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Sortir le vote

Gabriel Nadeau-Dubois le répète comme un mantra, dans plusieurs entrevues et même lorsqu’il rencontre des gens sur le terrain, Québec solidaire, avec 60% de ses membres à l’extérieur de la métropole, n’est plus un parti montréalais.

«On sait qu’on a des militants et militantes partout», mentionne le co-porte-parole en entretien pendant qu’on roulait vers Caplan en Gaspésie. «Ce qui nous surprend, ajoute-t-il, c’est la montée de la dernière année. On n’est pas encore le plus gros, mais on est le seul parti en croissance au Québec.»

Après deux jours sur la route avec le parti dans l’Est-du-Québec, j’ai vu des accueils enthousiastes et aussi avec beaucoup de gens. La microbrasserie « Le bien, le malt » de Rimouski débordait, et ce n’est pas image, plus personne ne pouvait entrer, lors du passage de l’équipe de Québec solidaire afin de soutenir la candidate locale, Carol-Ann Kack.

Dans Jean-Lesage, où je vis à Québec, je marche dans les rues de Limoilou et je peux voir des affiches du candidat solidaire, Sol Zanetti, ou du parti, sur les balcons, en plus de celles sur les poteaux. Ai-je besoin de dire que je n’en vois aucun des autres partis sur les balcons? Je ne sais pas si cela fera gagner Sol Zanetti, mais le seul parti qui semble avoir un engouement dans Jean-Lesage est Québec solidaire.

Mais l’engouement est-il suffisant? Entre le clientélisme des uns et les projets de société des autres, ce qui semble un bon casse-tête pour les partis politiques en 2018 est la fameuse expression «faire sortir le vote».

Le mouvement ouvert et citoyen lancé par QS permet, selon Gabriel Nadeau-Dubois, de «canaliser l’énergie de personnes qui ne sont pas intéressées par les structures de politiques classiques, qui sont des structures hiérarchiques et verticales, ne veulent pas être dans des réunions ou suivre des directives, mais changer le monde.»

Le parti veut permettre aux gens de s’impliquer de la manière dont ils veulent le faire, y compris entre les campagnes. «Ma génération est politisée, informée et impliquée, plus que d’autres générations, ajoute le député de Gouin, mais moins dans les institutions et plus dans une lutte, comme l’écologie, ou un mouvement comme #MeToo et le féminisme.»

Ce discours est mis en pratique. Souvent, comme pendant la rencontre à Rimouski, le député rappelle que si lui et Manon Massé étaient là pour jouer les rôles de porte-paroles nationaux, les meilleur.e.s porte-paroles locaux étaient ceux et celles présentes dans la salle, que toutes et tous pouvaient changer les résultats en donnant une heure, en parlant des idées du parti et que c’est de cette manière que leur candidate Carol-Ann Kack pourrait l’emporter à Rimouski.

Parti en croissance en membership. Engouement sur le terrain. Mouvement décentralisé. Mais ceci est-il suffisant pour faire sortir le vote?

«Faire sortir le vote est un immense défi!» admet sans hésitation Gabriel Nadeau-Dubois. «La baisse de lignes fixes complexifie la prise de contact», précise-t-il. Le parti utilise les réseaux sociaux, les textos et souhaite être présent sur les campus. Plus encore, cette année, Québec solidaire dépensera plus d’argent sur le web qu’à la télévision conventionnelle.

«C’est un nouveau monde pour rejoindre les jeunes, continue le solidaire. Juste entre mon élection partielle il y a un an et là, ça déjà beaucoup changé! On a des pistes, mais on n’a pas toutes les solutions.»

Une fois qu’on arrive à contacter l’électeur et l’électrice, comment les convaincre de voter? «Il faut rappeler l’importance du vote, souligne Gabriel Nadeau-Dubois, mais ce qui fonctionne mieux est la mobilisation sur des enjeux spécifiques» plus que le principe de la démocratie absolue. «Quand le taux des jeunes a augmenté la dernière fois? En 2012, parce qu’il y avait une lutte politique, un enjeu social.»

Et selon Québec solidaire, cet enjeu de 2018, cette «question de l’urne», c’est l’environnement.