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48e Festival d’Été de Québec: dans l’ombre des Stones

Le Festival d’Été de Québec (FEQ) a présenté le 8 avril dernier sa 48e programmation. Au total, ce sont 215 propositions musicales, si l’on inclut les DJ en fin de soirée.

Le FEQ est maintenant parmi l’élite mondiale des festivals, ce qui amène son lot de succès et de critiques. Réussir à faire venir un groupe comme les Rolling Stones tout en ne délaissant pas les autres scènes, c’est un défi. J’en ai discuté avec le directeur de la programmation, Louis Bellavance, et le programmateur musique, Arnaud Cordier.

FEQ_LogoTourbillon

En février, Le Soleil sortait en exclusivité que Stromae allait être là, cet été. Finalement, il est nulle part! Que s’est-il passé avec Stromae?

Louis Bellavance: Les rumeurs, les rumeurs… Cette année la course aux rumeurs a été particulièrement farfelue. Sur toutes les rumeurs qu’on a entendues, au moment où ça sortait avec les mots «confirmé de source sure», seul Vance Joy était solide. Aucun autre n’était confirmé au moment où c’est sorti. Parfois il y avait des négociations, souvent il n’y en avait pas du tout. Au moment où Stromae est sorti, on n’avait même pas fait d’offres à son équipe.

On n’a rien contre la rumeur en tant que telle, ça fait parler du festival, mais il faut que ça reste des rumeurs, il faut que ça soit perçu comme ça. Ce qui m’attriste c’est quand on déçoit le public à cause des rumeurs. On ne peut venir démentir tout de suite Stromae, par exemple, sinon il faudrait commenter chacune des rumeurs, donc on s’enferme dans le mutisme à chaque fois.

Arnaud Cordier: Dites-vous que chaque fois que vous pensez à un artiste, on y a pensé, parce que c’est notre boulot. Cette course aux rumeurs est un peu unique à Québec, il faut vivre avec.

Mettre la main sur les Rolling Stones cette année, ou les Foo Fighter, avoir une Lady Gaga l’an dernier… tout ça demande un travail de longue haleine. À quel point doit-on être un joueur d’échecs pour réussir ces coups?

Louis: Ce type de dossiers, c’est sur plusieurs années. Il faut travailler l’image du festival, le rendre comme un incontournable, qu’il soit prisé par les artistes. C’est un travail en continu. Chacun des shows que l’on fait est un pas pour en faire un autre. Ce sont souvent les mêmes agences, les mêmes gérants. Souvent, on n’a pas conscience d’un geste qui sera déterminant pour régler un autre dossier.

Des groupes comme les Rolling Stones ou Foo Fighters, c’est des années où l’on cogne à leur porte. La liste des groupes dont les gens rêvent d’avoir, j’ai la même. Tous ces artistes, sans exception, on les contacte à l’automne et on regarde. Règle générale, on sait très rapidement s’il y a la moindre chance que ça puisse fonctionner. Est-ce qu’il y a une chance sur un million que du 9 au 19 juillet 2015 que l’artiste soit dans les environ immédiats de Québec? Les réponses arrivent et neuf fois sur dix, c’est non. Et là, c’est terminé. Le 1er septembre, on pourrait faire une conférence de presse pour annoncer qui ne sera pas là. On débarquerait les deux tiers des listes des gens.

Il faut les oublier, mais on fait des gestes, à travers d’autres artistes, à travers leurs agences, pour continuer à se positionner, pour qu’à l’automne prochain un groupe décide de venir, et qu’ils organisent leur tournée planétaire pour que notre petite fenêtre concorde avec la leur, comme Lady Gaga a fait, par exemple. parce que Bruno Mars avait tellement bien marché.

Les Rolling Stones ont été contactés année après année, et là, tout d’un coup, ils cherchent à faire des marchés secondaires qu’ils n’ont pas faits dans la tournée précédente, avec des capacités supérieures à 50 000 spectateurs, on a donc tous les éléments pour que ce soit possible. Là, c’est le début de la possibilité de discuter. Des fois, les discussions tournent court. C’est complexe, c’est douze mois par année. Notre meilleur atout, c’est d’avoir du monde sur le terrain et de faire triper les artistes qui viennent.

Les tournées des groupes sont parfois organisées deux ans d’avance, il faut trouver un équilibre afin qu’une soirée de hip hop comme IAM ne rentre pas en conflit avec une autre soirée hip hop similaire, bref, c’est un casse-tête! Quel est le plus gros défi?

Arnaud: Les agendas, comme tu dis, ce sont des éléments qu’on ne contrôle pas souvent, sauf si l’artiste veut démarrer sa tournée au Festival.

Louis: Une difficulté plus grande pour nous par rapport à des festivals qui sont plus spécialisés, ou qui roulent sur trois jours seulement, c’est l’équilibre qu’on essaie d’avoir en changeant de style chaque jour, sur la même scène, et ne pas se confronter de scène en scène. C’est un gros challenge. Cette année, on a eu un spectacle sur les Plaines qu’on a dû changer de journée, sinon on le perdait. Ça a été un jeu de dominos pour 12 artistes, parce que ça ne cadrait plus avec ce qu’il y avait au Parc de la Francophonie, mais là, ça bouscule trois autres artistes, et d’autres sur l’autre case horaire et ça crée un autre mauvais match avec Place d’Youville, le jeu de dominos se poursuit!

Là, la programmation est lancée. En ce moment, à quoi ressemblent vos journées?

Louis: On prépare l’automne pour l’Impérial Bell. On fait venir les devis techniques et les exigences, on veille à l’immigration, aux transports, aux chambres d’hôtel, tout le travail undergrond que les gens ne voient pas, mais hyper important. Et il faut les pousser, même s’ils sont super professionnels, pour avoir ces informations.

Évidemment, on fait la promotion de l’événement. On a des dossiers actifs pour 2016 et 2017. Surtout, là, on a une montagne de réunions, tous nos collègues ont besoin de nos informations, aux communications ou à la production, on est la porte d’entrée vers les artistes.

Vous allez dans plusieurs autres festivals, pour découvrir des artistes, prendre des idées, même. À quel point êtes-vous sur la route?

Louis: Environ une fois par mois. Arnaud ou moi, ou un autre membre de l’équipe. Pour voir des spectacles ou pour des rencontres. Quand on parle de gérer des agendas, si on ne peut gérer les agendas des artistes, on peut le faire avec d’autres festivals, pour dégager quelques jours pour faire des offres aux agences ou parfois s’échanger des journées. Ça nous aide et c’est indispensable.

Comment s’intègre l’Impérial Bell dans votre programmation à longueur d’année, que vous avez acheté en 2014?

Louis: C’est encore récent, on n’a pas encore vu tout le potentiel de cette synergie-là. On n’a pas voulu rien brusquer, on a conservé l’ensemble des employés, on apprend encore. On met notre empreinte tranquillement.

Arnaud: C’est un atout. Il ne faut pas se précipiter. La formule fonctionnait, sans plus, il faut maintenant lui donner plus de vigueur. On jauge encore la situation sur comment ça peut servir le festival. On aura sûrement une vision à plus long terme bientôt.

Beaucoup de gens réclament un site entre l’énorme capacité des Plaines et le magnifique site du Parc de la Francophonie, mais limité. À quel point l’équipe s’attaque à ce morceau?

Louis: Tu as devant toi deux des plus grands défenseurs d’un site à 20 000 ou 30 000 spectateurs qui nous permettrait de faire une tonne d’artistes extraordinaires qui nous échappent parce qu’ils sont trop gros pour le Parc de la Francophonie, mais pas assez pour les Plaines d’Abraham.

Ce site, toutefois, pose plusieurs défis. Des sites qui ont cette capacité, il y en a, mais à distance à pied de nos sites, non. Ça, pour nous, c’est un incontournable. Les gens doivent oublier Ste-Foy ou Limoilou, où il y en a des magnifiques, mais pour nous, nos sites doivent se marcher. Ensuite, les terrains que l’on occupe, comme les Plaines, ne nous appartiennent pas, on ne peut en faire ce que l’on veut, ou les reconfigurer à notre guise. Troisièment, et peut-être plus important encore, si on offre un nouveau site, on le finance comment? Cette nouvelle série demanderait de nouveaux cachets, il faudrait refaire l’équilibre financier. Mais mautadit qu’on aimerait ça!

Les amateurs de musique ont parfois une relation intense avec le FEQ. Comme pour le Canadien où le coach est critiqué sur tout, ses bons comme ses mauvais coups. Avez-vous cette impression?

Louis: Oui, ils sont très intenses et passionnés, mais comme les fans du Canadien, ils ont le droit. Ils sentent qu’ils possèdent cet événement et quelque part c’est vrai, sans la vente des billets, rien de tout ça n’est possible. Tout s’écroule à partir du moment que la population cesse d’acheter massivement les laissez-passer. Nos ventes ne se comparent à rien ailleurs dans le monde pour la taille de la ville. Et pour ça, les gens en veulent beaucoup. Je suis certain que Geoff Molson trouve ça difficile de voir toutes les décisions analysées et commentées, mais pas si difficile d’avoir un building plein soir après soir, dans un marché plus petit que la plupart des autres marchés de la LNH, mais avec des revenus au-dessus des autres. C’est un peu ce que l’on vit, ici, avec le Festival. On est dans un marché avec une performance surréelle, parce que les gens ont cette passion. On doit juste se tenir loin de Facebook. Parce que ça devient personnel un moment donné et difficile. Mais on écoute les gens, comme la soirée country les gens cette année

Arnaud: Ça siphonne, mais c’est une pression qui est saine aussi. Ça nous oblige à ne rien tenir pour acquis. On est à l’écoute des gens. On fait l’exercice régulièrement, on scrute ce que les gens demandent et tel groupe revient x fois, l’autre, x fois, et tel groupe que nous on songeait ne se retrouve nulle part. Il faut juste que les gens prennent conscience de la chance qu’ils ont. On vit dans une ville comme Québec, qui est exigeante, qui en veut plus pour pas beaucoup d’argent, ce que je peux comprendre, mais il faut juste mettre ça en perspective. C’est un prix défiant toute concurrence.

Plusieurs disent que le festival s’est dénaturé. Il y a 15 ans, c’était plus petit, plus humain, plus abordable, c’était une autre mission. Et Arnaud vient de parler du prix, mais cette critique revient souvent.

Louis: C’est le meilleur rapport qualité-prix au monde. Pour les journalistes à l’extérieur du Québec, le prix est perçu comme une farce, ils sont incrédules et ne comprennent pas. Ils nous demandent comment on fait, si on est rentable. On frappe l’imaginaire. Quand on lit les critiques là-dessus, on comprend que ça vient de son historique. On met 11 millions de dollars en programmation. C’est couvert par les laissez-passer et les commandites, on a seulement 15% d’argent public.

Pour Coachalla, j’ai loué mon casier pour y laisser mon manteau parce qu’il fait chaud le jour et froid le soir, c’est dans le désert. Juste le casier est 80$ US, ça, c’est en plus des 350$ US qu’on demande pour franchir la porte pendant 3 jours pour une programmation inférieure au nôtre. L’animation dans la rue est gratuite, financée par les laissez-passer.

Jean Leloup, ses billets sont 76$ en ce moment, au Grand Théâtre…

Arnaud: Ah ouais? Quand même! On fait le test avec des collègues en France et ailleurs. Eux disent qu’avec notre programmation, à ce prix-là, ils ne se casseraient même pas la tête à faire du marketing, ils vendraient tout facilement.

Année après année, vous avez de gros noms, arriverez-vous à tenir ce rythme-là année après année?

Louis: C’est une question de budget, d’opportunités. Un groupe comme les Rolling Stones, ça n’arrivera peut-être pu jamais. Y’a-t-il des bands équivalents en ce moment? Des gens vont dire qu’ils se fichent des Rolling Stones, mais parlons de valeur commerciale, c’est eux qui génèrent le plus de billetterie au monde. Des artistes avec une portée d’une décennie, la liste est plus courte, mais des gens comme Iggy Azalea ou Sam Smith, ce sont des gens que personne ne connaissait il y a 9 mois et là ils font courir les foules dans les plus gros festivals. Les têtes d’affiche de l’an prochain peut-être qu’on ne les connait pas encore. Ça se renouvèle plus dans l’éphémère, peut-être, mais ça se renouvèle.

On l’a dit, il y a 215 propositions musicales, on ne peut s’attarder sur chacun. En rafale, les suggestions des programmateurs, jour par jour.

Jour 1: 9 juillet 2015

Louis: L’électroFeq, une première pour ouvrir le festival. Un coup de départ rêvé pour le festival que je ne veux pas manquer. Je vais faire un crocher vers Lukas Nelson, le fils de WIllie, un musicien plus rugueux, plus blues, plus roots.

Arnaud: Mon coeur se déchire entre Yelle, Foxtrott et Milk & Bone, mais je vais avec Jungle by Night, de l’afrobeat avec une bonne dose d’énergie.

Jour 2: 10 juillet 2015

Louis: La soirée country, c’est une première en 48 ans, une demande du public. Je veux voir si le public est affamé de cette musique. Mon coup de coeur est toutefois Tragically Hip qui fera l’album Fully Completely au complet. Un album marquant pour ma génération.

Arnaud: Je ne cacherai pas mon amour éternel pour Arthur H. En plus ce sera le line-up de musiciens québécois, Francois lafontaine, Joe Grass et compagnie. Avant, c’est Jérôme Minière et Julien Sagot que j’aime d’amitié et en musique.

Jour 3, 11 juillet 2015

Louis: Royal Blood qui va ouvrir pour Foo Fighters, groupe important en Angleterre en ce moment. Hâte de voir ce que Colin James a à offrir en format acoustique.

Arnaud: J’ai vu Nirvana, mais pas Foo Fighets, alors c’est tentant. Je m’en voudrais de ne pas souligner Antoine Corriveau, un des albums qui m’a le plus marqué au Québec ces 3 dernières années, avec Légendes d’un peuple, qui me semble un incontournable en chanson francophone.

Jour 4: 12 juillet 2015

Louis: Je ne manquerai pas Bertrand Belin. On le compare à Johnny Cash en France. Petite mention pour Hamish Anderson, un guitariste entre Hendrix et Dylan.

Arnaud: Je vais à l’Impérial Bell pour une soirée qui va rocker, avec Ponctuation de Québec, que j’adore, Metz, un groupe canadien, archétype du groupe rock à la limite du punk et du noise, puis Black Lips, une valeur sûre en rock garage, une figure de proue de ce mouvement.

Jour 5: 13 juillet 2015

Louis: Future Islands. C’est peut-être pour moi un de mes tops coup de coeur de la programmation. Les gens devraient l’encercler et venir vivre ça.

Arnaud: Doobie Brothers, je ne les ai jamais vus. Avec Boston, c’est de la musique historique. Puis Chico Trujillo, du Chili, un peu Manu Chao sur les bords, plus punk.

Jour 6: 14 juillet 2015

Louis: Je vais parler de DakhaBrakha. Une des propositions les plus détonnantes. Trois Ukrainiennes avec des costumes formidables et des constructions rythmiques et mélodiques dures à décrire, mais qui se vit très bien. The OBGM’s, un groupe de Toronto très explosif, ils terminent au Cercle, ça va être la fin de soirée le fun pour moi.

Arnaud: Run The Jewels, je ne sais depuis combien de mois que c’est une drogue, aux deux jours, je dois écouter une de leur pièce. Une énergie folle. Un hip hop qui va chercher dans la techno, le bass. Des textes qui sont parfois irrévérencieux, mais pas que ça, ils ont aussi une conscience sur leur époque.

Jour 7: 15 juillet 2015

Louis: On a mis des affaires excessivement brillantes dans l’ombre des Rolling Stones. Ils vont être un typhon, mais on a pensé aux autres, qui n’aiment pas ce bain de foule qui sera débordant. Paul Oakenfold à l’Impérial Bell, un pionnier de la musique électronique. On espère que notre public électronique sera présent.

Arnaud: J’espère assister à au moins deux pièces des Rolling Stones. J’irais peut-être en basse-ville, au Petit Impérial, on va chercher dans le blues, mais détraqué un peu. Et Joakim, au Cercle, un électro french touch, mais plus fouillé. Un live set, avec des instruments sur scène, un peu à la Hot Chip.

Jour 8: 16 juillet 2015

Louis: Bernard Adamus, c’est toujours un plaisir de le retrouver, surtout en spectacle où son univers prend tout son sens. On a aussi Lemon Bucket Orkestra, un band de Toronto qui fait beaucoup de bruit.

Arnaud: De La Soul et IAM, deux groupes qui ont influencé le mouvement hip hop. De La Soul qui s’inspirait autant des pionniers, mais aussi du jazz, un des premiers à avoir samplé des standards du jazz et à avoir des textes plus réalistes. IAM, un retour historique, peut-être une dernière fois qu’on les verra. Grand Analog aussi, à Place d’Youville. On l’a vu à SXSW et on a craqué, on l’a booké.

Jour 9: 17 juillet 2015

Louis: Patrick Watson, ce serait un coup de coeur partout dans la programmation, mais encore plus pour les moyens qu’il aura pour sa créativité. Il a le défi de transposer sur la grande scène ses ambiances et sa texture. Avec les Barr Brothers, c’est un beau mixte, ce sont des amis, ça va aller où? Ils vont jouer l’un après l’autre, mais encore?

Arnaud: Heat, Viet Cong, Interpol, au Parc de la Francophonie. Interpol, j’ai toujours voulu les voir, ce n’est pas encore arrivé et ce n’est pas faute d’être fan! Viet Cong, c’est un rock très dérangeant. Je souligne aussi Red Baraat, une fanfare indienne, mais de Brooklyn, ils sont une dizaine sur scène, une fête totale.

Jour 10: 18 juillet 2015

Louis: Zappa Plays Zappa, c’est toujours fort à Québec.

Arnaud: Tamikrest, qui vient du Mali. Ce sont des touaregs. Daddy Long Legs, un trio de New York, découvert au FME, harmonica, guitare, batterie.

Jour 11: 19 juillet 2015

Louis: On finit en lion. Nickelback a son public. Milky Chances, un des groupes les plus attendus. À l’époque qu’on les a signés, on ne savait pas encore ce que ça allait donner, ils avaient leur hit seulement. Ce sont des phénomènes qui peuvent faire peur pour des festivals. Mais je les ai vus et c’est un groupe qui installe comme une transe et c’est très efficace.

Arnaud: Je vais terminer à d’Youville avec des rythmes latins dans tous les sens, musique brésilienne, musique traditionnelle chilienne. Compass et Los Van Van, tout le monde connait!

Tous les détails sur le Festival d’Été de Québec, qui se déroule du 9 au 9 juillet 2015, sur infofestival.com.