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Le Maroc n’est pas une poubelle!

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Mon sac de poubelle aujourd’hui, il pèse à peine 1 kg.  Il ne contient aucun déchet toxique.  Je viens de le poster en direction de l’Italie à l’attention du ministre italien de l’environnement, Monsieur Gian Luca Galletti, avec un petit mot.

« Monsieur le Ministre,

Mon concierge est en colère et moi aussi. Prenez-vous le Maroc pour une poubelle ? Prenez-vous les marocains pour des cons ?

En tant que ministre de l’environnement, vous allez sûrement participer cet automne à la COP22 qui aura lieu à Marrakech.  Vous allez discuter et proposer des solutions pour sauver le monde de la pollution et des  graves impacts des changements climatiques sur l’environnement. Comment prendre au sérieux vos propos avec le geste que votre pays vient de poser envers mon pays ? ».

Les citoyens marocains ont appris avec stupéfaction qu’un bateau, en provenance d’Italie, portant 25 000 tonnes de déchets toxiques est arrivé au Maroc, au port de Jerf Lsfar.  Les déchets devraient être brûlés dans une cimenterie qui se situe entre Casablanca et Settat.

Sans doute, cette opération dangereuse a été autorisée par l’état marocain. La responsabilité revient donc au ministère des affaires étrangères, au Chef de gouvernement et à la ministre déléguée à l’environnement.

Je me demande au nom de qui et de quelle politique écologique ces autorisations ont été délivrées afin que l’Italie vienne brûler ses merdes sur notre territoire ?

Pas en mon nom ni au nom d’aucun marocain que je connais. Mon concierge à qui j’ai appris la nouvelle n’en revient pas. « On a de la difficulté à gérer nos propres merdes, s’il faut aussi s’occuper de celles des autres ».

En matière de changements climatiques, le Maroc est considéré par les experts de l’environnement comme un pays vulnérable.  Les pays du nord sont des pollueurs. Les pays du sud comme le Maroc subissent les abus de consommations énergétiques des pays du nord dont l’Italie est membre.

Après l’accord de Paris, lors de la COP21, le nord et le sud sont supposés former un tout solidaire contre la catastrophe écologique qui nous guette.  D’après les déclarations récente de la ministre marocaine déléguée à l’Environnement, Hakima El Haite « Le succès de la COP22 à Marrakech va dépendre de notre capacité à maintenir cette solidarité ». (Telquel 16 juin 2016).

À 5 mois du grand rendez-vous de Marrakech, l’Italie vient de poser un geste qui va à l’encontre de cette solidarité tant espérée.

Évidemment, la grande responsabilité de l’arrivée de ces déchets chez-nous (et d’autres déchets qui proviennent d’autres pays européens)  revient d’abord à l’État marocain.

La Ministre déléguée à l’Environnement doit se poser de sérieuses questions d’éthique.

« Madame la Ministre déléguée,

Au Journal l’Opinion, j’ai attiré dernièrement l’attention des autorités municipales de Rabat, sur un trou géant dans mon quartier, devenu depuis des années une source d’insécurité et une entrave à l’hygiène. Je me suis assuré, par un message Facebook, que le Maire de la capitale du Maroc, Monsieur Mohamed Sadiki, prenne connaissance de mon appel.  

Aucune réponse. Aucune réaction. Aucun accusé de reception.  

Par la présente, Madame la ministre déléguée, veuillez SVP, faire part de ma requête au Maire de Rabat et à ses autorités municipales.  Si possible de le faire avant que des  étrangers viennent y enfouir leurs déchets toxiques!

N’attendons pas qu’un pays du nord soit solidaire avec nous. Soyons solidaires d’abord avec nous-même. 

LA COP22 ne doit pas être juste une opération du marketing pour l’image du Maroc à l’étranger. 

Veuillez accepter, Madame, mes salutations distinguées ».

——

Suite: 1 juillet 2016:

Suite à la publication de mon billet «Le Maroc n’est pas une poubelle » dans lequel j’interpelle la ministre déléguée à l’environnement du Maroc, Madame Hakima El Haité, j’ai reçu une réponse privée de sa page Facebook:

« Bonjour Mohamed,

L’importation de ces déchets non dangereux est réalisée en conformité avec les dispositions de la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, de ses textes d’application et de celles de la convention de Bâle relative aux mouvements transfrontières des déchets que le Maroc a adopté en 1995.

Cordialement »

Je me suis permis de réagir:

« Merci Madame la Ministre pour la réponse. J’apprécie. Je me permet néanmoins de la commenter. Je m’en doutais bien que ces transferts de déchets sont faits en conformité avec des règles, dans le respect de la loi et des traités internationaux. Je leur oppose quand-même quelques questionnements d’éthique et de logique: 

Si ces déchets ne sont pas si dangereux, pourquoi ne sont-ils pas enfouis ou brûlés dans le pays qui les produit ? 

Quel effet aura t-il sur l’environnement et la santé des marocains, l’émanation de la fumée de ces déchets une fois brûlés ? 

À l’approche de la COP22, le Maroc procède à appliquer sa politique de zeromika (zéro sac de plastique). Cette politique ne peut-elle pas s’appliquer aussi sur l’importation des déchets extérieurs qui contiennent beaucoup de mika (plastiques) ? 

Je sais que les cimenteries qui importent ces déchets de l’extérieur du pays économisent beaucoup d’argent sur les combustibles. Les cimenteries n’auraient pas une responsabilité sociale ? Ne devraient-elles pas jouer leur rôle citoyen et participer à améliorer l’environnement des marocains ? 

Les autorités municipales au Maroc, sont-elles consultées avant l’autorisation d’entrer de ces déchets ? 

L’état marocain qui s’apprête à jouer un rôle important dans l’écologie du monde, en autorisant l’entrée de ces déchets, n’a t-il pas raté une bonne occasion pour affirmer son leadership en envoyant un message aux pays pollueurs du nord ? Je vous propose un slogan pour la COP22: « Fini le temps ou les pays du sud était les poubelles des pays du nord »

Bien à vous ».


Mise à jour: 3 juillet 2016:
Suite du dialogue avec la ministre déléguée à l’environnement, Madame Hakima El Haité. Toujours à travers sa page Facebook Hakima El Haité COP22.
« Bonjour Mohamed,
Cette opération est un test industriel préliminaire de co-incinération, en vue de développer une filière de production des RDF. On produit du RDF à partir de la fraction légère des déchets ménagers et constitués d’un mélange de certains plastiques, cartons, papiers ou textile.
Il s’agit d’une débouchée intéressante des déchets ménagers et les combustibles dérivés des déchets sont déjà utilisés par des cimenteries européennes et américaines depuis de nombreuses années déjà.
 
Par ailleurs lors de cette COP, le Maroc sera le porte-voix d’une Afrique émergente et de tous les pays du Sud, faibles émetteurs de C02 et pourtant premières victimes du réchauffement climatique.
 
Bien cordialement, »
« Bonjour Madame la Ministre,
 
Merci pour votre réponse.
 
Permettez-moi encore de vous poser d’autres questions:
 
Sans être un expert de la question des déchets et leur transformation en combustibles, puisque ailleurs en Europe et en Amérique cette façon de faire est déjà à l’épreuve pourquoi le Maroc ne procède pas à transformer ses propres déchets et à être le premier fournisseur de ses cimenteries..? Ce n’est pas les déchets qui manquent au Maroc.
 
Pourquoi le Maroc ne se donnerait pas une politique de triage des déchets ? Après 33 ans d’existence de votre ministère, cette politique serait la bienvenue. Est-elle déjà dans vos plans d’avenir ?
 
Vous savez bien que derrière le transfert des déchets, il y a aussi une question politique dans les rapports nord-sud. D’ailleurs, je m’étonne que l’opinion publique marocaine ne soit pas assez informée sur les impacts du transfert des déchets et leur utilisation comme combustibles.
 
Si ces opérations ne sont pas si dangereuses, beaucoup de citoyens aimeraient bien savoir dans les détails, en quoi recevoir 25 000 tonnes de déchets italiens ne seraient pas dangereux pour leur santé..?
 
Bien à vous et merci de l’attention accordée à mes questions ».

Mise à jour: 4 juillet 2016.

« Bonsoir Mohamed,

Cette opération de valorisation énergétique est réalisée en tant que test industriel préliminaire de co-incinération dans l’optique de développer une filière de production des RDF locaux à partir des déchets non dangereux et de limiter leur enfouissement. Le ministère n’a autorisé l’importation que des déchets type « RDF » qui sont des déchets non dangereux utilisés en tant que combustible de substitution à l’énergie fossile classique.

Bien cordialement, »

Réponse: cliquez ici.


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