Toast Dawg : Rester dans la game
Musique

Toast Dawg : Rester dans la game

Le producteur montréalais Toast Dawg emprunte de nouvelles avenues sur son plus récent EP Brazivilain. Après le rap sale de Traumaturges, les samples soul jazzy d’Atach Tatuq, la formule électro-pop de Payz Play et un premier EP solo plus expérimental, le vétéran hip-hop sonde le vaste terrain de la musique brésilienne.

Initié à la bossa par ses parents, Toast Dawg (alias DJ Naes) a été marqué par un voyage au Brésil qu’il a fait au début des années 2000. Tellement qu’il s’est mis à collectionner, empiler, triturer des dizaines et des dizaines d’échantillons de jazz-funk et rock psychédélique brésiliens. Occupé par différents projets, le musicien aura finalement attendu l’été dernier pour s’atteler avec plus de fermeté à la création d’un EP. «Toutes les maquettes que j’avais faites, je les ai jetées, révèle-t-il. J’ai profité de mes vacances familiales au chalet pour enregistrer des trucs. Je faisais des edit pendant les siestes des enfants.»

Deux mois et demi plus tard, Brazivilain était prêt. Seul hic: la longue file d’attente pour avoir un rendez-vous avec Ryan Morey, génie montréalais du mastering derrière les classiques Funeral d’Arcade Fire, Tigre et diesel de Galaxie et Deluxxx de son ancienne bande Atach Tatuq, notamment. «Quand il a écouté le EP la première fois, il m’a demandé si ça faisait longtemps que j’avais arrêté de faire du hip-hop», se rappelle Naes, sourire en coin. «Personnellement, j’ai encore l’impression de faire du hip-hop. C’est juste que je ne vois pas l’intérêt de répéter toujours la même recette.»

Un pionnier qui s’adapte

Cet entêtement à repousser ses limites musicales est justement ce qui fait sa renommée dans le milieu hip-hop de la province depuis plus d’une décennie. On cite d’ailleurs ses anciens projets comme des œuvres pionnières et préalables à l’édification de la garde actuelle menée par les Dead Obies, Alaclair Ensemble et cie. «Je suis content que ça fonctionne enfin. À l’époque, les gens étaient totalement désintéressés du rap québécois, dit-il, sans amertume. Tout est pas mal plus facile et accessible maintenant, surtout au niveau technologique. Avant, on devait attendre d’avoir fucking 20 000$ pour enregistrer un disque.»

Au lieu de jalouser cette nouvelle scène, Toast Dawg s’y adapte comme il peut, c’est-à-dire avec une famille et un emploi 9 à 5 qui lui prennent la majeure partie de son temps. «L’an passé, je voulais sortir un EP à chaque deux mois, mais je n’ai pas été capable… C’est quand même fatiguant de voir que tout le monde est dans la game et que toi t’es juste capable de sortir un petit truc par année.»

Objectif 2014: faire paraître plusieurs projets déjà enclenchés, dont un album remix de Brazivilain et des EP «sur la glace» en collaboration avec les rappeurs Egypto et Waahli (de Nomadic Massive). Le producteur de 35 ans vise également à enregistrer un autre album instrumental, cette fois-ci inspiré par la musique électro «d’espace» des années 60-70.  «Même si je travaille, j’ai l’impression de faire de la musique à temps plein. Au bureau, j’apporte mon laptop et je mixe en mangeant mon sandwich, même chose dans l’autobus…»

Comme quoi une simple réorganisation efficace de ses temps libres peut s’avérer bénéfique.

»»» Écoutez l’album Brazivilain sur voir.ca jusqu’au 24 janvier.

Lancement de Brazivilain ce vendredi 24 janvier à l’Inspecteur épingle.