Sur son blogue, le journaliste Patrick Lagacé réplique à ma dernière chronique où je le prends à parti.
Voici ce que nous avons, pour notre part, à lui (re)dire.
D’abord, M. Lagacé, j’aimerais souligner que je comprends ce que vous ressentez : se faire mettre « dans une brochette qui inclut Stéphane Gendron », c’est insultant, incroyablement insultant. Vraiment. C’est « vache » comme vous dites.
Seulement, petit détail : je n’ai jamais parlé de Stéphane Gendron. J’ai parlé de grève, d’utopie, de critique, d’histoire, d’idéologie, de raison instrumentale, de George Bataille, de marchandisation et de toutes sortes de personnages plus ou moins fréquentables, mais pas de Stéphane Gendron.
Mais je vous comprends d’avoir peur d’y être amalgamé. Vraiment.
Ce que vous vouliez dire, probablement, c’est que vous refusez d’être considéré dans le camp « réactionnaire » en ce qui concerne cette grève. Comme vous écrivez dans La Presse, ce doit être le genre d’accusations auxquels vous devez régulièrement faire face. Ça vous rend sensible, possiblement.
C’est pour cette raison que vous m’accusez de voir les journalistes comme une « masse pensant la même chose ». Il me semble pourtant que mon texte est divisé en une critique des « adversaires de la grève » (dont nous allons encore une fois taire les noms, histoire de ne pas incommoder ceux qui pourraient lire ce papier en mangeant) et une critique de ceux qui « sont sympathiques à la grève ». Je vous ai d’ailleurs rangé dans ce deuxième camp, aux côtés de Marie-Andrée Chouinard du Devoir.
Mais bon, avec toutes ces tribunes qui vous attendent, en homme pressé, vous avez peut-être lu en diagonale. Et de toute façon, je le répète : je vous comprends d’avoir peur d’être amalgamé à Stéphane Gendron. Vraiment.
Concernant la gratuité scolaire, sachez que je suis heureux de vous entendre dire qu’elle est « souhaitable » et « louable ». Pourquoi alors avoir écrit que les étudiants devraient cesser d’en parler? Drôle de façon de faire avancer ses idées, non? Il n’y a jamais eu personne qui croyait sincèrement qu’on obtiendrait la gratuité scolaire au terme de cette seule et unique campagne. (si, enfin, il y a les étudiantes et les étudiants du cégep du Vieux-Montréal qui ont voté la grève jusqu’à l’obtention de la gratuité, mais ils font figure d’exception…).
Cette grève, d’abord et avant tout, vise le gel des frais de scolarité et il est fort probable qu’elle prenne immédiatement fin une fois celui-ci obtenu. La gratuité réclamera sans doute d’autres combats, et espérons qu’ils auront lieu. Seulement, si ceux et celles qui sont en sa faveur n’en parlent pas, qui le fera?
Mon papier visait à rendre compte du fait que nombre des revendications étudiantes (gratuité, réinvestissement dans les services publics, démocratisation des institutions d’enseignement, critique de la marchandisation de l’éducation, etc.) se voient exclus des débats publics même par ceux qui – comme vous – sont favorables à cette grève. Pourquoi? Parce que notre univers politique est unidimensionnel, totalement asservit par une logique instrumentale au service de l’argent et de la marchandise
« […] la conscience heureuse de notre société ne peut saisir cette critique. Il faut dire que notre époque n’en est pas une comme les autres : elle est la plus prétentieuse et satisfaite qui n’ait jamais existé. La « fin de l’histoire », concept un brin ridicule emprunté au sinistre économiste Francis Fukuyama, semble avoir été pris au sérieux par notre élite. L’horizon du possible est désormais fermé à double tour. Plus personne dans l’espace public ne remet en question les croyances qui donnent forme à la société marchande ».
De mon point de vue, la seule façon, de faire jaillir ces débats serait que cette grève échappe à cet enfermement et qu’elle refuse d’être diluée en une formule comptable. Autrement dit, que les grévistes s’appuient sur la force de leurs propres valeurs et de leur propre autorité, et non sur l’assentiment de l’élite en place.
Ceci n’est toutefois pas votre avis. C’est pour cette raison que vous conseillez aux étudiants de s’asseoir devant les policiers afin de plaire aux caméras (ce qui, de mon avis, est très dangereux, surtout par les temps qui courent) et de remettre à plus tard l’idée de « vendre » (sic) gratuité à l’opinion publique (qui nous regarde du haut du ciel avec son œil qui flash).
Mais bon, encore une fois, vous faites votre possible et je le répète : j’ai de la sympathie pour vous et je vous comprends d’avoir peur d’être amalgamé à Stéphane Gendron. Vraiment!
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PS : Vous pouvez faire un beau gros câlin à ces commentateurs de droite qui pullulent sur votre site, ils paraissent tellement tristes. Vous pourrez également profiter de l’occasion pour leur dire que je ne suis pas professeur à l’UQAM, même si j’ai eu la chance d’y donner quelques charges de cours? Ah… et puis faites donc un autre câlin à votre collègue Richard Martineau, lui aussi doit se sentir très seul depuis quelques temps.
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Pour en savoir plus sur le projet de gratuité et les arguments en sa faveur, consulter le site de l’ASSÉ, ici même : http://www.gratuitescolaire.info/spip.php?rubrique1
Pour lire le texte de M.Lagacé : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/2012/04/04/retour-sur-la-gratuite-scolaire-avec-le-professeur-marc-andre-cyr/
D’abord et avant tout: un changement de paradigme n’est pas imposable à la population dû à une gang de grévistes. La gratuité scolaire universelle en est un changement de paradigme.
Ce que le gouvernement pourrait faire – ma seule, unique, et dernière ouverture – est de moduler les frais de scolarité via les moyennes académiques. Exemple:
25 points au delà de la moyenne: gratuit. 0$, free, gratos…on fournit même le pepsi.
10-25 points au delà de la moyenne: 2500$/an indexable à l’inflation.
+/- 10 points de la moyenne: 3500$/an indexable à l’inflation.
10-25 points en dessous de la moyenne: 4500$ par an indexable à l’inflation.
25 points ou plus en dessous de la moyenne: 7000$ par an indexable à l’inflation. Mets-toi le nez dans tes livres et payes, ou laisse la place à ceux qui le feront pour toi.
Maintenant les petits carrés rouges auront à la mériter la gratuité scolaire sans bloquer le traffic. Vive l’université pour les brillants, les autres: put up or shut up.
ben voyons jonathan? me semblait t’avoir expliqué tout ça là:
http://voir.ca/partiellement-martel/2012/04/02/cegep-dalma-fck-the-system/
en tout cas, pour ton bien, je veux bien suivre ton exemple et radoter un petit peu.
il existe déjà une compétition entre les étudiants, et en général c’est plutôt malsain puisque ce sont des habitudes de coopération qui devraient être encouragées, en vue de préparer les étudiants au marché du travail!
exacerber l’individualisme des étudiants en les titillant avec des dollars est une très mauvaise idée, jonathan!
On imagine très bien que « les brillants » dont vous parlez son née brillant et que les conditions de vie dans lesquels ils font leur étude n’a absolument rien à voir avec leur performance. Rien àvoir avec le fait d’être fils de médecin ou d’ouvrier. Tout ça c’est une question de volonté n’est-ce-pas?
La plus urgente des priorités, après quoi tout le reste n’est que du bla-bla, se doit d’être la tenue de votes secrets démocratiques partout.
Ces assemblées houleuses où la main levée arrache la mise sont un accroc majeur aux droits les plus fondamentaux.
Le boycott actuel n’aura aucune légitimité ou crédibilité tant qu’il s’appuiera sur de soi-disant appuis majoritaires obtenus par le biais d’assemblées anti-démocratiques.
Des votes secrets, vite. On discutera plus intelligemment du reste par la suite.
« Ces assemblées houleuses où la main levée arrache la mise sont un accroc majeur aux droits les plus fondamentaux. »
à quelle assemblée as-tu assisté, claude?
En quoi un vote secret est-il plus démocratique qu’un vote en assemblée? Le vote secret permet la désinformation, la manipulation, le bourrage d’urne, etc. alors que le vote en assemblée permet à tous d’avoir une autorité, non seulement sur le vote comme tel, mais également sur les débats, sur la question posée; les gens peuvent amender, modifier comme bon leur semble. L’assemblée permet également aux individus de sortir de l’atomisation. Elle permet à une collectivité d’apparaître, de vivre collectivement. Elle dépasse le statut formel de la démocratie libérale et c’est pour cette raison qu’elle choque autant les défenseurs du statu quo..
De l’intimidation? Il s’agirait maintenant d’en faire la preuve. Mis à part quelques propos anecdotiques tenus par de jeunes libéraux, elles manquent. Il s’agit bien plutôt d’une fausse rumeur utile aux adversaires de la grève. Les assemblées ne tolèrent aucunement l’intimidation ou les procès d’intention. Elles sont soumises à un protocole précis qui permettent à tous de s’exprimer dans le respect.
Nombreux sont ceux, par ailleurs, qui dénoncent la fausse intimidation dans les assemblées et considèrent que les étudiants quise plaignent de brutalité policière sont des braillards, cherchez l’erreur. Ou plutôt: ne la cherchez pas, c’est de politique dont il s’agit.
En 2012, il n’y a que les syndicats mafieux qui utilisent le vote à main levée.
Le vote à main levé, ça me fait penser au « gun » levé très haut en l’air des tireurs d’élite dans le peletons d’exécution pour bien viser quand vient le temps de liquider les dissidents, dans les dictatures…
Le vote secret, c’est terrible, parce que chacun est libre de voter comme il veut…et même d’annuler son bulletin, la plus grande peur des majorités consentantes…de droite comme de gauche!
Etre à la place de Patrick Lagacé j’aurais beaucoup plus peur que mon nom soit associé a Richard Martineau et son discours hystérique de démagogue invétéré. Concernant Gendron, Patrick Lagacé nous a souvent démontré le peu de sympathie qu’il avait à son égard. Malgré tout Lagacé tout comme Michèle Ouimet sont des chroniqueurs de La Presse ayant un niveau de réflexion qui dépasse la propagande de la petite droite libertarienne dont les deux empires médiatiques du Québec semblent vouloir alimenter de plus en plus. En tout cas chez Québecor tout ce qui peut nuire a l’image syndicale et aux déploiements de moyens de pressions comme les manifestations et les grèves est bienvenue. On sent la main bienveillante des gens qui veulent démolir les groupes de pressions citoyennes.
Concernant le vote à mains levés dans les assemblées étudiantes tout comme dans les assemblées syndicales je ne crois pas qu’un vote secret aurait fait une si grande différence. Ils étaient 200 ,000 nos étudiants dans les rues de Montréal. DEUX CENTS MILLES ! Vote secret ou pas moi j’appelle ça de la solidarité.
Charest ne veut que faire porter le blâme sur les étudiants. La dernière tentative de son gouvernement corrompu pour faire croire à la population une certaine ouverture de sa part n’était qu’un exercice de relation publique et le sort des étudiants lui passe par-dessus la tête depuis le début des manifestations.
« Le vote à main levé, ça me fait penser au « gun » levé très haut en l’air des tireurs d’élite dans le peletons d’exécution pour bien viser quand vient le temps de liquider les dissidents, dans les dictatures… »
C’est pas sérieux, vous faites de l’humour je suppose.
« En 2012, il n’y a que les syndicats mafieux qui utilisent le vote à main levée ».
Bravo M. Duhaime, on reconnait ici toute la profondeur de vos idées.
Mon opinion est que ces jeunes n ont pas besoin des cours pour finir
leur études ( :-o) )
Aujourd hui tu peut faire des maitrises à l internet ( Voir des cours offerts même en ingenierie ) C est plus divertissant que facebook. ( Oh malheur anglicisme )
Seuleument des vraies examens sans les choix multiple bidon.
.Leur examen peut contenir seuleument 3 à 5 questions avec tout leur livres petit et grand Robert et Gaston à côté.
Mais votre idée est bonne ; faisons notre révolution.
Pas des taxes pour payer des policiers qui savent donner des contraventions pour des ARRET dites americains mais pas pour des imbeciles qui bloquent la circulation. Pas des taxes pour des politiciens qui savent voter des lois bidons : stops deviennent arrêts et .. construisons un amphitheatre pour amuser le peuple….
.Pas des taxes pour payer des profs qui disent aux étudiants : tu ne travaille pas assez ( voir la confusion dans leur esprit…)
Freha
ben oui, je fais de l’humour! C’est quoi ton cours? J’ai envie de m’inscrire…