Une légende du rock, Bob Log III, était de passage à L’AgitéE, hier soir, à Québec. Un bar plein pour l’Américain qui n’a pourtant présenté que quelques singles ces cinq dernières années.
Il faut dire que Bob a le sens du spectacle. Non seulement son costume façonne la légende – pour ceux qui ne le savent pas, il a toujours un costume moulant, style cascadeur des années 70 (ou velours et paillettes comme hier), casque de pilote style Maverick, avec un téléphone branché dessus dans lequel il chante (et sue sûrement un bon coup) – mais il va chercher le public fêtard dès le début. Avec des «Qui est là pour faire le party? Oh yeah! Moi aussi!» et autres appel à la joie, le public embarque et en donne, il en redonne encore plus, etc. Plus encore, il termine chacune de ses pièces en se levant de son siège, lançant des «Yeah!», mi-fierté d’avoir réussi son coup, mi-festif, afin de continuer à faire lever la foule encore plus.
Bob Log III est un performeur. Il joue de la guitare avec adresse, avec énergie et avec rapidité, transformant son blues-rock en un rock au son garage, garroché avec la charge d’un rhinocéros. Ajoutons qu’il manie aussi les percussions avec ses pieds, c’est un show-man autant qu’un musicien accompli. Afin d’en rajouter, il invite le public à gonfler des ballounes, et à les lui lancer afin qu’ils s’en servent comme percussion, en les faisant éclater avec son pied. Le public a capoté.
Public très nombreux, d’ailleurs, quitter le devant de la salle pour aller dans le fond était un piège: on y restait coincé. Si, un moment donné, j’ai fini par trouver que tout ce cirque rock’n’roll était un brin répétitif, j’en ai pas moins apprécié le spectacle, simplement que personnellement, je prendrais plus du musicien que du performeur.
Deux groupes de Québec ouvraient ce bal rock. Headache24 avait l’honneur de lancer cette soirée. Je n’avais pas vu le projet de Hugo Lebel (que plusieurs ont connu comme étant le bassiste des Goules) depuis au moins six ans. Le projet a beaucoup évolué, devenant groupe, déjà. Le rock s’est peaufiné et semble avoir atteint un son propre à eux. Un son qui rappelle un rock des années 90, un brin de Pixies, un brin de Dinosaur Jr, mais avec un drum électronique. Les musiciens, deux guitares, une basse, un clavier, se lâchent lousse, donnant beaucoup de place à des jams tantôt entraînants, tantôt chaotiques – volontairement.
Oromocto Diamond était milieu du sandwich. Première fois que je voyais live ce projet de l’inépuisable Sam Murdock. Si musicalement je trouvais l’expérience proche de Lesbo Vrouven – un rock fait dans l’urgence, brut mais accrocheur, contagieux, même, avec cette intention de faire danser les gens, mais ici en basse-batterie (donc sans guitare) – la sensation est similaire sur scène. Toutefois, un moment, il m’est venu la même pensée qu’avec Bob Log III – et ceci a peut-être plus à voir avec le fait que je vieillis finalement – mais parfois, le show prend le dessus sur la musique. Loin de moi de faire un reproche, c’en est pas un, ça demeure toujours efficace de faire du bodysurfing tout en jouant de la basse, mais parfois, on a cette impression que le show prend le dessus sur la musique. Ça cadre parfaitement avec l’énergie et le rock de Oromocto Diamond, mais je pense que ça ne m’impressionne ni ne m’amuse autant qu’auparavant et je finis par décrocher. Mais je ne pourrais dire à Sam Murdock de changer, je suis sûrement juste devenu blasé, sa formule fonctionne.