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Danser dans un bar

Les humoristes le disent souvent en entrevue: faire de l’humour dans un bar, c’est apprendre à la dure. Proposer de la danse contemporaine dans un bar, c’est quand même assez osé, et c’est ce que font La Rotonde et Le Cercle depuis déjà plus d’un an avec La petite scène, présentée une fois par saison.

Certes, Le Cercle est plus une salle de spectacle qu’un bar. Ce ne serait peut-être pas la même chose au Dauphin ou à la Petite Grenouille. Le public qui est là n’y est pas par hasard. Il veut voir de la danse. Néanmoins, il y a quand même quelque chose d’audacieux de présenter ça là. Et ça change la dynamique. Mais pas tant que ça non plus. Il y a quelque chose de décontracté, on a notre bière, le monde ose parler entre les numéros, mais l’essence est là: des chorégraphes qui créent du beau et des émotions avec leurs corps.

La petite scène, c’est un cabaret de danse. En gros. Des numéros de danse, sur un thème (ce soir c’était la Nordicité), d’une durée maximale de sept minutes. Ce soir, il y avait huit propositions, tous entrecoupées par les splendides interventions musicales de Artiq Session, un duo violoncelle-violon (Rachel Baillargeon et Jean-Michel Marois).

J’ai particulièrement aimé la proposition de Fabien Piché, qui a commencé en humour et qui s’est enchaîné en une série de mouvements précis, un jeu de compression du corps, sans aucun déplacement. La gigue contemporaine de Philippe Meunier avait quelque chose de l’univers du cirque très réussi. Belle interaction aussi entre la danseuse et un thérémine (Rosie Content et Virginie Reid, d’une chorégraphie de Anne Thériault). Le feu dansant du chorégraphe Emmanuel Jouthe, avec la participation d’Élise Bergeron, était d’une belle poésie. Le premier numéro était hypnotisant tant le corps de Esther Rousseau-Morin semblait se narguer de la gravité.

Bref, La petite scène est une belle formule, qui casse le moule habituel, du moins de l’image que les gens se font de la danse. Et comme les numéros sont courts, s’il y en a que tu n’aimes pas, le «calvaire» ne dure pas longtemps. Une bonne façon d’initier des gens à la danse contemporaine. Bravo aux deux directeurs artistiques, Jean-François Duke et Caroline Simonis.

La prochaine soirée devrait avoir lieu en mai. Suivez leur page Facebook pour les détails!