Vous devrez me pardonner, chers consommateurs virtuels d’informations quotidiennes dont la durée de vie est plus courte que celle d’une fille appréciant le sexe dans un film d’horreur des années 90. J’ai récemment fait des découvertes de tous genres, qui échappent un peu à la promotion ponctuelle de billets reliés à la déouverte de l’actualité, et je prends ce petit moment d’un dimanche glorieusement ensoleillé et froid pour partager ces découvertes et, par le fait même, remercier ces gens qui ont, volontairement ou non, placé des diamants réels sur mon parcours virtuel.
1. Littérature: The Dice Man, de Luke Rhinehart.
Le plaisir que j’ai à lire ce livre est incroyable. Il est rapidement en train de faire sa place dans les potentiels huit derniers livres dans ma liste des dix meilleurs que je n’ai jamais lus, après 1984 et Cent Ans de Solitude (ces deux-là seront difficiles à déloger). Effectivement, Dice Man se bat avec L’Énigme du Retour de Dany Laferrière, American Pastoral de Philip Roth, Lolita de Nabokov, City d’Alessandro Barrico et The Satanic Verses de Salman Rushdie. Mais de quoi s’agit-il, au juste?
Écrit dans les années 70, le livre présente un psychanalyste au physique imposant qui décide, d’un coup de tête, de ne prendre des décisions qu’au gré de dés qu’il consultera sans cesse. Si c’est un 2, il va embrasser ses enfants pour leur dire bonne nuit. Si c’est un six, il va violer la voisine. Vous voyez le genre. Le moment qui m’a le plus émerveillé, dans cet ouvrage qui a clairement eu une influence sur Fight Club (la notion de chapitres aléatoires qui s’établissent dans différents milieux et qui obéissent aux règles dictées par un leader anonyme, par exemple), c’est la mise en scène d’une soirée importante, pendant laquelle Rhinehart prend un temps considérable à dresser la liste des invités de renom à l’événement. Après avoir dressé le portrait des invités, qui incluent entre autres l’épouse qu’il vient de quitter, Rhinehart nous présente les six personnalités qu’il devra incarner à chaque dix minutes en fonction de dés qu’il consulte dans sa poche: un pervers total, un abruti muet (avec qui les psychanalistes auront des conversations enrhcissantes), un Jésus aimant, un homme de dés honnête, un manipulateur et un militant gauchiste. La scène est sublime. Le livre l’est tout autant. C’est une des découvertes littéraires les plus marquantes pour moi cette année.
Merci à: Frédérick Maheux, réalisateur, pour la découverte!
2. Télévision (genre): Bojack Horseman
[youtube]04vKBnuPFLk[/youtube]
Bojack est un cheval qui fut, jadis, le célèbre acteur principal d’un sitcom médiocre et excessivement populaire des années 90. Ses années de gloire sont loin derrière lui, même si son agente, une chatte du nom de Princess Caroline, lui cherche encore du boulot, tandis qu’une jeune auteure prend un temps fou à l’analyser et le fréquenter pour écrire ses mémoires. Tout d’abord, la série est absolument hilarante, les dialogues éclairs brillamment interprétés par Will Arnett (le génial Job dans Arrested Development incarne Bojack), Aaron Paul (Breaking Bad) et Patton Oswalt qui y joue un pingouin de chez Penguin Publishing. C’est hilarant, certes, mais c’est aussi très touchant, les mésaventures névrosées de Bojack étant assez universelles pour toucher les gens. C’est un univers dans lequel êtres humains standards et des hybrides entre animaux et humains se côtoient, et les résultats sont magnifiques dans leurs illustrations ponctuelles et les personnalités respectives des protagonistes. C’est sur Netflix. Y a douze épisodes de 25 minutes. Écoute ça tout de suite.
Merci à: Mon frère, qui a insisté pour que je découvre la série. S’il y a des amateurs de chaînes YouTube consacrées à des jeux vidéos dans la salle, je vous invite à vous abonner à sa page. Vous ne serez certainement pas déçus!
3. Musique: Cris Derksen
[vimeo]34552181[/vimeo]
J’ai fait jouer ses chansons en boucle dans ma tête suite à sa découverte. Sa musique s’inscrit explicitement dans un contexte de dialogue entre les origines amérindiennes et sa formation musicale moderne, et en plus d’être socialement intéressant, c’est musicalement merveilleux. N’étant pas très apte à parler de musique (contrairement à mes collègues ici), je vais vous laisser découvrir sa musique sans que mes mots ne créent une maladroite association sensorielle qui pourrait vous induire en erreur.
Merci à Émilie Monnet, artiste interdisciplinaire, pour la découverte!
4. Vlogue: Solange Te Parle
Cette femme merveilleuse est déjà connue, mais je partage ma découverte récente ici même si une petite partie en moi voudrait la garder comme un pseudo-secret. Comme une lettre touchante d’un amour disparu que je ne me permettrais pas de lire en pleine heure de pointe dans le métro, je me réserve les vidéos de Solange pour des moments sans divertissements extérieurs ou obligations autres. C’est mon plaisir coupable, le ton discret, honnête, assumé, juvénile, mature et intelligent de cette jeune femme française m’enveloppe et m’émerveille à chaque nouvelle vidéo que je regarde. Toutes ses vidéos me produisent cet effet, mais quand elle dresse une liste de personnalités avec qui elle voudrait partager son lit, pendant une heure, Solange ne fait pas que me parler, elle me tue.
[youtube]61ww9SbnfsU[/youtube]
Merci à Matthieu Dugal, animateur de l’émission La Sphère à Radio-Canada (entre autres): depuis qu’il a partagé une vidéo sur son fil de nouvelles, je suis dépendant aux discours de Solange. Je ne m’en remettrais probablement jamais.
Solange n’est pas que française. Elle à grandit à Montréal. Au secondaire elle gagnait les concours d’art oratoire. Elle est d’ailleurs graduée du collège Brébeuf (CEGEP). Pas étonnant. :)))
Wow! Merci pour ces recommandations « hors actualité ». Je n’en connaissais aucune. Je viens de regarder deux vidéos de Solange et je suis déjà accro. Je me promets de lire l’Homme-dé et de regarder Bojack.
Juste une petite précision: Solange est Québécoise. Oui, oui.
J’aime bien les capsules de Solange, mais, à titre d’information, elle n’est pas française. C’est une Québécoise qui a beaucoup travaillé pour perdre son « accent ». On le voit dans « Solange te parle… québécois », qui peut laisser une impression mitigée.
Il faut lire L’amour au temps du choléra!