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Les flammes de Québec solidaire

Je m’intéresse beaucoup, je dois dire, au mouvement qui entoure Québec solidaire. Pas tant parce que je me sens particulièrement solidaire. Ou qsiste comme certaines personnes tentent d’imposer à la place comme mot pour parler des membres du parti.

J’en profite pour ouvrir cette parenthèse, mais le principal argument que je vois pour délaisser « solidaires » pour « qsistes » est que le mot « solidaire » ne devrait pas être récupéré ou appartenir qu’à Québec solidaire. Je me demande pourquoi ces gens acceptent alors que le mot « libéraux » soit récupéré et accaparé par le Parti libéral du Québec et pourquoi ils ne disent pas les péélquistes. Pourquoi laissent-ils les conservateurs du Parti conservateur du Canada faire main basse sur le mot « conservateur » et ne les appellent pas, à la place, les pécécéistes? Et les néodémocrates? C’est pas prétentieux de se prétendre comme les nouveaux démocrates? On ne devrait pas les nommer « npédéistes? »

Il y a des mystères comme ça. Ce terme, «qsiste», ne témoigne probablement pas de mauvaise foi, ne vient sûrement pas d’un fond d’irritation envers le parti et ne vient sûrement d’une volonté de diminuer l’image du parti auprès de la population. Sûrement pas…

D’ailleurs, comment le dit-on, « qsiste »? « quéssiste », « cussiste » ou « kss-iste »?!

Je m’intéresse donc à cette montée de Québec solidaire. Une montée qui ne parait peut-être pas tant dans les sondages nationaux, mais qui parait dans certains milieux, qui parait dans certaines circonscriptions, qui parait dans les discussions et qui parait dans la mobilisation.

C’est cette mobilisation que je trouve intéressante, parce qu’elle diffère de la mobilisation habituelle que j’observe dans les autres partis politiques. Elle m’intéresse comme la mobilisation autour de Bernie Sanders piquait ma curiosité, comme celle des carrés rouges de 2012 attirait mon attention, et celle des Indigné.e.s ou de Idle no more.

Quand une flamme s’allume, j’aime voir jusqu’où ira ce feu. Je crois au pouvoir de la masse, au pouvoir de la rue, à la résistance, a la démocratie directe, aux mouvements citoyens. Présentement, Québec solidaire réussit à allumer des flammes. Je vois des gens n’avoir jamais eu d’appels politique en avoir un, en ce moment.

C’est donc curieux que je me suis pointé au Grand rassemblement de Québec solidaire, à l’Impérial, hier soir. Pour tenter de comprendre cette mobilisation. La flamme a-t-elle de bonnes bûches? Le feu pourra-t-il prendre ou on reviendra rapidement à des tisons?

Alors ce mouvement il ressemblait à quoi? À beaucoup de gens. Plus de 800 a répété le parti sur la scène et j’aurais estimé environ 700 à 800 donc leur chiffre me semble plausible.

Même si je doute que la CAQ puisse réussir ce genre de rassemblement même dans ses meilleurs comtés, ça ne veut toutefois pas dire que c’est gagné et que Québec est rendu à gauche. Mais ça démontre qu’il y a une gauche qui veut se faire entendre à Québec, malgré l’image qu’on lui donne.

Pas besoin d’un animateur de foule pour faire crier et applaudir la foule qui a scandé les noms d’Amir Khadir même s’il n’a pas monté sur scène et celui de Manon Massé à la fin de son discours. Le public a applaudit les appels à l’indépendance, à l’interculturalisme, à la clause Bombardier, au salaire minimum et surtout les appels à la victoire et au (vrai) changement.

Je n’étais pas sceptique de l’enthousiasme de la foule, mais j’étais curieux de sa vigueur. Il n’assourdissait pas l’Impérial, mais il était sincère, bien présent et surtout assoiffé – dans la mesure où ces partisan.e.s semblent avoir un besoin de s’exprimer.

À la fin, après quatre discours, Gabriel Nadeau-Dubois a tenté de transformer l’enthousiasme démontré généreusement toute la soirée en actions concrètes en disant, ou en rappelant, que la manière dont QS peut faire des gains, c’est en étant actif sur le terrain avec des militant.e.s qui travaillent avec le parti, mais aussi pour ce mouvement qui entoure le parti.

Et il est là le défi de QS: concilier un parti qui grandit, qui connait ses premières courses à l’investiture, et la base militante qui a creusé l’enracinement dans un quartier ou une région. Concrètement, donc, garder les premiers et premières militantes qui ont défriché tout en convaincant les nouvelles personnes qui pour la première fois participent à des rencontres politiques que se rassembler est une chose, donner du temps en est une autre aussi importante. Garder unies la rue et la politique, en gros.

Il y a un mouvement, encore jeune, mais aucun doute qu’il y en a un. Un mouvement qui sort des cercles habituels de la gauche, composé en bonne partie de nouvelles personnes. Quelques discussions au hasard dans la soirée me l’ont confirmé.

Un mouvement fertile qui peut mener à au moins un gain à Québec, je le crois. Mais il devra grandir encore et ne pas lâcher une seule journée ni un seul pouce pour y arriver.