Présenté au Périscope jusqu’au 20 février prochain (donc, pas très longtemps), Huff est une oeuvre coup de poing qui, malgré tout, nous fait beaucoup rire. J’y reconnais là la grande autodérision des autochtones.
Huff, comme huffing, ou sniffer du gaz. C’est aussi le nom d’un des personnages, qui sont tous interprétés par Cliff Cardinal, qui signe aussi le texte de cette pièce. Récit d’une jeunesse sur une réserve autochtone de l’Ontario, mais cette réserve pourrait être en Abitibi, sur la Côte-Nord ou en Alberta. Une jeunesse qui s’occupe comme elle peut, qui rêve comme elle peut, qui affronte le vide de sa famille comme elle peut.
Les sujets mis de l’avant sont lourds: toxicomanie, alcoolisme, suicide, déviance sexuelle… Mais on ne sort pas de là avec une envie de s’ouvrir les veines. Vous allez même avaler la pilule en riant, le plupart du temps.
Et ça, c’est grâce à deux grandes forces de Huff. Des moments où le coeur nous serre et où le motton s’installe dansent avec fluidité et rapidité avec des moments où l’on rit franchement. L’autre grande force est la qualité du jeu. Dans une même scène, Cliff peut jouer la grand-mère, le père et les trois frères, en alternance. À l’aide de son seul corps et quelques rares accessoires, il nous plonge dans cette ambiance que j’ai ressentie quelques fois dans des réserves autochtones. Un mélange de folie, d’espoir et de désespoir, de magie et de réalité amère.
Pour ceux qui ne connaissent pas la réalité autochtone, allez-y. Pour ceux qui aiment le théâtre bien ficelé et authentique, allez-y. Pour ceux qui aiment vivre des émotions, allez-y.
La pièce est en anglais et même les gens pas parfaitement bilingues comme moi comprendront bien. Néanmoins, des sur-titres en français accompagnent la pièce tout au long.