Dramatik : Art-thérapie
Musique

Dramatik : Art-thérapie

Presque cinq ans après le frappant récit autobiographique La boîte noire, le rappeur montréalais Dramatik prend le taureau par les cornes et propose Radiothérapie, un deuxième album solo à l’effet curatif.

Contrairement à beaucoup de ses confrères rappeurs, Dramatik a attendu d’avoir quelque chose à dire avant d’entrer en studio. Surtout, le vétéran de la scène hip-hop locale, également membre du trio culte Muzion, a attendu d’avoir fait la paix avec son passé. «J’avais des choses à régler avant d’enclencher le processus de guérison», explique-t-il, par rapport au concept général de l’album. «Sur La boîte noire, je racontais toute mon histoire: le crash de mon enfance, les centres d’accueil, la DPJ… Ma Radiothérapie, elle, devait servir à scanner tous mes bobos afin de cerner le problème. Pour ça, il fallait que je laisse le concept mûrir.»

Après quelques années d’écriture, de réflexion, de remises en question, le rappeur de Montréal-Nord donne vie aux chansons qui l’habitent. Résultat: un album dense et personnel qui évite l’anecdote plaintive et met de l’avant les textes sophistiqués du poète-rappeur, sans toutefois laisser de côté l’émotion et la mélodie.

Au centre de ce processus curatif se trouve le hip-hop  la véritable porte de sortie qui aura permis à Dramatik d’affronter ses démons. «C’est grâce au rap que je ne suis pas en prison, dans une gang de rue ou même mort», confie-t-il. «Je devais rendre hommage à cette musique-là.»

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L’habillage musical de Radiothérapie s’avère donc profondément enraciné dans les mouvances soul et jazz typiques de l’âge d’or du hip-hop. Un retour aux sources bien senti de la part d’un vétéran qui a pris le micro pour la première fois il y a 25 ans. «J’ai commencé le rap à la fin des années 1980, une époque presque oubliée de l’histoire du hip-hop québécois», indique-t-il. «Je suis l’un des seuls rappeurs encore actifs à l’avoir vécue et à pouvoir en témoigner.»

Retour vers le présent

La nostalgie assumée de l’enrobage et des références de l’œuvre ne vient en aucun cas compromettre sa résonance actuelle. Pour Do It, Dramatik s’est d’ailleurs joint à deux révélations locales: Jam et Freddy Gruesum. «C’est mon cœur d’enfant qui me maintient sur la scène rap. Si j’étais vraiment nostalgique, je me contenterais de partager des vieux vidéoclips sur Facebook. À la place, je collabore avec des jeunes. C’est le moment présent qui est important pour moi.»

Toujours prêt à relever de nouveaux défis, le rappeur a même risqué sa crédibilité en acceptant de prendre part au phénomène hip-hop québécois de l’heure l’an dernier: les joutes d’insultes a capella Word Up! Battles. En grande forme, il a finalement eu raison de son adversaire, l’irrévérencieux Loe Pesci. «Au secondaire, mon pire cauchemar c’était les exposés oraux», confie-t-il. «Par-dessus tout, je voulais savoir si un bègue pouvait faire un show a capella.»

C’est grâce à cette constante mise à l’épreuve que Dramatik évolue. C’est ce qui en fait, encore aujourd’hui, l’un des rappeurs les plus respectés au Québec.

Radiothérapie (7ième Ciel) disponible le 13 mai.

Lancement montréalais le 13 mai au Théâtre Plaza en formule 6 à 8 (gratuit).

7iemeciel.ca/dramatik/