À Montréal, c’était la semaine dernière. À Québec, c’était hier soir et pour une dernière fois, ce soir, au Grand Théâtre de Québec.
Ce «colossal» projet de Keith Kouna, comme il me dira en entrevue, est une belle folie. Déjà, l’album, qui a demandé un travail étalé sur plusieurs années, était énorme, singulier, une bibitte, autant dans l’univers de Keith Kouna que dans l’univers musical Québécoise. Je me souviens avoir eu une discussion avec Ariane Gruet-Pelchat, responsable du GAMIQ, sur la catégorie qui lui collait le mieux, à cet album-là: folk? Chanson? Classique? Contemporaine? Inclassable?
Hier soir, une seule attente: être surpris. Les attentes ont été comblées, et même plus. Les mariages de rock, de classique, d’opéra, de musique actuelle, étaient savoureux. Marier un orgue avec un mini orchestre (cordes, tuba, clarinette, trombone). Une chorale pour Sexe. Une guitare ténébreuse et rageante se frottant aux violons. Et que dire de Vincent Gagnon, infaillible au piano, chef d’orchestre qui surmonte les acrobaties qu’exige la mise en scène.
J’ai aussi eu cette impression que Voyage d’hiver prend de la puissance sur scène. Avec les musiciens, évidemment, mais la mise en scène permet d’ajouter une touche d’humour dans cette errance intérieure, où le désespoir et l’espoir se chevauchent, d’y coller une sensualité dans les tourments sexuels et glisse une dose de charme dans des endroits ténébreux.
Plus encore, j’étais ravi, fier et ému de voir ce pari être si bien relevé par Keith Kouna. Je le suis depuis plus de dix ans déjà. Des entrevues, des rencontres, au fil de ses aventures avec Les Goules, avec ses projets solos. Cela fait des années que j’admire son audace artistique, sa folie contrôlée. Hier, avec cette longue ovation, où il est venu saluer la foule à trois reprises, je revoyais ce parcours et je salivais déjà à l’idée des prochains projets de Keith Kouna. Bordel, je sens qu’on va avoir d’autres maudits beaux trips.