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L’obsession de la sécurité et le Festival d’Été de Québec

Je me suis fait les mêmes commentaires que plusieurs lorsque le Festival d’Été de Québec a annoncé ses nouvelles mesures de sécurité: incitatif à consommer sur place ou sécurité?

L’ensemble des objets interdits sont compréhensibles. Des bouteilles en verre, des feux d’artifices, des armes blanches, on comprend facilement. Et pour certains items, on se demande même pourquoi tu amènerais ça sauf pour faire de la merde, comme un fusil ou un gros couteau.

Ça devient plus délicat lorsqu’on arrive avec les bouteilles d’eau ou la nourriture. La réponse de Luci Tremblay, directrice des communications du FEIQ, est tout à fait logique. Il n’est pas si dur de dissimuler des affaires dangereuses dans du liquide ou entre deux tranches de jambon d’une sandwich. Sauf que… il n’y a pas que là-dedans qu’on peut dissimuler des affaires.

Je ne veux pas donner des trucs aux trouble-fêtes, mais des vêtements, des sacs à dos, des souliers… quelqu’un qui veut vraiment cacher quelque chose a du choix pour le faire. Ce n’est pas comme s’il y avait des détecteurs de métal à l’entrée des sites.

Le Festival d’Été de Québec dit suivre les recommandations de la police et ce n’est pas différent de ce qu’on retrouve dans plusieurs événements ou lieux publics aujourd’hui. Faisons que penser à la St-Jean-Baptiste ou aux aéroports.

Sauf que jusqu’où doit-on se protéger de tout et surtout, jusqu’où peut-on vraiment se protéger de tout? À partir de quand la protection empiète sur la liberté? À partir de quand la sécurité devient paranoïaque? À partir de quand ça devient du zèle?

Les pirates informatiques réussissent toujours à contourner les nouvelles mesures de sécurité. Les terroristes réussissent toujours à trouver les failles dans les lois et les contrôles pour leurs attentats. Les fous s’en foutent des règles, en fait.

Je pense aussi à tous ceux au revenu modeste, pour qui l’achat du laisser-passer est déjà un gros morceau de leur budget. Consommer sur place est hors de question pour eux, c’est financièrement inaccessible.

Ceci dit, le festival fait des efforts et semble vouloir offrir un compromis. Il va offrir sur les Plaines d’Abraham et au Parc de la Francophonie des fontaines d’eau. Dix sur le premier site et cinq sur le second. Aussi, cette année, il va tolérer les pommes, les barres tendres et même les sandwichs, mais Luci Tremblay a bien insisté que le festival allait tolérer cette année et que 2016 était une année transitoire. L’an prochain, ce sera interdit.

L’interdiction ne touche aussi que les scènes en tant que tel. Il y a même une zone pour pique-niquer, le «Coeur du festival», pas loin du Parlement. Malgré tout, pendant les spectacles, les gens doivent quand même consommer au bar/vendeurs ou se rendre aux fontaines – une option ardue si le site est plein.

Personnellement, je trouve qu’il y a un abus de sécurité. Comme lors des autres événements du genre avec des règlements similaires. Si une personne songe à cacher des trucs dans une bouteille d’eau ou une barre tendre, c’est que cette personne souhaite vraiment entrer l’objet. On rompt l’équilibre de la sécurité versus le plaisir et la liberté des spectateurs.

Je serais curieux de voir combien d’incidents sont survenus parce qu’un débile ou une folle a mis en danger un public en ayant entré des matières ou objets dangereux cachés dans de la nourriture ou des liquides.

Sans vouloir remettre en doute la sincérité du festival, qui subit peut-être des pressions de la part de la police ou de ses assureurs (on sait qu’ils peuvent être lourds), c’est difficile de ne pas voir l’opportunité d’affaires qui se créé avec ces mesures de sécurité et de se poser des questions.