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Ma quête vers 500: Julie Ledoux et Aimé Césaire

Dernier morceau dans ma quête vers les 500 livres lus: Cahier d’un retour au pays natal, d’Aimé Césaire, recommandé par Julie Ledoux. 

Julie Ledoux Aimé

Il y a des souvenirs qu’il faut dépoussiérer un peu.

J’ai lu Cahier d’un retour au pays natal il y a des mois, quand j’étais en pleine lecture de ces dix derniers livres qui me mèneraient à la marque absurde et dénuée de sens de 500 livres lus.

C’est mon amie Julie Ledoux qui me l’avait recommandé. Depuis, le souvenir précis de la poésie lucide d’Aimé Césaire se dissipe tranquillement dans l’espace restreint de ma mémoire.

Je ne m’imaginais pas l’existence du style littéraire d’Aimé Césaire, une sorte de poésie politique. Ça témoigne surtout de mon ignorance, mais c’était une belle surprise. Je suis rarement déçu quand on me recommande de la poésie. Que ce soit la bibliothécaire qui me conseille l’ensemble de l’oeuvre complète de Bukowski, Normand Baillargeon qui me dirige vers Prévert, ou bien mon amie et ancienne collègue qui me pointe le doigt vers cet auteur caribéen.

J’ai inévitablement pensé à Dany Laferrière, même si ce géant refuse souvent les catégorisations géographiques, nationales ou ethniques qui tentent de cerner (et donc d’emprisonner) une écriture humaine et personnelle. Mais j’ai vu dans Cahier la même force apolitique, le même mépris de celui qui veut gouverner, la même célébration jouissive et naturelle de la force vitale de l’humanité. J’y ai vu un rapport différent avec le mot nègre que lorsque je le lis dans Mars, de Fritz Zorn ou même dans Paroles, de Prévert. Un rapport intime, fraternel, puissant et presque provocateur. Je vais citer mon amie pour une mise en contexte plus rigoureuse.

« À l’origine de ce texte écrit entre 1936 et 1939 – puis modifié par son auteur au fil de la décennie suivante -, une volonté de l’auteur martiniquais de faire éclater sa «négritude», dans toute sa splendeur écrasée par le colonialisme. Ce mouvement de la négritude, dont il est à l’origine, avec ses jeunes collègues intellectuels noirs Léopold Sédar Senghor (du Sénégal) et Léon-Gontran Damas (de Guyane), fondé à Paris dans l’entre-deux-guerres, repose sur une acceptation multiple de soi et de ses origines.

Le recueil de Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, a ainsi contribué à jeter les bases d’une explosion poétique dans le monde noir, témoignage de la révolte et du militantisme au sein des cultures d’origine africaine. »

Ce texte est habité par un fol élan, qui donne l’impression de lire les pensées réfléchies d’un de ces hommes qui a compris la vie, ou qui y a compris quelque chose de fondamental. Je nage constamment dans la confusion personnelle, dans la quête identitaire, dans le questionnement intellectuel. J’ai l’impression de devoir ramper sur le sol, à la recherche d’une lentille perdue depuis longtemps qui pourrait m’aider à mieux voir le monde. Aimé Césaire n’a pas l’air d’avoir besoin de cette lentille. Il est lentille. En tant que petit garçon qui rampe à la recherche de soi, dans une situation de confort quasi-total, c’est inspirant de voir cet homme debout, qui d’un seul souffle s’attaque à l’oppresion politique, à la nature humaine, à la poésie et à l’hypocrisie.

Il s’agit d’un témoignage lucide et bref, efficace et frappant, qui se lit en un après-midi.

Et avec ma lecture de Soumission, de Michel Houellebecq, ça marque la fin de ce projet littéraire, qui représentait une quête vers les 500 livres lus.

La liste des 500

La quête

Mémoires d’Hadrien

L’accordeur de silences

Mars

Paroles et Esprit d’hiver

The Picture of Dorian Gray et Le Grand Partout

On Writing

Cahier d’un retour au pays natal et Soumission