Mac ou un tour de manège.

Et l’été, c’est la période des coups sûrs consécutifs (bien que ces coups ne soient jamais si sûrs que ça). En sachant que près de 95% des profits d’un film se font dans les trois premières semaines, on peut s’attendre à des dates de sorties suffisamment éloignées pour que des films issus d’un même studio ne se fassent pas trop de compétition.

Les gros compétiteurs pour la domination au box-office cet été? En plus des Tortues Ninjas (6 août 2014) et des Guardians of the Galaxy (1 août 2014), et  On trouve les X-Men, qui sortent tout leur arsenal pour cet opus: on fait appel à Bryan Singer qui, avec la première série de X-Men mettant en vedette Hugh Jackman, a mené la croisade aux cotés du premier Spiderman dans la domination du genre de super-héros au cinéma.

Mais ça ne suffit pas. On allie tous les gens qu’on aime des deux récentes séries de films: le duo adorable et mignon de Patrick Stewart et Ian McKellan (Professor X et Magneto) co-existe avec leurs versions rajeunies dans une adaptation d’un des récits les plus intrigants, dramatiques et glorieux de l’époque de la BD papier des X-Men, Days of Future Past,  tandis que ceux-ci n’étaient aucunement sous la loupe de Disney, Fox ou autre méga-studio. Michael Fassbender, un des acteurs les plus puissants de notre génération, y incarnera le jeune Magneto, Halle Berry est de retour dans toute sa splendeur, Peter Dinklage, fort de sa présence remarquable dans la série Game of Thrones, se retrouve de la partie, et Jennifer Lawrence, chouchoue du public et des médias, nous fera rapidement oublier Rebecca Romijn-Stamos, qui avait incarné la première mouture de Mystique. À ça, on ajoutera nos superhéros préférés des dernières séries et des robots géants venus pour les détruire, les Sentinels, qui semblent assez bien traduits à l’écran.

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Dans la promotion longue-haleine du film, les Sentinels ont fait partie de la campagne visuelle avec Empire qui présentait une vingtaine de personnages importants du film.

Sans oublier le vénérable Hugh Jackman qui, pour cause de collaboration de plus en plus étroite entre les grands studios et les superstars du web, apparaît dans cette vidéo profondément médiocre de Cyprien: Hugh Jackman a probablement été parachuté in-extremis sur le plateau, en se faisant dire d’offrir des drinks aux deux jeunes clowns, et les rédacteurs de cette capsule ne connaissent visiblement rien à la culture super-héros, tandis qu’ils dévoilent leurs muscles techniques pour la vidéo à l’occasion.

Mais pourquoi, en tant que jeune geek et ancien lecteur de comic books assidus, ai-je plus hâte à Godzilla qu’aux X-Men?

En somme, c’est parce que cette année, Godzilla est vraiment, vraiment gros.

Bien que cette information puisse sembler superficielle, issue d’un désir juvénile de voir des grosses explosions et des monstres géants, elle ne l’est pas nécessairement. J’ai récemment lu cet article fascinant de Motherboard qui expliquait les deux raisons principales, outre les capacités techniques des créateurs d’effets spéciaux, pour lesquelles Godzilla ne cessait de grandir au fil du temps.

– Tout d’abord, Godzilla est une créature japonaise. Initialement, selon son créateur, il était supposé incarner la bombe atomique, en un seul monstre, énorme, mutant, qui ravage des villes japonaises avec une furie divine. Et bien que l’époque ponctuelle de la crainte atomique soit révolue (enfin, dans l’esprit collectif, tristement), nous sommes désormais arrivés à une autre forme de menace: l’environnement, qu’on a si longtemps négligé, commence à nous répondre violamment. Godzilla n’est plus le symbole d’une bombe, il devient le symbole des changements climatiques. Ainsi, quand on voit les effets de l’énorme bête sur la ville, il ressemble davantage à un tsunami ou une catastrophe naturelle qu’une simple bombe.

– Deuxièmement, les villes se sont transformées. Apparemment, la taille des immeubles a grandi, et plus nos villes ont évolué, plus nos monstres ont du grandir et croître.

Source: Mashable
Source: Mashable

Ainsi, l’évolution physique de Godzilla représente l’évolution de nos environnements et de nos crises imminentes liées à ceux-ci. D’un rappel de Hiroshima à un rappel de Fukushima.

Sans oublier la présence de Bryan Cranston. Bien qu’il ne porte plus le chapeau de Heisenberg dans le nouveau film, les spectateurs entreront dans la salle avec l’image de Walter White comme le dernier grand monstre qu’ils ont vu dans une fiction, c’est à dire la sublime Breaking Bad. C’est donc normal que celui-ci se pose en opposition à Godzilla dans une lecture duelle du film: qui d’autre que Walter White peut davantage faire de mal à son environnement direct? Godzilla.

En s’opposant à celui-ci, l’énorme Bryan Cranston pourra peut-être se laver, une fois pour toutes, de son personnage désormais mythique. Son talent est tel que, si les cinéphiles entrent dans la salle en voyant Walter White, ils sortiront en voyant un nouveau Bryan Cranston, face au défi le plus important de sa carrière: se défaire de l’image du caïd qu’on a tous fini par adorer.

Parenthèse inutile: Stephen Colbert sera-t-il capable de délaisser le personnage conservateur hilarant du Colbert Report pour dominer les talk-shows nocturnes américains? À mon avis, oui. Mais ce ne sera pas facile. Il est très difficile de se défaire de la peau d’un monstre, parce que, comme on l’a vu, ceux-ci ont tendance à grossir avec le temps.

En parlant des monstres, voici une discussion absolument savoureuse pour les geeks à propos des monstres dans la culture populaire, gracieuseté du très pertinent Screen Junkies.