Carl-Éric Hudon : La route est longue
Après une éprouvante et infructueuse recherche d’étiquette de disques, l’auteur-compositeur-interprète Carl-Éric Hudon fait finalement paraître Nous étions jeunes, un troisième album aux arrangements dépouillés réalisé par Philippe B.
Enregistrées à l’automne 2012, les chansons de Nous étions jeunes déambulaient depuis longtemps dans la tête de leur créateur, également membre du duo pop punky Panache. «J’ai commencé à écrire l’album en 2010», raconte Carl-Éric Hudon. «J’ai pogné une petite déprime et j’ai tout lâché pour me concentrer sur Panache. Puis, j’ai rencontré Philippe B à l’Esco, après le GAMIQ 2011. Je lui ai demandé de réaliser mon disque, et il a accepté.»
Fort d’un album vif, sobre et moins alambiqué que son prédécesseur Contre le tien – Ananas Bongo Love, qui lui avait valu une nomination au Gala de l’ADISQ 2009, le chanteur cogne aux portes de plusieurs maisons de disques québécoises, malheureusement sans succès. «La recherche ne s’est pas fait de la manière que je l’aurais voulu», avoue-t-il. «À un moment donné, j’étais tellement tanné que je suis passé proche de sortir l’album sur mon Bandcamp sans le dire à personne. Je ne l’ai pas fait parce que je voulais lui donner la vie qu’il mérite.»
Décidé à partager son œuvre, Carl-Éric prend alors en main toutes les étapes de production, des relations de presse au booking en passant par la distribution. «Puisque c’est mon album, je pense être aussi efficace pour le vendre qu’une maison de disques plus ou moins motivée qui se contente du strict minimum», explique le musicien auparavant signé sur GSI Musique. «Si j’avais attendu un peu plus avant de le sortir, il aurait été périmé. Il y a plusieurs chansons là-dessus qui abordent des séparations avec lesquelles je n’ai plus le même rapport émotionnel.»
La touche B
Le côté personnel des textes est mis en valeur par la réalisation dépouillée de Philippe B, qui signe également la musique de Que dieu bénisse les marathoniennes. «Je suis arrivé en studio avec mes maquettes, qu’il a ensuite réarrangées et reconstruites», révèle Carl-Éric Hudon. «On avait des techniques de travail qui, au final, s’équilibraient et se complétaient. Alors que moi j’ai tendance à complexifier mes chansons, Philippe préfère plutôt enlever des couches au mix pour que ce soit le plus simple possible au niveau des arrangements.»
À mi-chemin entre une énergie accrocheuse à la Panache et un folk à fleur de peau plus personnel, Nous étions jeunes évoque tout particulièrement la nostalgie, autant dans son titre et ses références pop 60s assumées que dans sa mélancolie sous-jacente. «Nous étions jeunes, ça renvoie directement à des moments qu’on ne vivra plus jamais. Je vois le titre comme une affirmation réaliste, ouverte à l’interprétation de tous.»
Pour l’auteur-compositeur-interprète, ce titre renvoie également au bilan d’une carrière en dents de scie qui s’étend maintenant sur plus d’une décennie. «C’est sûr que si j’avais la chance de retourner dans le passé, j’irais peut-être y jouer mes cartes différemment pour voir si je peux finir millionnaire un jour», avoue-t-il, sans amertume. «Même s’il y a plein de gens qui me suivent depuis le début, j’aimerais bien qu’il y en ait encore plus qui s’intéressent à mes chansons. Rendu là, c’est vraiment une question de chance, et j’essaie d’y penser le moins possible.»
Nous étions jeunes et en écoute sur Voir.ca jusqu’au 29 avril.
Pour les fans montréalais: il y aura un 5 à 7 de lancement gratuit avec courte prestation le 30 avril au Divan orange.
L’album est également en précommande sur la page Bandcamp de l’artiste.