Madame Hakima El Haité, Ministre déléguée à l’environnement du Maroc
Contrairement au Maire de Rabat et à ses autorités municipales qui ne réagissent toujours pas à mon billet « Morceau de paradis » attirant leur attention sur un trou géant devenu une poubelle à ciel ouvert, vous, vous avez pris la peine de répondre à un mon billet « Le Maroc n’est pas une poubelle ».
Dans cette lettre, je vous interpelle sur le danger que représente l’arrivée de 25 000 tonnes de déchets provenant d’Italie, destinés à l’incinération dans une de nos cimenteries.
En tant que citoyen marocain, j’apprécie qu’une ministre réponde à mes questions. Néanmoins, force est de constater que le dialogue que j’ai eu avec vous à travers trois correspondances s’avère plutôt de sourd et la langue que vous utilisez sent trop le plastique.
Mes questions sont pourtant claires et concrètes. Je crois qu’elles représentent l’inquiétude grandissante de l’opinion publique qui s’indigne de jour en jour face à ce cadeau empoisonné qui nous arrive juste avant une fête sacrée.
Vos réponses sont des phrases toutes faîtes et ne répondent jamais vraiment aux questions. Dois-je conclure que ce n’est pas vous qui répondez à mes questions..? Chez-vous la langue de bois aurait fait place à celle du plastique ?
La troisième réponse que vous m’avez adressée, n’est qu’un extrait de votre dernier communiqué de presse, dans laquel vous y insistez sur la non dangerosité des déchets importés. Pourtant des informations, de source fiables, circulent pour vous contredire.
La République italienne a déjà fait l’objet d’une poursuite en octobre 2014 de la Commission européenne pour avoir « manqué aux obligations qui incombent concernant la mise en décharge des déchets ».
Au Maroc comme ailleurs, l’incinération des déchets serait la principale source de dioxines dans l’air. À elle seule cette information devrait mettre en pratique le principe de précaution que nombre de pays du nord appliquent, notamment sur les ondes nocives qui proviennent d’antennes de télécommunication qu’on retrouve sur les toits d’un grand nombre d’immeubles dans les villes marocaines (Mais ça, c’est une autre histoire).
Votre ministère vient de mettre en vigueur la politique Zeromeka (zero plastique) que j’aurais aimé saluer s’il n’entrait pas en flagrante contradiction avec l’arrivée de ces déchets dont ont dit qu’ils sont accumulés depuis des années en Italie et attendaient qu’un pays du sud soit disponible pour les recevoir. Au risque de me répéter, Madame la Ministre, le Maroc n’est pas une poubelle.
Quand je pense que notre pays s’apprête à organiser un évènement d’envergure internationale, la COP22, qui va engager les générations futures, votre réaction et vos réponses à l’arrivée de ces déchets au Maroc, me trouble au plus haut point.
Dans le contexte actuel ou des pays du sud essayent de s’arracher aux dominations des pays du nord, vos réponses ne vont nullement dans le sens d’une libération.
En ce dernier jour de Ramadan 2016, si je retiens un point positif de ce scandale, c’est la réaction d’indignation de la société civile marocaine. Je suis heureux de voir que 25 000 tonnes de déchets provenant d’Italie ne sont pas passés inaperçus. Je souhaite néanmoins qu’ils n’arriveront jamais à leur destination.
Je m’attends de votre gouvernement à une décision urgente, la seule qui s’applique dans les circonstance, retourner ces déchets au pays qui les a produit.
Bien à vous!
J’appelle à une manifestation de grande envergure le plutôt possible, devant le Parlement de Rabat. Devant les tonnes de déchets qui nous arrivent d’ailleurs, un slogan s’impose: « Le Maroc n’est pas une poubelle ».
Après l’Italie, c’est au tour de la France apparemment de nous envoyer ces déchets. Devant la surdité du gouvernement devant l’indignation des citoyens, il reste un autre moyen pour mettre fin à cette tendance de faire du Maroc une poubelle, soyons très nombreux à le dire et le répéter haut et fort et d’une seule voix, « Le Maroc n’est pas une poubelle ».
Révoltés ou désabusés, floués ou filoutés, je-m’en-foutistes ou militants, Marocains ou d’ailleurs… fin de ramadan ou dents de requins, déchets durs, déchets mous et déchets dans l’trou — c’est plus des vacances, c’est un parcours du combattant, M. Lotfi !
Nonobstant…
Madame Hakima El Haité,
De l’autre côté de l’océan aussi, on trouve que c’est malpropre de la part de l’Italie de vous envoyer ses déchets ingérables.
Et on croit (on se trompe peut-être) que c’est une mauvaise idée de la part du Maroc de COP22 http://www.cop22-morocco.com/fr/ de salir son atmosphère et de « les incinérer près de la ville d’El Jadida (90 km au sud de Casablanca) ».
La quantité totale de déchets de la région de Naples qui attendent preneur(s) serait autour de 5 millions de tonnes !
Mme la Ministre, avez-vous l’intention d’en recevoir une partie au nom de votre pays?
LA TOTALITÉ ??
De concert avec le citoyen et chroniqueur de presse Mohamed Lotfi, moi, simple citoyen québécois (et donc un peu canadien), vieil amoureux du Maroc, je m’inquiète pour votre pays et pour vos concitoyen-nes….
Votre gouvernement vient de bannir les sacs de plastique par une loi — BRAVO, Mme El Haité, car j’imagine que vous y êtes pour quelque chose.
Mais comment l’ambassadrice de la Cop 22 que vous êtes peut-elle expliquer «vraiment» et sans sourciller le contrat d’importation de déchets conclu avec l’Italie?
Une simple affaire de gros sous? Des profits à la clé pour le Maroc? Pour tout le Maroc?
Je comprends l’intérêt des cimentiers dans cette affaire, mais ces déchets semblent être tout sauf de type RDF !!
Et quand sait à quel point la gestion des déchets dans la région de Naples a été entachée par des scandales hallucinants marqués JUSTEMENT pas le mélange d’ordures ménagères et de polluants parfois mortels — on a de quoi être inquiet pour les habitants de El Jadida, de Casablanca et au-delà.
200 associations marocaines vous exhortent à « rendre publique la Convention signée entre les cimentiers marocains et le ministère en charge de l’Environnement les autorisant à importer ces déchets.» (Jeune Afrique, 4 juil.)
À l’approche de Cop22, pouvez-vous ignorer cette demande?
Vue de l’autre côté de l’océan qui nous relie (ou presque, car je vis loin de la mer), cette histoire de Maroc-poubelle-du-Sud sent mauvais.
C’est regrettable, et j’espère pour les habitants de votre beau pays que vous dissiperez leurs craintes avec la célérité qui sied à une ministre de l’Environnement soucieuse de le protéger.
Avec tout mon respect,
MERCI Mr Bouchara 🙂