Une de ces journées où je me promenais dans le Vieux-Montréal, une plaque commémorative a attiré mon attention. Je suis de même, un geek qui aime lire les panneaux qui informent de pleins trucs parfois inutiles. Ça me permet ensuite d’avoir un bon résultat dans un questionnaire de culture générale présenté par un quotidien.
Sur le panneau, on pouvait lire un truc du genre «Ici a vécu Louis-Joseph Papineau, de telle année à telle année». Je recule afin de voir à quoi ressemblait un peu sa réalité lorsqu’il invitait les Canadiens à se révolter.
Finalement, je ne l’ai pas su, parce que le bâtiment sur lequel était accroché le panneau était clairement contemporain. Il n’y avait absolument rien du XIXe siècle là-dedans. Tout ce qui restait, c’était l’adresse civique. Ça m’a franchement déçu. Insulté même. Pas tant ma personne que l’inutilité de ce panneau, insulté qu’on n’ait pas conservé ce lieu, préserver un bout de mémoire d’un personnage marquant de l’histoire du Québec.
J’ai peur qu’il arrive la même chose à Natashquan. Pas au village au complet, mais à l’endroit où a grandi Gilles Vigneault.
Je ne crois pas avoir besoin de parler de l’importance de Gilles Vigneault dans l’histoire du Québec. Son apport à la culture, non seulement dans son influence pour les artistes d’ici, mais la manière dont il a pu la transporter en dehors de nos frontières, est énorme.
Plus encore, par ses textes influencés par son vécu dans ce village de pêcheurs autrefois isolé, il a mis en mot un pan de notre histoire elle-même oubliée, une réalité que peu de Québécois connaissent.
Le but n’est pas de rénover la maison de Gilles Vigneault, il ne reste plus là depuis longtemps notre ami Gilles. Il ne demeure même plus à Natashquan – il vient faire son tour, mais ne reste plus là. Le but des Macacains est de ne pas perdre ce morceau de leur patrimoine.
Natashquan a deux importants lieux historiques, symboles partagés un peu partout au Québec: les Galets, de belles vieilles cabanes qui servaient à l’époque des grandes pêches sur le bord de la mer et la maison de Gilles Vigneault, celle où il a grandi avant de quitter le village pour vivre sa vie d’artiste.
C’est la place où il se crée des attroupements à Natashquan. Les touristes s’arrêtent et se prennent en photo devant la maison.
J’ai eu la chance d’aller quelques fois à Natashquan, et même de rentrer dans un des magasins des Galets. Du coup, tu comprends tellement un morceau de l’histoire, une réalité difficile à saisir aujourd’hui. C’est précieux.
J’ai aussi eu la chance de tourner des capsules dans la Grange à Midas. Une petite grange qui a appartenu à Midas, un Macacain qui a vécu à l’époque de Vigneault, aujourd’hui rénovée en lieu de diffusion. Rénovée avec respect dans cette idée de préserver le patrimoine de Natashquan. Je me suis senti privilégié d’y avoir accès.
Imaginez dans 20 ou 30 ans, lorsque des touristes iront à Natashquan et demanderont au bureau touristique où est la maison de Gilles Vigneault et que la commis les invite à aller à une adresse précise et que sur place, c’est un terrain vide ou pire, une maison préfabriquée. Imaginez la déception des touristes. Imaginez la tristesse des Macacains et des Macacaines à chaque fois qu’un touriste leur en parle et qu’ils doivent expliquer qu’à l’époque où elle tenait encore debout, personne ne s’est bougé les fesses pour la préserver.
La honte.
Natashquan veut être fier de son histoire, de son citoyen le plus célèbre. Des gens du village ont mis sur pied une campagne de financement afin de préserver ce lieu important de leur histoire et de notre histoire.
Je vous invite à faire un petit don, à passer le mot, à faire en sorte qu’on ne perde pas la face, qu’on rende hommage à Gilles Vigneault de son vivant.
Parce que c’est bien ça le pire. Si Gilles était mort, il y aurait sûrement un plus grand engouement de l’honorer et de préserver son patrimoine.
http://www.avecnatashquan.com/
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