La valse ne se termine jamais. Les pros-troisième-lien sortent un argument, il se fait démonter par des experts. Les pros-troisième-lien sortent alors un deuxième argument et des experts, des politiciens et des environnementalistes prennent du temps pour déconstruire ce nouvel argument. Puis un nouvel argument sort de nulle part, reprenant alors de l’énergie, encore, aux experts, etc.
Il y a toujours un nouvel argument. Le troisième lien est devenu une sorte de fin en soi et cette fin justifie tous les moyens. Et chaque fois, même si les études disent que c’est un mauvais projet, malgré la crise des changements climatiques, malgré les changements sociaux qu’il faut faire, c’est comme si le fardeau de la preuve était à sur le dos des expert.e.s et non sur celui des politicien.ne.s qui lancent des idées en l’air.
Plus le temps passe, et plus les arguments des gens pour le troisième lien ressemblent à ceux d’une personne qui veut juste gagner son point.
Ainsi, après le tourisme et la culture, permettre à des voitures de rouler serait rendu écologique, enfouir des lignes de haute tension serait rendu du développement durable. L’étalement urbain serait de la densification. Le développement économique de Montmagny dépendrait soudainement du troisième lien. Et ainsi de suite. Le truc, c’est que même si l’argument ne tient pas, il faut du temps et de l’énergie pour le démonter.
Un des récents arguments du nouveau gouvernement serait que pour amener le tramway (ou le réseau structurant de transport en commun) à Lévis, il faut un troisième lien. Impossible de permettre à Lévis de se connecter sans ce nouveau pont à l’Est selon la CAQ.
Pourtant, avant que le maire de Lévis ne se retire du projet du SRB, la connexion avec la Rive-Sud de Québec était possible, sans troisième lien. En annonçant le retrait de sa ville au projet, le maire de Lévis, Gilles Lehouiller, déclarait au printemps 2017 que le SRB coûtait trop cher pour les bénéfices de la région. Rien en lien avec les ponts – ou l’absence d’un pont. Les ponts n’étaient pas un problème.
C’est ainsi que le SRB est mort et qu’il a été transformé avec le projet de tramway que l’on connaît actuellement.
J’imagine que si le SRB pouvait se rendre à Lévis avec les deux ponts actuels, le tramway le pourrait aussi.
Il est curieux de voir le troisième lien comme un soudain élément essentiel pour qu’un tramway ou pour qu’un trambus ne se rende à Lévis. Pourquoi ferait-on passer le tramway là?
Le faire passer par un pont à l’Est serait pas mal contre-productif. L’énorme flux se trouve principalement entre le centre-ville de Québec et la Pointe-de-Ste-Foy, où l’ont veut construire Le Phare et où l’on trouve des centre d’achats, l’Université Laval, des cégeps, le CHUL et pas mal d’affaires.
Ce secteur de Ste-Foy est tellement développé que pour plusieurs, il compétitionne le centre-ville. Plusieurs personnes à Québec ne voient pas ce secteur comme une banlieue ou comme une première couronne de Québec.
Ça bouge tellement entre ce coin et St-Roch que deux lignes de Métrobus le parcourent continuellement, sans parler d’autres lignes qui s’y connectent en fin ou en début de parcours.
C’est loin d’être le cas, disons, à Beauport. En partie parce que le réseau de transport en commun n’y est pas optimal, mais ce secteur est loin d’avoir une vie économique, étudiante, culturelle et publique que l’on retrouve dans St-Roch, sur la Colline Parlementaire, dans Montcalm, dans St-Sacrement, sur le campus, et près des ponts actuels.
Même chose sur la Rive-Sud. St-Romuald, Charny et St-Nicolas ont grandement profité des ponts pour se développer, si bien que les deux tiers de la population de Lévis sont à l’ouest du centre-ville de Lévis, et non à Lauzon ou à l’Est… là où on veut faire ce troisième lien.
Pourquoi ferait-on passer le tramway ou le trambus par Beauport et Lauzon… alors que le gros de la circulation est dans un autre secteur des deux villes? Accès transports viables rappelle que 75% des déplacements interrives se font dans l’ouest de ces villes.
Il est certain qu’on ne peut connecter directement les centres-ville de Québec et de Lévis, mais créer des kilomètres de réseau via l’Est juste pour la connexion alors qu’il y a déjà une forte demande à l’ouest des deux villes… Ça me semble être du gaspillage d’argent et peu pragmatique.
Comme l’a dit Alexandre Turgeon du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale : «c’est comme si on avait voulu connecter Longueuil et le centre-ville de Montréal en passant par le pont Mercier! C’est un détour coûteux qui ne répond à aucune demande.» Ce serait un détour qui découragerait son utilisation.
Même si le troisième lien se fait, ce ne serait pas le bon passage pour connecter le tramway à Lévis.
Alors afin de faire en sorte que l’on favorise autant le troisième lien que le transport structurant, pourquoi ne pas faire ce lien entre Robert Bourassa et Taniata et faire en sorte que le transport collectif y passe et entrecoupe la ligne principale de tramway à l’intersection Laurier/U. Laval?
Ce lien étant au centre de l’agglomération aurait l’avantage d’aboutir justement entre la haute ville de Québec et l’est de Ste-Foy dans un pôle ou la concentration étudiante et les centres commerciaux/institutionnels se retrouvent.
La population de L’est de Lévis serait tentée de prendre ce pont au lieu de ceux qui se trouvent à l’extrême ouest alors que la population de l ‘ouest de Lévis utiliseraient les ponts actuels divisant par 2 le trafique actuel sur les ponts.
De plus, en y faisant transiter le transport collectif par ce nouveau lien, il serait plus central et rapide de l’utiliser pour les utilisateurs de la Rive Sud que le plan visant à faire transiter par transport collectifs les gens de la Rive Sud par les ponts de l’extrême ouest. ceci contribuerait à un transfert modal plus important de l’automobile vers le transport collectif.
Rendons nous à l’évidence, le pont de l’est est effectivement un non sens. Donnons nous la chance de regarder le lien du centre avec transport collectif. Tout le monde en sortira gagnant, la CAQ, la population, le maire de Québec et le maire de Lévis compris.
D’un point de vue de la circulation, ce lieu aurait plus de sens. Après, un pont a une énorme emprise sur le sol pour le connecter au réseau routier / ferroviaire. Ce n’est pas comme un viaduc qu’on emprunte en tournant le coin d’une rue. Cette emprise est parfois aussi longue que le pont en soi, si c’est pas plus. Ça nécessiterait probablement de détruire des zones résidentielles.
Je me demande aussi comment une telle infrastructure enjamberait les rivages, le cap n’étant pas si près du fleuve. Sur la rive-sud, c’est même un quartier qui est en bas de la falaise.
Ceci dit, il aurait intéressant que le bureau du troisième lien puisse l’étudier, pour justement voir les possibilités et impacts, mais le nouveau gouvernement semble bien l’avoir écarté des scénarios à étudier.
En effet. Je persiste à croire que ce lien est de loin le plus logique. J’ai posté ce commentaire sur le blogue de Québec urbain et sans surprise je me rend compte que les gens préfèrent aussi ce lien.
Ceci étant dit, on ne fait d’omelettes sans casser d’oeuf et le fait de le placer au centre possède des impacts certains. Mais si on compare à Jacques Cartier et Champlain à Montréal, ça ne peut pas être pire.
Il serait intéressant de faire un vox pop sur une plateforme qui permettrait de mettre en opposition les deux projets (celui du centre et celui de l’est). Je crois que nous serions surpris du résultat.
Dans le fond, la population de Québec est majoritairement pour le troisième lien afin de désengorger les ponts actuels. L’histoire ne dit pas cependant ils sont pour un pont plus centrés ou à l’est.
Vous connaissez une plateforme ou on pourrait exprimer ce type de vote au travers de la population?
Je pense que les gens veulent davantage ne plus être dans le trafic qu’un nouveau pont. Sauf qu’on présente un nouveau pont comme étant la solution, à tort, selon moi. Les gens sont prêts à appuyer n’importe quelle idée qui se présente comme une solution au trafic – mais qui permet de garder sa voiture.
Des plateformes pour faire des sondages en ligne, il y en a plusieurs, même Facebook le permet, après, d’avoir un bassin de répondant.e.s assez large pour avoir un échantillon crédible, c’est plus difficile.