Vous vous souvenez sûrement de [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=MxsA6lMg_dg »]cette scène du Seigneur des anneaux III[/youtube] (Le retour du roi) où le roi de Minas Tirith, Denethor, mange un festin dans sa somptueuse salle d’une vulgaire manière, voire littéralement dégoulinante, pendant que son peuple se fait massacrer par les forces de Sauron. C’est l’image qui m’est venue en tête quand j’ai vu le tweet de Donald Trump.
«Grand jour pour Israël», a-t-il dit, alors qu’on dénombrait déjà près de quarante décès tout juste à côté, chez les Palestiniens. Il n’a pas dit ça avant le massacre, mais pendant celui-ci.
L’image n’est pas tout à fait la même. Ce n’est pas le peuple américain qui s’est fait massacrer ni la population israélienne, mais le contraste est là.
Pendant qu’on célébrait d’un côté, on massacrait des gens à quelques kilomètres de là.
L’image d’une fête ostentatoire à côté d’un bain de sang.
Au-delà des opinions politiques autour de la Palestine et d’Israël, il y a quelque chose de troublant dans cette capacité de célébrer d’une manière aussi grande ce qui, en même temps, juste à côté, cause plus de cinquante morts.
Hier, Israël ne s’est pas défendu, elle a démontré sa force et sa domination.
Sauf que c’est cette image de la décadence qui me revient en tête depuis hier à propos de ce massacre, et non le contexte géopolitique. C’est cette image d’une royauté festoyant dans la richesse et l’abondance pendant qu’elle met à feu et à sang son voisin – qu’elle assiège depuis des années. Non seulement pendant que ça se passe, mais en partie parce que ça se passe, aussi. Il n’y a pas de hasard ici ni d’innocence.
Quand tu prépares autant ton armée à réagir lors de l’inauguration d’un lieu, c’est parce que tu sais que ce geste est provocant.
Donald Trump aurait pu souligner l’aspect historique de cette journée – parce qu’elle l’est, en effet, mais ceci n’empêchait pas de regretter les morts. Mais il n’y a eu aucune mention des violences. Il n’a rien déploré, il n’a pas trouvé ça dommage, il n’a fait aucun appel au calme, rien. Comme si ça n’existait pas, comme si ça n’avait pas lieu.
«Trump make Israel great again» dit une affiche visible à Jerusalem. D’ailleurs, ce n’est pas le pays qu’on remercie dans le déplacement de l’ambassade, mais le président seulement, ce qui en dit long sur l’homme derrière la présidence et sur l’absence d’unanimité autour de cette décision.
«Make Israel great again»… Personne ne m’a encore jamais convaincu que la grandeur pouvait se faire en massacrant d’autres personnes. Hier, Trump et Nétanyahou ont plus contribué à l’indignité humaine qu’à sa grandeur et à celle de leurs pays.
Dans l’optique où Trump est la marionnette de Nétanyahou, tout prend son sens.
Étonnant que votre texte si juste ne suscite qu’un seul commentaire. Que se passe-t-il? Notre petite communauté, si prompte à donner son opinion sur tout et sur rien, trouve le sujet trop ardu… ou trop sensible? Je lis présentement « un royaume d’olives et de cendres » où 26 écrivains se penchent sur les 50 ans de Territoires occupés. Cette lecture m’aidera, non seulement à enrichir ma compréhension du conflit, à fortifier mon penchant vi-à-vis les palestiniens si injustement traités, mais
aussi à dépasser mes réticences envers ces palestiniennes voilées alors que j’aime tellement l’allure et la modernité des israéliennes (non orthodoxes bien sûr).