Angel Olsen : La femme derrière le rideau
Musique

Angel Olsen : La femme derrière le rideau

La sensation folk rock américaine Angel Olsen dévoile quelques artifices à l’approche de son prochain concert à Montréal.

Aperçue auparavant au sein de la formation accompagnant Bonnie Prince Billy, la guitariste Angel Olsen s’impose depuis le début des années 2010 à titre d’auteure-compositrice-interprète. Après des années de galère, l’artiste captait finalement l’attention du grand public en février dernier avec Burn Your Fire For No Witness, un second album déchirant et porté par un «buzz» contagieux. Après avoir séduit la gent blogue, la musique d’Olsen allait faire en sorte que le fameux magazine Spin lui consacre sa page frontispice de mars, coiffée du surtitre «La nouvelle voix du folk», rien de moins.

Angel, de son côté, garde la tête froide… ainsi que sa propension aux galères.

«C’était une tournée très plaisante… jusqu’au bris mécanique!», lance-t-elle d’emblée lorsque rejointe au téléphone il y a quelques semaines, au moment où elle se remettait d’une première tournée européenne en compagnie de son groupe. «On avait un concert de prévu dans le coin de Paris et, alors qu’on paquetait les instruments pour s’y rendre, la porte arrière de la camionnette nous est carrément restée entre les mains! On a tenté de la faire réparer rapidement, mais la plupart des mécaniciens rencontrés nous ont dit que ça serait plus long qu’on pourrait le croire… lorsqu’ils ne se moquaient pas carrément de nous. C’était… frustrant. On a donc loué une nouvelle camionnette et on a, surtout, perdu 24 heures à cause d’une portière. Sinon, c’était bien!»

Si la chanteuse préfère ne pas commenter l’engagement autour de sa participation à l’édition parisienne de Les Femmes s’en mêlent — «Si je me lance sur le féminisme, on va en parler toute la journée. Disons tout simplement que je respecte autant les musiciennes que les musiciens», tranche-t-elle — , celle-ci a peu de réserves lorsque vient le temps d’aborder son plus récent album (bien sûr!), mais aussi ses rouages.

Ce qui est inévitable

Premier constat : Angel Olsen ne fait pas dans la dentelle ni les compromis.

Si plusieurs de ses congénères avouent n’entendre que les défauts de leurs albums une fois l’œuvre dévoilée, la chanteuse de St Louis, elle, ne changerait pas un accord, ni un soupir ou une virgule à Burn Your Fire For No Witness. «Je ne changerais rien sur cet album! Lorsqu’on le terminait, je me disais “Même si je suis la seule satisfaite, ça me va!», lance-t-elle, fière.

Il en va de même pour les attentes l’entourant alors qu’un pan de l’industrie, du public et des médias l’encercle, leur attention happée par l’artiste. «Les attentes sont toujours hautes pour les musiciens alors je ne crois pas que la pression soit si différente maintenant. En ce qui me concerne, moi et mon style musical changerons au fil du temps et certaines personnes seront ravies par ça, d’autres non. C’est inévitable. Je préfère donc m’en tenir à foncer avec ce que j’ai : le groupe avec qui je m’amuse en concert et le matériel que j’ai : du matériel bien personnel».

«Personnel» avec des guillemets, plutôt.

L’intimité magnifiée

Si Angel Olsen n’hésite pas à lier ses concerts à une certaine forme de théâtre, la musicienne au passé nébuleux (outre la mention qu’elle a été adoptée, Olsen aborde rarement sa vie personnelle en entrevue) entretient un flou particulièrement artistique entre ses différents rôles.

Si l’interprète folk se veut théâtrale lors de prestations tanguant parfois vers la catharsis, l’auteure en elle se fait plus littéraire. «Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il y a de la “mise en scène”, mais, oui, il y a de “l’embellissement” très littéraire», avoue-t-elle, avant de glisser un «Il ne faut pas s’en faire!» amusé quand on cite certains propos durs de l’œuvre. «La plupart du temps, je dirais que les pièces demeurent personnelles, mais tout de même “magnifiées”. Les idées y sont donc exagérées. Ça marche dans tous les domaines artistiques, pourquoi pas en musique?»

Pourquoi pas, hein?

En concert le 8 mai au Il Motore. Détails, ici.