C’est peut-être la tendance alimentaire la plus importante de l’année 2013: après avoir redécouvert le plaisir de transformer des aliments qu’ils ont ensemencés puis bichonnés, et caressé le rêve d’élever des poules pour avoir des œufs frais sous la main en tout temps, les foodies consciencieux seront invités à mettre en pratique les 3R de l’écologie à l’intérieur même de leur assiette. Fini le grand dilemme entre le local et le bio: il faut maintenant sauver les aliments de la poubelle!
Et ce n’est pas une mauvaise chose: selon un rapport produit en 2011 par le Food and Agriculture Organization of the United Nation, c’est une quantité astronomique équivalant à 295 kg de nourriture par personne qui est perdue ou jetée chaque année en Amérique du Nord, et plus du tiers de cette quantité est gaspillée directement par le consommateur. Aux États-Unis seulement, c’est environ 40 % de la nourriture disponible qui aboutit à la décharge, un triste record à l’échelle mondiale.
La partie la plus importante du gaspillage provient de l’industrie de la transformation. Alors même qu’ils viennent juste d’être récoltés, certains légumes sont déclassés ou jetés simplement parce qu’ils sont esthétiquement moins agréables à l’œil. Tant pis pour les carottes bipèdes et les tomates hydrocéphales parfaitement propres à la consommation: les acheteurs lèvent le nez sur les légumes mutants même s’ils sont tout aussi délicieux que leurs congénères normaux. Même chose pour les produits périssables, qui sont souvent jetés par les épiciers avant même d’avoir perdu leur première fraîcheur, à cause de la date d’expiration qui est perçue par les consommateurs comme un interrupteur qui modifie du jour au lendemain la qualité de l’aliment. Or, si le produit est pour être consommé ou transformé rapidement, il n’y a aucune raison de le gaspiller.
Il y a certainement une partie de cette nourriture jetée qui peut se retrouver ailleurs qu’à la poubelle. Connaître les rudiments de la cuisine peut aider à transformer un légume flétri en une base de saveur pour une sauce ou un potage. Surmonter son dédain pour les aliments qui ne sont pas au sommet de leur forme est aussi une étape à franchir. Pourquoi jeter un bloc de fromage au complet quand on peut seulement peler la partie affectée par la moisissure sans craindre lors de la consommation du produit? On n’hésite pourtant pas à manger des fromages à croûte fleurie!
Manger plus souvent à la maison, cuisiner plus, cuisiner mieux… Ce sont d’éternelles résolutions qui devront désormais se doubler du souci d’exploiter la nourriture au maximum. Sans nécessairement devenir freegan comme le propose Stéphanie Vallet dans son article sur le glanage de nourriture, une bonne façon de faire sa part commence sans doute par une bonne gestion du réfrigérateur et de son contenu. Cuisiner ce qui a été acheté en trop, récupérer les os, les trognons et les pelures (que ce soit pour concocter un bouillon et une salade de fanes ou pour enrichir votre compost), apprendre à cuisiner avec les parties moins nobles, congeler les restes au lieu de les laisser flétrir au frigo… Plusieurs petites choses peuvent être faites au quotidien pour assurer la plus longue vie possible aux aliments que vous achetez. Je vous propose ce défi pour l’année 2013: cuisiner chaque semaine un aliment que vous auriez normalement jeté à la poubelle.
En plus de la planète, c’est votre portefeuille qui vous remerciera!
Tiens, il y avait ça, dans La Presse, ce matin, justement :
http://www.lapresse.ca/actualites/201212/28/01-4607132-esclaves-des-dates-de-peremption.php
Mais non, effectivement, on ne meurt pas d’avoir mangé du yogourt passé date, ni d’avoir enlevé la partie moisie sur du fromage. Les bananes, les pommes trop molles, les tomates un peu ratatinées, les carottes blanchies, et autres fruits et légumes qui finissent souvent à la poubelle prématurément peuvent servir à plein de trucs. Muffins, gâteaux, compotes, sauce tomate maison… Non seulement on évite le gaspillage, mais on sait tous que les repas maison sont bien meilleurs, tant pour la santé que pour les papilles.
Je magasine souvent dans les étalages de produits réduits car moins beaux ou presque passés date. Pourquoi? Moins cher. Et ça évite d’attendre mille ans qu’un paquet de banane finisse par vouloir mûrir assez pour en faire des muffins ou du pain!