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F.O.L.D.S, Exister encore et Grace: programme triple!

Trois prestations. Deux provenant d’un programme double de La Rotonde à la Salle Multi de la Coopérative Méduse et l’un présenté au théâtre Périscope. De la danse et du théâtre. Trois manières d’aborder notre état d’être.

Du côté du Périscope, on présente du 26 janvier au 13 février la pièce Grace, une production du Théâtre des miettes dans la caboche et du Théâtre Dream Team. Vous déduirez donc que j’ai assisté à la première, mardi soir.

Grace nous transporte en Floride, à une époque où les gens ont des cellulaires pas intelligents mais quand même un Macbook pro. C’était avant les réseaux sociaux, aussi. Personnellement, j’ai l’impression que le personnage devait sûrement avoir plus un iBook ou un PowerBook, vu la période où l’on semble vouloir placer la pièce, mais là, seuls des geeks pourraient y voir un problème, d’autant plus que ce portable n’est qu’un élément de décor sans importance et j’ai déjà consacré trop de mots à son sujet.

Steve et Sarah ont quitté le Minnesota pour tenter de faire fortune en Floride, en lançant des hôtels «gospel», consacrés à la foi chrétienne. Leur nouveau voisin d’en haut, Sam, se remet d’un accident de la route qui l’a magané, mais qui a surtout tué sa femme. De temps en temps, un vieil exterminateur allemand vient faire son tour.

Au travers des péripéties des investissements hôteliers somme toute secondaires, les personnages discutent de la foi. Le couple est «Jesus freak», le voisin est agnostique et ne trouve plus de sens à sa vie tandis que l’Allemand est un athée convaincu qui semble heureux malgré de vieilles blessures.

Faut-il la foi pour donner un sens à la vie? La foi peut-elle déformer les perceptions? La foi peut-elle nous détourner des vraies valeurs? A-t-on besoin de croire en Dieu pour avoir la foi? Dieu existe-t-il? Comment accepter le malheur si Dieu n’existe pas? Bref, on tourne autour de ces questions.

J’ai plusieurs réserves sur Grace. Il y a un manque d’équilibre. Autant certaines scènes sont jouées avec aplomb et sensibilité, parfois on flirte avec le jeu un peu trop gros. On tente de toucher à des questions profondes – certes pas nouvelles, mais ça, c’est rare -, mais on règle en trois répliques des situations qui pourtant comportent des milliers de nuances alors qu’on démontre avec trop de scènes le besoin de Steve de croire en Jésus. Parfois quelques personnes dans le public rient, mais nous ne sommes pas sûrs si c’est fait pour être drôle.

Ne connaissant pas la pièce américaine originale, écrite par Craig Wright, je ne saurais dire si ceci est dû à la pièce ou à l’adaptation. Je sais toutefois que je n’ai pas été convaincu par cette pièce.

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Les 21, 22 et 23 janvier dernier, La Rotonde présentait un programme double à la Salle Multi de Méduse. F O L D S pige autant dans la danse que dans la poésie et l’art visuel. C’est en fait un poème cinétique, où on joue avec les perceptions, les mouvements et le temps.

Les mouvements, généralement très lents, de Katia-Marie Germain se marient à des jeux d’ombres et à des projections qui non seulement viennent embrumer ses gestes, mais suspendre le temps. Il y avait là un aspect fantomatique et mystérieux. J’ai pris quelques minutes à embarquer dans cette proposition singulière, mais comme probablement tout le monde, j’ai fini par être hypnotisé par cette poésie visuelle.

Ce programme double était tout en contraste. Exister encore, qui suivait, est au contraire brut et hyperstimulé. La chorégraphe et interprète Maryse Damecour a cueilli 331 mouvements par 179 personnes qu’elle nous recrée devant nous, dans un enchaînement frénétique et épuisant. Allant plus loin que la simple performance, Maryse joue avec les frontières de son concept. Personnellement, j’ai trouvé la deuxième partie un peu longue, je me suis demandé si elle avait besoin d’aller aussi loin pour que l’on comprenne son message, mais l’ensemble demeure savoureux et surtout, elle réussit à nous faire poser cette question: existons-nous encore?