Doit-on donner des cours d’éducation sexuelle au primaire et au secondaire? Oui!
On n’aurait pas dû enlever ce qui se donnait déjà lorsque j’étais adolescent (il y a déjà 20 ans), mais l’améliorer, l’augmenter.
C’est tellement important qu’il ne faut justement pas le faire n’importe comment, par n’importe qui. Ce que propose le gouvernement libéral ressemble toutefois un peu à ça.
En ce moment, c’est comme si le gouvernement se disait qu’il fallait tellement le faire coûte que coûte qu’on le garroche, sans réfléchir à la meilleure façon, vérifier si c’est réaliste, si ça va valoir la peine. Un peu comme une réponse obtenue sous la pression – peu importe la réponse, tant qu’il y a une réponse.
La sexualité est un enjeu complexe, difficile, sensible, subtil, mais le gouvernement souhaite que ça soit fait par des professeur.e.s non formés sur ce sujet – ou si peu -, et que ce soit donné au travers le cursus habituel.
Je me demande encore comment le clitoris sera amené en mathématique, ou les menstruations en géographie ou les relations sexuelles en français. À moins que ce ne soit en éducation physique?! Je caricature. Quoique… En fait, je me demande à quel point je caricature, ce qui est quand même troublant.
Je cite un article de Radio-Canada d’hier, qui confirme ce qui est dit depuis le début: « l’éducation sexuelle ne fera pas partie de la grille-matières comme telle, étant plutôt intégrée à l’enseignement des matières existantes. Par exemple, un enseignant de français pourrait insérer du contenu pédagogique de nature sexuelle à son cours pendant quelques heures.»
Cette façon de faire témoigne d’une belle naïveté ou d’une grande indifférence. Oserait-on enseigner l’histoire de la même manière? Plusieurs historiens auraient sûrement l’impression que le gouvernement envoie le message que n’importe qui peut enseigner ça et que ça ne demande rien de particulier, que c’est secondaire.
Imaginez comment les sexologues voient ça.
Parlez à des gens qui font de la sensibilisation comme les GRIS ou les CALACS et vous verrez à quel point c’est un sujet particulier.
Il m’est arrivé de chercher des personnes pour me parler de sexualité en ondes. Mon expérience m’a montré que trouver des gens capables de parler simplement et facilement de sexualité est difficile.
Le sujet est difficile parce qu’il y a beaucoup d’éducation à faire (dû à notre retard et laxisme), et donc plusieurs mythes à briser, de préjugés à casser, de méconnaissances à combler. Et ces sujets suscitent toujours plusieurs réactions, peuvent soulever des questions sensibles, parfois des traumatismes. Ça demande de la délicatesse et une réelle connaissance pour faire face aux inévitables plaintes, commentaires et témoignages. Donc ça demande du temps, de la patience, de la volonté et une expertise.
Je regarde la manière dont le gouvernement veut enseigner la sexualité et je ne peux qu’être troublé. Je comprends les corps enseignants de lever des drapeaux! Ces cours devraient être de vrais cours, donnés par des gens formés en sexualité et non être un fardeau pour des enseignant.e.s qui n’ont pas les connaissances, ni la volonté.
Le ministre Sébastien Proulx dit que les formations se donnent en ce moment dans les commissions scolaires pour septembre prochain. C’est donc, sans aucun doute, qu’une formation de quelques heures, à la limite quelques jours.
Le ministre dit aussi que les commissions scolaires pourront décider si ces formations seront données par le corps enseignant ou des professionnel.le.s.
Ce que je vais dire n’est pas contre la compétence des professeur.e.s, mais je doute sincèrement que la majorité des professeur.e.s de français, de mathématiques ou d’anglais soient aptes à répondre, en pleine connaissance de cause et en étant à l’aise, à des questions sur l’homosexualité, la construction du genre, les violences sexuelles, la puberté, la reproduction, les maladies sexuelles, l’amour, la pornographie, le poil, et j’en passe!
Non seulement être à l’aise… mais sans préjugés, en plus.
Et avec quels moyens les commissions scolaires pourront engager des professionnel.le.s avec les compressions des dernières années? Et comment approfondir un sujet si c’est glissé ici et là entre deux matières? Comment créer un climat de confiance pour que les élèves osent poser des questions dans la classe si c’est garroché aléatoirement entre deux leçons d’algèbre ou de grammaire?
C’est tellement important que ça ne doit pas être fait n’importe comment entre deux leçons de français.
Présentement, ce qui est proposé ressemble plus à un devoir conjugal qu’à une sexualité assumée, libre et épanouie.
j’ai publié mon commentaire sur Facebook, croyant qu’il s’afficherait ici illico mais il semble que non.. surprise
quoiqu’il en soit, je suis surpris de lire que vous ayiez du mal à trouver des gens ppur en parler en ondes.
si ça se reproduit, dépendamment des sujets, faîtes-moi signe… on verra.
Salons A.G.
Pour une entrevue unique, ce n’est pas si dur, mais pour disons créer une collaboration régulière, chaque semaine par exemple, c’est plus ardu. On évoque le temps que ça demande, souvent, et je comprends. C’est quelque chose qui arrive avec quelques sujets, mais qui arrive moins avec le sports ou la musique, par exemple.