Hänsel et Gretel : Relève sucrée
Emma Char et Frédérique Drolet, les interprètes d’Hänsel et Gretel, abordent les facettes populaires et survoltées de la plus récente production de l’Opéra de Montréal.
Rencontrée à quelques minutes d’une répétition devant médias, la soprano colorature Frédérique Drolet – portant quelques éléments de son costume de Gretel pour l’occasion – n’avait que de bons mots pour l’inclusion d’artiste de l’École nationale de cirque au sein de la distribution de cette refonte du classique d’Humperdinck signée Hugo Bélanger. «Ça ajoute beaucoup au spectacle», affirme-t-elle en faisant notamment référence aux scènes avec la sorcière et à celles où des contorsionnistes incarnent des sbires mi-enfants, mi-bonbons. «Leurs déplacements particuliers et leurs « mutations » en bonbons font en sorte que c’est très facile pour moi de jouer une Gretel apeurée en leur compagnie!», lance-t-elle en éclatant de rire. «Ça amène aussi une autre dynamique.»
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Selon Drolet, cette collaboration entre l’Opéra de Montréal, son atelier lyrique, l’École nationale de cirque, l’Orchestre métropolitain et l’École nationale de théâtre du Canada encourage autant un certain retour aux sources féérique qu’elle hisse la production jusqu’au statut de happening plutôt unique et qui, mine de rien, massifie l’opéra, voire le dépoussière. «Je crois que toute rencontre des arts élève la chose. Ça favorise des échanges, des mélanges; c’est une chimie spéciale! De plus, ça a un aspect de démocratisation, car ça permet de rejoindre les gens qui aiment le cirque, par exemple», fait-elle valoir en suscitant notamment le vieux cliché voulant que l’opéra soit un genre quand même «statique».
En fait, selon sa partenaire de scène, cet enjeu visuel est de plus en plus recherché.
Corps accords
Emma Char voit d’un bon œil plusieurs initiatives instaurées afin de rapprocher son art d’un public plus large, même si certaines d’entre elles viennent y injecter de nouveaux soucis. Les diffusions en haute définition du Metropolitan Opera de New York en salles de cinéma, par exemple, font en sorte que ses contemporains sont incroyablement conscients de l’aspect visuel de leurs performances, note-t-elle. «Plus que jamais, on veut vraiment que notre jeu – et notre apparence physique! – se distingue autant que le chant sur scène.» Quelques minutes plus tard, la mezzo-soprano – jointe au téléphone après une des dernières répétitions avant la levée du rideau – muse que «l’opéra est en accord avec les médias actuels et se fait plus visuel.»
Ainsi, toujours selon l’interprète de l’intrépide Hänsel, des productions à grand déploiement de la trempe d’Hänsel et Gretel pourraient être une «réponse» de l’opéra à l’offre culturelle du moment. «Avec l’accès facile à l’art et au divertissement en ligne, nous avons beaucoup de compétition pour capter l’attention des gens, et si les gens ne sont pas exposés à l’opéra, certains n’auront peut-être pas le réflexe d’y aller ou encore de s’y intéresser», déplore-t-elle avant de se faire plus optimiste en conclusion. «Je crois donc qu’on doit multiplier les efforts pour le faire connaître, pour stimuler l’intérêt autour!»
Les 22, 25, 27 et 29 mars à la salle Wilfrid-Pelletier
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