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Se rencontrer au bout du monde pour créer

À force de couvrir des évènements culturels, certains se ressemblent plus que d’autres, au point de devenir routiniers. Parfois, de moins en moins lorsque les années passent (du moins dans mon cas), mais parfois on a cette impression de vivre un truc particulier et l’on se sent privilégié d’y assister.

C’est un peu ce sentiment que j’ai eu à Natashquan il y a quelques jours avec les Rencontres de création de Natashquan.

natashquan

Guillaume Hubermont et Bernard Roy se demandaient comment créer une sorte de festival à Natashquan. Le défi est de taille: le village est à quinzaine d’heures de Montréal et a moins de 300 résidents. Alors cette idée un peu folle: inviter des artistes de toutes les disciplines à venir rester chez l’habitant durant une semaine, leur donner carte blanche pour créer et, en retour, léguer une oeuvre à la municipalité à leur départ.

Pour cette deuxième année, des photographes, des documentaristes, des performeurs, des musiciens, des illustratrices, des écrivains, bref, un peu de tout du livre de la jungle artistique a répondu à l’appel et s’est retrouvé à dormir chez l’un des Macacains.

Certains parmi eux se sont intéressés au feu qui a ravagé des hectares de forêts entre Baie-Johan-Beetz et Natashquan l’an dernier. D’autres ont dessiné tout ce qu’ils voyaient. Lui a écrit une nouvelle qui se déroulait à Natashquan. Un duo a peaufiné son nouveau spectacle dans une grange du village. Un cadran solaire humain là. Etc. De beaux moments de création.

Véro Bachand et Hugo Blouin de M'entends-tu?
Véro Bachand et Hugo Blouin de M’entends-tu?

Le meilleur toutefois, au-delà de toute cette folie créatrice, est l’échange entre les résidents et les artistes. Déjà, les artistes locaux se mêlent à cette ébullition, en créant eux-mêmes des oeuvres qu’ils légueront aussi. Les artistes en résidence échangent avec eux, sans condescendance. C’est beau, très beau. Puis les Macacains donnent des coups de main, partagent leur histoire, ouvrent leur porte. On soupe chez l’un, on termine la soirée avec un feu chez l’autre, ou on s’abrite tous ensemble à L’Échouerie lorsqu’il pleut à boire debout.

De manière improvisée, des petites prestations, ou des lectures, ou des expositions, ont lieu à tous les jours. Souvent, ils ont lieu dans la Grange à Midas, une vieille grange retapée en un lieu de diffusion. C’est petit, c’est intime, c’est chaleureux, c’est beau, c’est invitant et confortable.

Louis-Philippe Gingras dans la Grange à Midas
Louis-Philippe Gingras dans la Grange à Midas

Parmi les beaux moments, il y a celui à la résidence pour personnes âgées Les Douces heures de l’âge. Invités par la résidence à venir souper chez eux (autre preuve de l’hospitalité de Natashquan et que tout le village participe à l’évènement), Lionel et Herménégilde sont arrivés avec leur accordéon et leur violon. Lionel joue devant un public attentif, raconte des anecdotes avec les artistes invités. Louis-Philippe Gingras sort une guitare et se met à jammer quelques reels avec Herménégilde.

Lionel et son accordéon
Lionel et son accordéon
Louis-Philippe Gingras et Herménégilde
Louis-Philippe Gingras et Herménégilde

Ce moment a démontré toute l’ouverture et toute la simplicité des Rencontres de création de Natashquan.

Normalement, ça devrait revenir l’an prochain. Cette année, il y avait environ 25 artistes invités. Je ne sais pas combien le village peut en recevoir, mais si vous êtes un artiste et que cette aventure vous tente, réservez vite, je sens que Natashquan sera victime de sa magie!

Moi, j’ai déjà réservé ma place en tout cas!

Plus de photos de mes quelques jours là-bas ici.
Pour en savoir un peu plus sur les Rencontres de création de Natashquan, la page Facebook.