Auteur-compositeur-interprète de Québec, Gab Paquet ne laisse personne indifférent. Pigeant dans la culture populaire pour mieux faire passer la contre-culture, sa démarche artistique est aussi importante que sa musique.
Dans le cadre de mes émissions Mayonnaise, j’ai reçu Gab Paquet le 1er novembre dernier, pour le Radiothon de CKIA. Voici une partie de cette entrevue, retranscrite pour vous!
Mayo : Tu as fêté il y a quelques jours le premier anniversaire de ton dernier album, Sélection continentale… C’était important de le souligner?
Gab Paquet : Oui! En même temps que je trouve ça ridicule, je trouve ça important. Pour moi en tout cas. En 2007, j’avais fait un EP, Crème glacée bois sauvage, et on a fêté ses noces de bois en 2012. On avait fait de la crème à saveur de «bois sauvage»…
Ça goûte quoi, le bois sauvage?
On a été cueillir du pin… ça goûte la forêt, surtout.
Avec le St-Jean-Baptiste Country Club, vous venez de sortir Mixtape 2, où tu présentes la pièce Voyou, une nouvelle pièce.
C’est un peu la suite de Policier poète, qui était sur Tring-Jonction Dream. C’est une chanson inspirée par des événements récents… C’est une boutade sur la Loi du château, qui a eu lieu au Texas, où lorsque quelqu’un rentre chez vous, tu as le droit de le tirer. La propriété privée est plus importante que la vie humaine. Souvent, je vais rire des trucs qui m’écoeurent.
Tu laisses parfois les gens perplexes. Un effet voulu?
Je ne suis pas surpris du tout! J’assume le choix que je fais. Ça fait partie de la démarche. C’est aussi un plaisir coupable pour les gens qui aiment ça. Je ne suis pas surpris que des gens aiment Éric Lapointe, donc je ne suis pas surpris qu’on puisse ne pas aimer ce que je fais. Je pense que je m’adresse à un public averti. Si tu ne sais pas que c’est une joke et qu’il y a parfois un deuxième et un troisième degré, tu vas être mélangé.
Il y a une grande influence de la culture pop, Claude François, par exemple. D’où vient cet amour? Non seulement pour le genre musical, mais le courant artistique en général.
C’est l’influence de ma jeunesse, j’imagine. Être dans l’auto de mes parents et écouter sans cesse le 102,9 (station misant sur les vieux succès). En fait, on est obligé d’entendre ça, on s’en va magasiner, on s’en va à l’épicerie, on s’en va partout, ça joue! C’est comme les publicités. Je connais le numéro par cœur du Groupe Qualinet, j’ai pas cherché à le connaître, mais c’est omniprésent. Il y a quelque chose qui est écoeurant là-dedans, qui me révolte. Ma façon de me révolter c’est de faire la même affaire, de faire comme Mario Pelchat, mais avec des paroles qui n’ont pas de bon sens. C’est une manière gentille de me révolter.
Claude François, certains déchirent leur chemise pour ne pas le mettre dans le «kétaine». Tu en penses quoi?
C’est le roi du kitsch! Claude François n’a pas de bon sens, sauf que je l’adore pareil. Il y a la notion de plaisir coupable que j’assume. J’en écoute autant que j’écoute du Black Sabbath. Pour certaines personnes, ça peut paraître risible. Je me souviens quand j’ai fait découvrir ça à mes colocs de l’époque, qui étaient Sam Murdock et Renaud Pilote, Sam, au départ, il n’aimait pas ça du tout et pourtant il est tombé en amour avec ça! Il s’est presque créé une religion avec ses t-shirts de Claude François. Tu tombes en amour avec le personnage, c’est pas juste la musique, c’est un tout. C’est un art de vivre.
Claude François, le kitsch, dans tes textes, dans ta mise en scène, il y a beaucoup de références culturelles.
Oui, je m’amuse avec ça. Il y a comme une pensée facile. Il y a des images qui sont utilisées dans la publicité, dans les films, à la télévision, que je m’approprie, tout simplement, pour faire un peu d’humour. Mais j’essaie toujours de passer un message à travers tout ça…
Un message de contre-culture en fait, tout en utilisant leurs codes…
J’espère que les gens comprennent ça! C’est peut-être difficile à comprendre, parfois, ce que j’essaie de faire…
Tu te moques de ces codes, mais as-tu déjà rêvé d’être un chanteur populaire, de faire de grandes tournées?
On rêve tous à ça, je pense. C’est une passion et on rêve tous de travailler dans quelque chose qu’on aime. Ce que j’aime le plus dans la vie et ce qui me valorise le plus, c’est de faire des spectacles. On ne me donne pas de tape dans le dos quand on me croise dans la rue pour me féliciter d’avoir fait le ménage de L’AgitéE, par exemple.
On souhaite tous en vivre, mais c’est rare aujourd’hui. Et en choisissant une manière de faire de la musique qui n’est pas standard, au Québec en particulier, où il n’y a pas tant d’engouement pour les chansons à texte, ou pour monsieur et madame tout le monde qui trouve ça bizarre, Gab Paquet… On souhaite aller ailleurs dans la francophonie, où ce genre de chansons là est plus commun. Des gens comme Philippe Katerine roule bien sa bosse, ou Didier Super.
Gab Paquet a connu un gros automne. Juste en novembre, deux événements liés à la moustache, incluant une chanson nommée Movember Rain. Un cabaret pour La Palette, un spectacle «Boys Band», et décembre ne se calme pas…
Le 13 décembre, on fait une crèche vivante, le St-Jean-Baptiste Country Club et Rob Bob Limoilou Libre. Je vous laisse deviner quel ange je vais faire.
L’an dernier, on avait fait «Noël sous les lasers», un genre d’opéra galactique de Noël. Des chansons composées avec Simon Paradis. Je fais le rôle de Lucifer. Cette année, la date n’est pas encore arrêtée, mais ce sera au Pantoum, ça promet!
Le 31 décembre, un gros party en perspective, avec le Bingo Disco. Chaque fois que je fais une entrevue, on parle du Bingo Disco de l’été dernier, si on va le refaire. Alors pourquoi pas? Le 31 décembre, ce sera aussi rassembleur, avec toute la scène locale de Québec.
Encore une fois, pour le 14 février, mon spectacle de la St-Valentin, c’est une tradition maintenant et ça risque d’être plein! En 2013, j’avais présenté un album en même temps, Les Roses, où je reprends une pièce de Martine St-Clair. Un spectacle qui donnera envie de s’aimer. Cette année, peut-être quelqu’un sortira un album…
Pour suivre tous les projets de Gab Paquet, direction gabpaquet.com ou sa page Facebook.
Pour écouter l’entrevue au complet, suivre ce lien ou écouter ci-bas.
Le Guy Skornik québécois !