Tour d’horizon hip-hop instru : Un hype montréalais?
Portés par l’intérêt d’étiquettes, de journalistes et de promoteurs de spectacles américains, plusieurs producteurs hip-hop de Montréal s’imposent graduellement à l’échelle internationale. Si on ne peut pas encore parler d’un son montréalais unique, on peut toutefois souligner l’effervescence sans pareille de la scène hip-hop instrumentale d’ici.
Le producteur montréalais Tommy Kruise a construit son propre circuit de contacts à l’international, au lieu de restreindre ses efforts promotionnels à sa ville. Ses remix et son EP instrumental Memphis Confidential, paru l’an dernier, lui ont notamment valu de la visibilité sur les sites web Vice et Live For The Funk. Après un passage remarqué au festival texan SXSW au début de l’année, il a participé au réputé CMJ Music Marathon en octobre dernier. «J’ai donné trois ou quatre DJ sets vraiment cinglés pendant le festival, indique-t-il. Mon but maintenant, c’est d’aller vivre à New York. Je veux avoir une interaction plus directe avec les gens de là-bas.»
C’est pourtant en restant bien tranquillement chez sa mère que le jeune producteur High Klassified a été mis sous contrat sur la célèbre étiquette de disques américaine Fool’s Gold Records – qui a notamment sous son aile Danny Brown, Kavinsky et Duck Sauce. Son comparse du collectif Alaiz, Kaytranada, a lui aussi été recruté cette année par une étiquette américaine (HW&W Recordings). «Je crois que les États-Unis ont été trop exploités côté hip-hop et que c’est juste normal que l’attention se tourne peu à peu vers Montréal», analyse High Klassified.
L’union fait la force
Pour lui, le hype montréalais est directement relié aux soirées Art Beat, qui réunissent chaque mois une horde de producteurs locaux. «Grâce à ça, on dirait que la communauté a une vision plus ouverte et éclatée du hip-hop. Il n’y a plus de normes ou de styles: les producteurs font ce qu’ils veulent.» Même constatation du côté de Tommy Kruise: «Ce qui fait la beauté du mouvement, c’est le facteur communautaire. Les gens tripent à créer ensemble», ajoute-t-il.
Ce serait donc cette absence de barrières stylistiques qui éveillerait tranquillement la curiosité des Américains, notamment Pitchfork qui a souligné positivement la parution du dernier simple de Kaytranada, At All. «Notre scène commence à se faire reconnaître, avance Laurent K. Blais, fondateur du blog hip-hop montréalais 10kilos.us. Certains artistes comme High Klassified et Kaytranada ont profité de la plateforme des Art Beat pour se faire valoir à l’international.»
À l’heure actuelle, il est toutefois impossible de définir les bases d’un «son» montréalais – comme on pouvait en trouver un à Los Angeles il y a quelques années avec le hip-hop expérimental de l’étiquette Brainfeeder. «Depuis environ cinq ans, c’est presque impossible qu’une ville se démarque avec un son particulier, croit Tommy Kruise. Avec Internet, tout le monde peut s’approprier les styles des autres. Il n’y aura donc jamais de style montréalais défini puisqu’il va se faire copier à Los Angeles avant même de devenir populaire.»
Ce sera donc par l’entremise de certains représentants que le hip-hop instrumental de Montréal continuera de jaillir à l’international dans les prochaines années. Assez paradoxal pour une scène dont la pertinence réside dans le front commun.
quelqu’un devrait vraiment parler de Grand Buda !