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Merci #DéciderEntreHommes

On apprenait en fin de semaine que Marie-Ève Maillé remettait #DéciderEntreHommes à Jesuisféministe. Et je voulais remercier Marie-Ève Maillé de s’assurer que ça continue, et Jesuisféministe de prendre le relais.

Comme féministe – ou allié, qu’importe comment vous me considérez –, je trouve ça important, en tant que non-femme, de soutenir les initiatives, de donner un appui. Pour montrer que ce qui est soutenu par les femmes n’est pas une lubie qu’elles s’inventent. Parce que c’est important que celles et ceux qui se battent contre une discrimination aient des appuis, des allié.e.s. Et malheureusement, dans ce cas-ci, parce que parfois quand c’est dit par un homme, c’est pris plus au sérieux. Poche de même.

J’imagine aussi que mon appui se distingue un peu puisque j’ai déjà été pointé du doigt par #DéciderEntreHommes. Un call out que je juge toujours valide et que je ne renie toujours pas.

Parfois, on essaie d’expliquer le plus simplement possible certains concepts, on essaie de rendre concrets des phénomènes ou des théories. Ce n’est pas toujours facile, même si ces phénomènes sont étudiés et réfléchis à partir de cas réels, ça demeure parfois difficile de vulgariser l’idée, de la résumer, de l’imager.

C’est ça, la force de #DéciderEntreHommes, en fait. Ce hashtag permet de visualiser un déséquilibre tellement flagrant et familier qu’il passe souvent inaperçu, même s’il faudrait le remarquer, le dénoter et le changer. Un déséquilibre qui passe même inaperçu aux yeux de celles et ceux qui le dénoncent, parfois.

Il fallait un outil pour le noter et ne pas l’oublier.

Un truc super simple. Comme un drapeau qu’on lève chaque fois qu’on remarque l’absence de parité. Certains de ces drapeaux s’expliquent facilement et d’autres sont mis sur une situation qui, une fois le contexte pris en compte, nous font dire que sur ce coup-là, c’est plus niaiseux que grave, ou que c’est arrivé malgré toutes les bonnes intentions du monde que ça ne soit pas le cas.

Sauf que le problème est là si souvent que même les cas niaiseux peuvent gosser.

Pour saisir la force de #DéciderEntreHommes, il faut faire un zoom out. Agrandir le portrait et voir le nombre de drapeaux levés. Autant de drapeaux plantés ici et là ne peuvent reposer que sur le hasard et une bonne volonté qui l’a échappé. Ça ne veut pas dire que ça repose toujours sur une mauvaise volonté, mais une telle répétition ne peut que témoigner d’un problème.

C’est ça que permet ce hashtag, de compiler. Et le dossier est pas mal épais.

Petit rappel pour ceux qui se retrouvent dans un call out de #DéciderEntreHommes : ce hashtag ne dit pas que les hommes sur la photo sont des sexistes ou des salauds, ou qu’ils n’ont pas leur place. Ça dit juste « eille! Encore un moment où il n’y avait pas de femmes! » Si c’est vraiment dû au hasard, laisse ton égo de côté. Si tu étais avec les meilleures intentions du monde, dis que tu comprends, que tu es désolé et que tu vas continuer à travailler à ce que ça n’arrive pas une autre fois.

Comme je disais lorsque j’ai répondu à #DéciderEntreHommes et mon call out: «Même si pendant 50 ans vous ne dépassez par la limite de vitesse, si un jour vous le faites et attrapez un ticket, le ticket n’est pas moins justifié. Mais ça ne fait pas de vous non plus un conducteur dangereux et incompétent pour autant. Le policier ne juge pas votre vie, il a pointé une action précise à un moment précis, sans plus. Ça sera peut-être ironique, mais ça ne sera pas injuste.»

Normalement, si tu portes une réelle attention à ça, tu ne te retrouveras pas souvent dans un call out. Si ça arrive plus d’une fois, tu devrais alors te poser des questions sur tes façons de faire. Es-tu sûr de bien faire les choses?

Si même les personnes conscientisées à la parité se retrouvent dans un call out, imaginez les personnes qui croient au hasard ou qui s’en fichent.

C’est vrai que c’est dur, parfois, d’être inclusif. Surtout qu’on ne veut pas, nous non plus, avoir une femme juste pour avoir une femme, avoir un Autochtone juste pour avoir un Autochtone, – le tokenisme –, ce n’est pas ça l’idée, non plus. Ni de faire pitié… Ça en dit long sur le poids de la tangente sociale si même les personnes qui prônent la diversité ont parfois de la misère à mettre de l’avant cette diversité.

Dans l’article du Devoir, Marie-Ève Maillé partage un commentaire reçu pendant ses années à gérer #DéciderEntreHommes qui résument bien tout ça : « On ne fait pas exprès pour que ça arrive, mais il va falloir faire exprès pour que ça change. »

Bravo à celles qui ont conçu cet outil si simple, mais si efficace, Marilyse Hamelin et Marie-Ève Maillé. Merci à celles qui prendront le relais, Jesuisféministe. C’est important que ça continue.

Vivement que ce hashtag devienne caduc. Mais ça, ça n’arrivera malheureusement pas demain matin.