La semaine passée, bien avant qu’on ait besoin de déneiger nos rues et trottoirs à Québec, j’ai lu un article dans Le Monde sur le déneigement féministe.
«Soit une politique adoptée en 2015, à Stockholm, par la majorité municipale rouge, vert et rose, composée des sociaux-démocrates, des écolos et des féministes. Les élus sont partis du constat que les femmes utilisent davantage les trottoirs et les pistes cyclables (car elles manient des poussettes), tandis que les hommes, eux, circulent sur les grandes avenues (car ils conduisent des voitures). La nouvelle politique de déneigement consiste donc à déblayer d’abord les trottoirs et à terminer par les routes.»
En fait, ça suit les statistiques habituelles des contextes «bas de l’échelle» et autres «milieux défavorisés», les femmes y sont toujours plus présentes que les hommes (égalité des sexes atteinte?). Et dans l’article, on parle d’un échec lors d’une grosse tempête de neige, mais aussi de réussites et de retombées positives. Je trouve qu’il y a quelque chose d’intéressant là-dedans.
Le piéton est le moyen de transport universel. On l’utilise tous, même les automobilistes. Il faut bien, après tout, se déplacer entre le stationnement et l’entrée (ou la sortie, selon le cas). Pourtant, le piéton semble être la dernière priorité du déneigement.
J’en parlais déjà le printemps dernier, comme quoi c’est un sujet qui m’interpelle vraiment. Pis que je commence à radoter, peut-être.
Sauf que voilà, hier, on a eu une bonne bordée de neige. Une vraie. Pas un mélange de pluie, de slush et de neige, mais de la grosse neige qu’il faut gratter, pelleter et souffler si l’on veut une circulation fluide.
Fluide pour qui? Pour l’automobiliste.
Chaque fois je suis sidéré par la manière dont les piétons sont traités. Quand ce n’est pas un lac d’eau glaciale ou de slush tout aussi froide, c’est un banc de neige qui attend les piétons qui veulent avoir accès au trottoir. Parfois, nous sommes chanceux, et l’accès est aisé – si la gratte-trottoir vient de passer et que la gratte-rue, elle, n’est pas encore repassée.
Et encore, je me trouve chanceux, je n’ai pas d’entorse lombaire, ni de marchette, de béquilles, de poussette, de fauteuil roulant, de problèmes de chevilles ou de hanches, bref, je me fais chier, mais ça demeure jouable.
Mais ils font quoi ces personnes?! Ils doivent rester chez eux? C’est n’importe quoi!
C’est insultant de voir que souvent, pendant que la rue est accessible, toi, le piéton qui a très peu de coûts pour la société, tu dois te faire chier avec ces obstacles. Que les gens les plus vulnérables ne puissent utiliser le moyen de transport le plus naturel et normalement le plus universel, accessible, simple et économique.
Pour revenir à l’idée du déneigement féministe, j’aurais envie de parler de déneigement équitable. Ne pourrions pas penser à un déneigement qui ne prendrait pas en «otage» le «payeur de taxes» qu’est le piéton? J’essaie d’utiliser les mots-clés des automobilistes, comme vous aurez remarqué. Il y a des quartiers où le «payeur de taxes» n’a même pas son trottoir déneigé, parce que la ville, pour économiser, le fait qu’un trottoir sur deux. Si ce n’est pas se faire cracher dessus, c’est au minimum se faire niaiser.
Comment pourrions-nous faire en sorte que le piéton ne se retrouve pas enfermé dans des corridors de neige? Qu’il puisse circuler librement, comme la voiture?
Évidemment, je ne connais pas grand-chose en logistique de déneigement, mais c’est évident qu’elle privilégie présentement la voiture, même si c’est un objet, qui, s’il n’est pas de luxe (dans bien des cas, oui), traine avec un lui un énorme coût individuel et collectif. Évidemment, les politiciens veulent davantage plaire à ceux et celles qui ont une automobile qu’aux piétons, parce qu’ils préfèrent plaire aux plus riches plutôt qu’aux plus défavorisés.
Néanmoins, je serais curieux de voir comment nous pourrions faire les choses différemment. Ce n’est pas normal que ce soit plus facile se déplacer en voiture qu’à pied. Bon, là, je sais, j’évite l’aspect «stationnement» qui est la partie difficile de la voiture en hiver, mais je le répète, la voiture est un luxe, du moins, n’est pas essentielle, contrairement à la marche. Et si nos trottoirs étaient mieux déneigés, les automobilistes y resteraient moins pris dedans, en plus. Ils y gagneraient aussi!
De manière générale, aussi, on diminuerait le stress et la frustration si le déneigement n’était pas vue seulement comme une dépense. On améliorait la sécurité et la fluidité de la circulation. Oui, comme le dit Accès transports viables, on devrait réfléchir à l’impact de la gestion du déneigement actuel.
Bien d’accord avec vos propos. A cet effet, savez-vous qu’il existe déjà une organisation pour la défense des droits des piétons qui a vu le jour à Montréal du nom de ?
Ça fait un peu prétentieux, mais c’est tout de même un début pour cette revendication essentielle et taboue dans un monde du !
Salutations cordiales !
En tant que piéton, automobiliste et usager des transports collectifs, je suis légèrement surpris de votre propos. J’ai habité dans différents quartiers de Montréal (Plateau, Villeray, VSL) et les trottoirs me semblent habituellement (mais pas toujours) déneigés avant les rues. Cela m’apparaît normal, considérant qu’il faut prévenir autant que possible les risques de chute. Par contre, à un moment donné, un piéton va devoir traverser la rue et il faudra alors que celle-ci soit déneigée, non?
Cela dit, je trouve votre argument sur le revenue un peu court. Il y a plein de gens à Montréal qui n’ont pas d’auto pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs finances et d’autres, bien moins riches, ont des vieilles minounes pour tenter de survivre un peu.
Autre chose qui me semble importante: bien déglacer les intersections. La dernière chose que je veux voir, c’est un automobiliste qui dérape sur une plaque de glace en freinant et qui frappe un piéton qui traverse.