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Le #DéfiMartineau pour tester l’usine à opinions

Des fois, on a une idée un peu niaiseuse, on la trouve absurde, mais charmante aussi. C’est un peu ça, le #DéfiMartineau.

Ce défi est un peu une manière de répondre à des théories qui viennent souvent de gérants d’estrade. Des gérants qui sont parfois des gérantes, aussi, soyons inclusifs. Ça veut dire quoi, exactement, écrire tous les jours sur l’actualité? Ça implique quoi? Est-ce que le rythme est le message, un peu comme le médium est le message? Explications.

D’un côté, j’ai des collègues qui apprécient de ne pas être obligé de produire tous les jours des chroniques, de devoir formuler tous les jours, ou plusieurs fois par semaine, une opinion sur l’actualité. Leur rythme hebdomadaire ou irrégulier leur permettrait de prendre un recul sur l’actualité, de ne pas réagir à chaud, de ne pas se répéter, de ne pas avoir à prétendre tout comprendre toujours tout rapidement. Ça enlève une pression qui pousserait vers le vide ou diminuerait inévitablement la qualité de leurs chroniques.

D’un autre côté, j’ai aussi des collègues qui ont peur de devoir écrire tous les jours. Pas par souci de pertinence, mais juste d’écrire aussi souvent. Cette capacité d’écrire 500 mots, quotidiennement, sur ce qui se passe, même si les idées se répètent parfois, même s’il y a des raccourcis intellectuels dans certains cas, cette capacité demeure une sorte de talent en soi. D’autant plus dans les cas de chroniqueurs vedettes, qui, au-delà des critiques artistiques ou intellectuels de leurs textes, réussissent à toucher ou à faire réagir le lectorat tous les jours.

Et puis il y a ces personnes qui disent que c’est facile écrire tous les jours quand ce que tu dis c’est vide, des sophismes, des fausses informations, du populisme, du sensationnalisme, etc. Tous les chroniqueurs et chroniqueuses ne sont pas dans ces créneaux, mais ça demeure un truc que je lis ou entends régulièrement. Comme si n’importe qui pouvait le faire.

Il reste donc ces questions en suspens, tout le temps. Le fait de produire tous les jours (ou plusieurs fois par semaine) une chronique nivelle-t-il par le bas? Est-ce que le rythme de production explique certaines critiques récurrentes chez ces chroniqueurs et chroniqueuses? Est-ce que produire tous les jours (ou plusieurs fois par semaine) est un défi en soi qui n’est pas à la portée de tout le monde? Est-ce plus facile à critiquer qu’à faire?

Je fais partie de ces personnes qui apprécient de ne pas avoir à donner son opinion tous les jours et qui croient que cette cadence aurait un impact sur la qualité de mes textes ou de mes éditoriaux en ondes. Je pense que devoir écrire tous les jours aurait une incidence sur ma moyenne au bâton. Tous mes textes ne sont pas réussis et solides, mais aller moins souvent au marbre diminue les risques de passer dans le beurre et de faire de fausses balles. Frapper un circuit n’est pas si dur, en frapper un chaque fois que tu vas au bâton, là, c’est autre chose.

Je critique souvent, aussi, ce que certaines personnes et moi appelons l’usine à saucisse, c’est-à-dire cette obligation de produire du contenu à la qualité très inégale parce que la bête médiatique a faim, toujours faim.

C’est pour ça que je me lance le #DéfiMartineau. Oui, c’est une référence à Richard Martineau, mais le défi n’est pas une pointe envers lui. J’aurais pu faire référence à Mathieu Bock-Côté, à Sophie Durocher, à Patrick Lagacé, à Yves Boisvert, à Bernard Drainville et à tellement d’autres, mais Richard Martineau symbolise vraiment bien cette image du chroniqueur qui produit beaucoup d’opinions sur plusieurs tribunes tous les jours (ou presque).

Je me lance donc le défi d’écrire tous les jours sur l’actualité. Ici, sur mon blogue au Voir, comme en ondes, à mon émission Québec, réveille!. Je n’ai aucun texte d’écrit d’avance. Et pendant ce défi, j’aurai mes autres contrats habituels à produire. C’est vraiment un truc que je m’ajoute, pour voir, pour tester, pour expérimenter cette particulière position.

Peut-être que je vais devenir impertinent. Peut-être que je vais me rendre compte que 300 mots, ça peut faire un texte assez long. Peut-être que je vais me répéter. Peut-être que je vais y prendre goût. Peut-être que je vais me ridiculiser. Peut-être que je vais maintenir une bonne moyenne au bâton. Peut-être que je vais trouver ça facile. Peut-être que je vais empirer mon insomnie. Peut-être que vous allez moins me lire… ou me lire davantage. Je n’en ai aucune idée!

Comme nous sommes le 1er avril, je le précise: ce n’est pas un poisson d’avril! Ça ne serait pas une bonne blague, en plus. C’est un vrai défi que je me lance. Pour le fun, mais néanmoins sérieusement.