Les oreilles encore bourdonnantes du big bang de la veille (Galaxie dans le sous-sol de l’église), on entame ce samedi en étant pas mal excité de ce que Le Festif! nous réserve. De la musique, du plaisir pis de l’émotion, ben de l’émotion.
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La journée commence avec ce qu’on appelle la rue festive, soit une section de la rue principale qu’on ferme aux voitures et qu’on ouvre toute grande aux musiciens, aux acrobates et par la bande, à tous pleins de gens avec des idées bizarres, comme ce monsieur avec un haut-de-forme qui se promène en vélocipède (mieux connu sous le nom de gros crisse de tricycle) ou cet autre original près de la scène gratuite qui accompagne les groupes aux claves (pas sûr qu’il soit sur la programmation, lui).
Dylan Perron et Élixir de Gombo profitent aussi de ce p’tit côté why-not-coconut pour offrir un spectacle surprise près des kiosques de nourriture. En plein festival du feedback, Perron, rejoint par ses potes, oublie les micros et grimpe sur une table de pique-nique. Ouais, ça aiguise l’instinct de survie de tourner avec Québec Redneck Bluegrass Project!
À quelques pas de là, un vieux camion de crème glacée et une berline des années ’70 sont stationnés en plein milieu de la rue. Des hippies qui ont pris une puff de trop? Plutôt l’Orchestre d’Hommes-Orchestres, une troupe qui nous transporte dans un univers finement bric-à-brac où se mélange musique, chant, théâtre et performance. Merveilleusement pété!
De retour à la scène du gars-aux-claves, Dany Placard (en formule rawk band) m’accroche par le coeur avec ses chansons pleines d’émotion et d’huile à transmission. Touchant, pas sablé, sincère, Placard me place une petite boule dans la gorge avec Santa Maria.
Mais en terme d’émotion, mon p’tit coeur a encore rien vu. On annonce un spectacle surprise (un sixième depuis hier!) de Mara Tremblay. En plein milieu de la rue, installée derrière un piano antique ou une vieille Gibson, la dame nous offre quelques chansons dépouillées à l’extrême, mais tellement puissantes. Le bateau me fait carrément shaker la lèvre du bas. C’est juste trop beau. Mara, les oiseaux qui gazouillent, le piano. Un pur moment de grâce. Pour retomber sur terre, je m’enfile un smoked meat de chez Joe et une bière d’épinette (on gère tous ses émotions différemment, bon!).
Désolé au monsieur en vélocipède, Mara est plus hot.
On revient en mode festif un peu plus tard, pour Les Trois Accords (parce que voir Alex Nevksy, ça me tente pa pa pa pa pa paaaaa). La dernière fois que j’avais vu Les Trois Accords sur scène, c’était il y a une douzaine d’années, avant les Wampas, alors qu’ils surfaient sur le buzz d’Hawaïenne. C’était épouvantablement mauvais et croche. «Ouin, ça ira pas loin, ça» que j’avais alors dit, dans toute ma grande sagesse. Sauf qu’après Hawaïenne, les Trois Accord ont parti un véritable élevage de vers d’oreille. Au point, où ce soir, «calisse, on connait toutes les tounes», analyse finement mon beau-frère. Oui, et la foule passe pratiquement tout le show à chanter TOUTES les paroles.
On constate que les Trois Accords sont passés d’un groupe de cégepiens sympathiques absurde et tout croche à un groupe de cégepiens sympathiques absurde…et tight. Pour mousser la soirée, ils sont accompagnés d’une percussionniste hyperactive qui fait de la cardio-tambourine, mais on fait appel à de l’échantillonnage pour les partie de cuivres ou de synthés. Dommage.
Le spectacle se termine avec Retour à l’institut, en rappel, avec la scène remplie de gens, dont plusieurs avec des flûtes à bec (!). Dans le lot, on reconnait Alex Nevsky, The Seasons et même Philippe Fehmiu avec un gazou. On aurait vraiment pris plus de ces moments décalés qui collent tellement à l’univers du groupe et qui font que des spectacles poignent une coche de plus. Y’avait pas une fanfare qui trainait à quelque part?
Après le spectacle, on prend la direction du Mouton Noir pour reprendre une portion de Dylan Perron. Y’a foule, l’air est suffocant, mais monsieur le maire est bien accoudé au comptoir, louangeant le festival à qui veut bien l’entendre. Coudonc, Baie-Saint-Paul est cool même jusque dans ses bureaux administratifs. Come on, l’an prochain, on veut Loco Locass à la mairie!
Après notre dose de banjos et de contrebasse, on prend la direction du centre communautaire pour The Franklin Electric, un groupe de Montréal quelque part entre Patrick Watson et Arcade Fire. Soooolide.
Juste comme ça, ne vous fiez pas aux images, Franklin Electric est loin d’être juste un trip de trompette, mais je commence à aimer ça, les cuivres (maudit soit-tu, Festif!)
On termine la soirée avec We Are Wolves au sous-sol-sauna de l’église. Le groupe est solide, visiblement content d’être de la fête, mais sur le plancher, on sent que les gens commencent à être brûlés de leur fin de semaine. Ça se frotte les yeux, ça trébuche, ça danse sur la batterie de secours. Malheureusement, une jeune demoiselle en bodysurfing tombe tête première sur le plancher et s’évanouit, ce qui force le concert à s’interrompte quelques instants. La pauvre partira finalement en ambulance sans que le véhicule n’allume ses lumières. Je connais rien là-dedans, mais j’imagine que c’est bon signe. On peut donc aller se coucher l’esprit en paix…et rêver à Mara sur son piano.
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Comptes rendus des autres journées du Festif!
- Jour 1: Robert Charlebois, Bernard Adamus, Sweet Grass
- Jour 2: Planet Smashers, Reel Big, Fish, Galaxie, Mara Tremblay, Milk & Bone
- Jour 4: P’tit bilan