J’ai été impressionné la semaine dernière par les réactions vives inspirées par la citation du ministre Yves Bolduc, affirmant que nos enfants ne mourraient pas d’absence de davantage de livres dans leurs écoles. Une autre citation de Denis Lebel à propos de la nature malveillante des bénéficiaires de l’assurance-emploi a généré moins de frustration générale mais a contribué à une semaine de vacuité morale en provenance de nos élites politiques.
Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’on continue de voir les politiciens comme des potentielles autorités morales, dont les paroles pourraient nous enrichir spirituellement ou nous rassembler autour d’idées positives et motrices de changement.
Combien de fois devra-t-on être dégoûté de l’ignorance crasse de nos politiciens professionnels, de leur absence de culture et de finesse, de leur manque de compassion, de leur incapacité à comprendre clairement des enjeux, avant de comprendre que le rapport ne devrait plus être un de dialogue composé de mots et d’idées intéressantes, mais bien d’un pur rapport de force basé sur l’équilibre constant entre leur pouvoir politique et notre volonté collective de poser des gestes de pression via la mobilisation, les lobbys, les boycotts et les grèves?
Notre société est composée d’être brillants capables de s’exprimer et de dialoguer avec l’Autre, et la classe politique en est généralement privée. Tandis que les acteurs bien intentionnés sont rangés dans les couloirs de l’organisation et de la stratégie, les têtes d’affiches multiplient les bêtises aberrantes et les politiques qui ont tendance à affaiblir quelconque forme de filet social ou de sentiment de communauté élargie et tolérante. C’est quand, la dernière fois que vous avez été inspiré par la citation d’un politicien au pouvoir? Pendant cette grève de cols bleus? La charte? Le printemps étudiant?
Certes, Françoise David et Amir Khadir ont tendance à sortir des idées intéressantes, qui n’ont pas l’air d’être le pur produit stratégique d’un expert en communications voulant que chacune des phrases sorties par son ministre mou ramène potentiellement un vote d’un électeur de plus en plus blasé et déçu par ce corps politique. Mais ces deux exemples se posent quasiment exclusivement en figures d’autorités morales. Leur impact au gouvernement est probablement réel mais particulièrement minime, et ils font figure d’exception parmi la pléthore de politiciens frileux qui suivent les sondages avec un inquiétant manque d’imagination.
C’est aussi le résultat inévitable du rapport établi entre le pouvoir et la population. Notre discours politique est devenu un champ de mines particulièrement étroit, aux mots-clés approuvés pré-établis et aux mines prévisibles sur lesquelles un politicien tombera parfois accidentellement, nous procurant une semaine de scandale presque jubilatoire avant un morne retour vers l’absence d’idées provenant de l’Assemblée Nationale. En gros, soit ils sortent une cassette prévisible, soit ils commettent une petite erreur en sortant de la ligne de parti ou en dévoilant accidentellement les tristes limites de leur pensée professionnellement ambitieuse.
Nous votons pour eux. Je vote pour eux depuis une décennie et je ne me rappelle pas une élection pendant laquelle je n’ai pas fait le choix du moindre mal. Je ne me rappelle pas un débat pendant lequel un réel aspirant au pouvoir a su m’inspirer de l’espoir, une larme, un désir de m’impliquer, l’illusion temporaire que les choses peuvent s’améliorer nettement dans notre coin du monde relativement privilégié et doux, mais aux failles illimitées et aux possibilités d’améliorations multiples.
Pourquoi s’étonner lorsqu’un politicien dit quelque chose d’aberrant? Plutôt, il faudrait seulement voir leur gestes: les lois pour lesquelles ils votent, les changements structurels qu’ils essaient d’imposer, les programmes qu’ils veulent couper. Ensuite, rentrer dans une optique de négocation musclée, mais pas de dialogue ouvert et riche. À ce stade-ci, ils nous ont prouvé à maintes reprises qu’ils en sont généralement incapables. Et j’aimerais croire qu’il existe encore dans ce corps politiques des êtres humains dignes d’inspiration qu’on devrait suivre, mais à ce stade-ci ce serait surtout faire acte de profession de foi qui se fie davantage sur l’espoir que sur les preuves récurrentes de la débilité profonde d’une classe politique moralement perdue.
Encore du déni de la nature humaine.
Certe, nos politiciens sont débiles(ou presque). Vous avez raison. Mais, votre bourde est, lorque vous affirmez:
»mais bien d’un pur rapport de force basé sur l’équilibre constant entre leur pouvoir politique et notre volonté collective de poser des gestes de pression via la mobilisation, les lobbys, les boycotts et les grèves? »
Il n’y a pas de rapport de force. Le fameux »99% vs 1% », c’est de la bulls… de gauche naive. Tout ce qui existe vraiment, c’est 100 x 1%.
La gauche ne s’accorde pas. La droite ne s’accorde pas. Mon voisin n’a pas les même idées et morale que moi, que vous, et ainsi de suite.
On est 8 millions. 8millions de visions différentes.
Et on se méprise tous.
Terminer les concessions, nous sommes tous une planète unique, qui détient la vérité.
Et surtout, nos politiciens représente EXACTEMENT le niveau de notre société.
Exactement, exactement, exactement. Comme une horloge suisse.
« Le fameux « 99% vs 1% », c’est de la bulls… de gauche naive. Tout ce qui existe vraiment, c’est 100 x 1%. »
Je vous suggère l’excellent livre « Les milliardaires – Comment les ultra-riches nuisent à l’économie » de Linda McQuaig et Neil Brooks
Vous verrez si c’est de a « bulls…de gauche naïve ». Les données, les exemples et les comparaisons avec les époques passées sont précis et percutants.
Vous semblez n’avoir aucune idée de ce qu’est le 1% et de l’écart entre eux et nous. On parle pratiquement de deux mondes complètement différents.
Nous vivons dans l’économie réel, avec chômage, inflation, etc. Eux, vivant dans une économie purement virtuelle. Vous savez que le PIB mondial (ensemble de l’argent échangé contre biens et services) ne représente que 8% de « l’économie » ? Le reste est constitué entièrement de spéculations (monétaires, boursières, financières). Nous ne représentons, tous, qu’une simple statistique, et de faible importance, dans leur monde.
Quand un CA veut faire un gros coup d’argent en vendant leurs stock options (exemptés d’impôt à 50%, avant toute autre déduction), ils mettent à la porte quelques centaines (ou milliers) d’employés. Cela fait remonter automatiquement la valeur de l’action, leur permettant d’empocher (aux frais de l’entreprise qu’ils sont censés défendre*) un pactole. Parce que pour les spéculateurs, des mises à pied sont une bonne nouvelle.
*Les stock options sont tellement nocifs pour les entreprises que Microsoft s’est débarrassé immédiatement de toutes celles qui infestaient son entreprise il y a quelques années, quand a éclaté l’affaire Enron, la première d’une longue lignée de désastres provoquées par ces pratiques.
Lisez aussi les œuvres du prix Nobel d’économie Paul Krugman. Ou celle de l’autre prix Noble d’économie (et ex-président du FMI) Joseph Stiglitz.
Et quand le richissime milliardaire Warren Buffet déclare: « La lutte des classes existent et ma classe sociale est en train de gagner », c’est sûrement signe qu’il faut au moins s’interroger plutôt que de tout balayer du revers de la main avec un qualitatif choc et dérogatoire.